À l’entame de notre propos du jour, nous tenons à situer les raisons qui nous ont motivées à écrire ce libre propos. Il faut souligner que nous avons suivi au jour le jour, et ce, durant des mois, deux (2) faits majeurs de l’actualité politique de notre pays. D’une part, la guerre des clans, entre les acteurs politiques Michel Menga M’essone et Alexandre Barro Chambrier, pour réclamer la paternité du parti RHM ; et d’autre part, l’élection pour la présidence de l’UN, entre les deux (2) clans : celui de Madame Paulette Missambo et celui de Paul Marie Gondjout. À cela, Il faut également ajouter les déclarations intempestives de certains acteurs politiques gabonais de la Diaspora, comme ceux résidents au Gabon, qui brillent plus par leur activisme sur Facebook, que par leur présence sur le terrain.

Comme nous le savons tous, l’une des caractéristiques de ce siècle est la prédominance sur la scène politique de « La guerre de l’image » au détriment de la « Guerre des idées » ; on peut d’ailleurs entendre ici et là : « Tu as regardé Facebook depuis le matin? », « Vas vite sur Facebook », « C’est grave, y’a un nouveau dossier sur Facebook » ; autant d’expressions qui ont pignon sur rue à Libreville, et qui font désormais partie de notre quotidien. Cela dit, Facebook est à la fois un réseau social (Plateforme de communication et de divertissement), mais aussi, le théâtre des rivalités de pouvoir entre acteurs politiques gabonais. Facebook demeure un instrument de puissance, car avec les réseaux sociaux, nous avons amorcé la transition du siècle, marqué par le passage de « La propagande » à « La Communication d’influence ». En une fraction de seconde, vous postez une image, une vidéo ou un message et vous êtes suivi à travers le monde entier. Il faut souligner en filigrane, que la présence des acteurs politiques gabonais sur Facebook, était moins importante que les activistes notamment ceux de la Diaspora, il y’a 6 ans. Aujourd’hui, nous observons que Facebook prend progressivement la place des médias traditionnels (Télévision, radio et presse), en matière d’exclusivité d’information, et jusqu’au point de se positionner comme un média officiel et institutionnel, devenant de ce fait, le canal de diffusion le plus influent à côté de WhatsApp, YouTube et Twitter. Au Gabon une information, une déclaration ou une bannière publicitaire postée sur Facebook par un acteur politique, aurait plus d’impact sur le plan médiatique que l’organisation d’un meeting, d’une causerie politique ou d’une action sur le terrain. Les Observateurs tout comme les Analystes politiques font l’amer constat que, certains acteurs politiques gabonais se préoccupent beaucoup plus de leur image médiatique et leur positionnement sur les réseaux sociaux au détriment de leur présence réelle sur le terrain. Il n’est pas rare de constater d’ailleurs qu’il y’a des Leaders politiques, comme les activistes de la Diaspora gabonaise, qui sont plus connus, disons-le, que sur les réseaux sociaux (Monde virtuel) que dans le monde réel, il suffit de poser la question à une ou deux personnes de l’intérieur du pays, à savoir par exemple : « si vous connaissez untel ? Ou avez-vous déjà entendu parler de la déclaration du week-end dernier faite par untel ? », la déception est souvent au rendez-vous, lorsque vous vous rendez compte que vos interlocuteurs vous répondent que : « celui-là c’est encore qui ? Il sort d’où ? Il est vraiment sérieux ? Je ne l’ai jamais vu ». A partir de ce moment, l’activisme de certains acteurs politiques est malheureusement considéré comme une simple action de communication sans aucun impact politique sur le terrain : on est tenté de dire qu’ils font plutôt le « buzz », au lieu de faire de la politique. Or, c’est le contraire qui devrait en réalité les préoccuper, c’est-à-dire miser sur leur présence sur le terrain, le contact avec les populations : ils devraient faire que du « terrain », et rien que le terrain.

Nous affirmons sans risque de nous tromper que certains d’entre eux font du suivisme et sont présents sur ce réseau social par effet de mode et non par stratégie. Et à la lecture de certaines publications, il nous arrive parfois de rigoler, car certains adoptent la posture des poètes, des Leaders spirituels, des artistes, des activistes, voire même, des comédiens ; suivez mon regard.
Il n’y a donc aucune stratégie digitale sous l’angle politique, en tenant compte du triptyque Politique-Information-Communication pour parler de Communication politique, ou encore Discours-Image-Positionnement, pour faire allusion à la Stratégie politique. On note malheureusement qu’une catégorie d’acteurs auraient choisi comme mode opératoire, la Communication digitale, en mettant malheureusement l’accent sur leur visibilité sur Facebook, sans tenir compte du message, du contexte et des enjeux du moment ; la conséquence logique de cette approche est le fait que l’image prend le dessus sur le message (Discours politique). Toute porte à croire, que ces derniers se préoccupent moins de leur vision et leur objectif stratégique et politique, ils mettent plus l’accent sur la communication de leur petite personne, et non sur leur posture d’acteurs politiques. Tel individu se rend dans un lieu de culte, aussitôt, il en fait une publication, sans toutefois, se poser la question du lien de sa publication et son engagement politique ; et, quel sera l’impact de cette publication pour tous ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux. Ce qui devrait préoccuper ces Leaders à notre avis, c’est de rester cohérent dans leur démarche, rester constant et maintenir surtout leur présence sur le terrain, ce qui n’est pas le cas pour la plupart, puisque ce qui compte, c’est plutôt le marketing de soi, la publicité sur Facebook, en un mot : le positionnement de leur image de marque sur les réseaux sociaux.

Au regard de ceux qui précède, nous sommes tentés de nous questionner de la manière suivante : Qu’est-ce qui explique ce changement de paradigme dans la compétition politique au Gabon ? Pourquoi les réseaux sociaux se substituent-ils aux médias traditionnels ? Ce déplacement de la Compétition politique du monde réel au monde virtuel, est-il un simple effet de mode ou une véritable stratégie de communication pour ces acteurs? Dans notre Libre propos du jour, nous nous limiterons à poser les jalons d’une réflexion qui fera l’objet d’autres publications. De ce fait, rappelons que les jeunes qui constituent aujourd’hui plus de 60% de la population nationale, quatre (4) sur dix (10) possèdent des smartphones, et sont très présents sur les réseaux sociaux. La génération Android ou Facebook passent plus de temps les yeux sur leurs téléphones portables, et regardent de moins en moins la télévision, de meme que la radio, ils ne l’écoutent que très peu. Certains jeunes, pour des raisons de divertissement restent un moment devant la télévision sans être capable de rester concentrés pendant une heure ; il n’est d’ailleurs pas rare, de voir des jeunes, qui, lorsqu’ils regardent un match de football ou qu’ils suivent un autre programme télé, ils restent tout de même accrochés à leur écran qu’au programme qu’ils sont entrain de suivre. Ils sont toujours à la quête de la dernière information, de la dernière mode, en un mot, ils recherchent la dernière exclusivité ; meeting, causeries ou grands rassemblements politiques les intéressent peu, à l’exception des jeunes politiquement engagés.

A ce niveau de notre propos, il faut le dire en toute objectivité, que communiquer sur Facebook pour certains acteurs politiques gabonais apparaît également à la fois comme un effet de mode et une stratégie de communication. Aujourd’hui, ceux qui sont plus futés font recours au Community manager et aux Conseillers en communication pour gérer de manière professionnelle leur page Facebook, en mettant l’accent sur deux (2) aspects importants, à savoir : le Management de la réputation (Image), et la rédaction du contenu (Texte).

C’est une évidence, tout le monde est connecté sur les réseaux sociaux, jeunes, comme adultes, et même les personnes du troisième âge. Ceci peut expliquer en partie pourquoi les acteurs politiques travaillent à maintenir leurs présences sur les réseaux sociaux, au lieu de se rendre sur le terrain comme cela était à la mode dans la décennie 1990.

Par ailleurs, communiquer sur les réseaux sociaux notamment Facebook apparaît également économique : animer un point de presse, faire une déclaration politique dans sa chambre ou son bureau et ensuite le publier sur Facebook en boostant sa page, est moins coûteux, au lieu d’organiser un Point ou une Conférence de presse dans les règles de l’art, c’est-à-dire, en procédant à la location d’une salle (pour ceux qui n’en disposent pas), et convier toute la presse nationale et internationale, ou encore faire une tournée sur le terrain pour présenter sa vision politique et son projet de société dans le cadre d’une élection législative par exemple. Toute compte fait, les acteurs politiques gabonais doivent comprendre qu’ils doivent être capables de gagner la bataille sur les deux (2) fronts, car nous pensons objectivement qu’il faut être présent dans le monde réel (Le terrain), et donc être en contact avec les populations ; mais également dans le monde virtuel (Facebook et autres réseaux sociaux). Ces deux (2) théâtres d’opérations contribuent à construire à la fois votre image, augmenter votre capital sympathie, et surtout, bâtir également votre aura et votre positionnement politique. Ces derniers doivent se servir du terrain pour poser les actions politique et Facebook pour rendre visible ces actions. Cela dit, Facebook doit tout simplement servir de relai à toutes les actions politiques et non constituer la finalité. Le terrain vous rendra crédible et vous donnera une certaine notoriété. Ce qui nous amène à affirmer qu’être présent uniquement sur les réseaux sociaux (Facebook), sans aucune présence sur le terrain ne fera jamais de vous un acteur politique majeur et influent, au contraire, on vous classera dans la catégorie des populistes, des plaisantins et des personnes peu crédibles.
En sus, faire des grandes déclarations sur Facebook c’est bien, mais être présent sur le terrain c’est encore mieux, car les populations de l’intérieur du pays vivent leurs réalités qui n’ont malheureusement rien à voir avec Facebook. Et comme nous le soulignions pendant les élections couplées Locales et Législatives de 2018 : « Aucune élection ne se gagne sur Facebook » ; et, pour conclure notre analyse du jour, nous rajoutons ce qui suit : « Le véritable théâtre de rivalité de pouvoir pour les acteurs politiques gabonais est, et demeurera le terrain ».

Par Francis Edgard SIMA MBA
Géopolitologue/Géostratège
Analyste politique
Consultant international MCCA.
Expert Stratégie/Prospective et Communication politique.