Lors de l’ouverture du colloque marquant la 14e Journée Africaine des Frontières, l’assistance a été édifiée par une présentation de la Commission Nationale des Frontières, qui a rappelé ses plus de 50 années d’existence. Les enjeux de l’exploitation illicite, du braconnage et de l’immigration clandestine, notamment au Cameroun, ont été mis en lumière par le Pr. Marc-Louis Ropivia. Ce dernier a également évoqué la frontière linéaire entre le Gabon et le Congo, la plus longue du pays, à la fois terrestre et maritime, dont la délimitation maritime reste incomplète.

Dans son exposé, le Pr. Ropivia a souligné l’importance de transformer les anciennes limites coloniales en véritables frontières postcoloniales, un défi crucial pour les gouvernements africains actuels. Il a insisté sur la nécessité de synergies bilatérales pour un bornage définitif des frontières gabonaises, rappelant que ces frontières, héritées de la colonisation, doivent maintenant être consolidées en tant que limites légitimes des États indépendants africains.

Le Pr. Serge Loungou, maître de conférences en géographie politique à l’université Omar Bongo, a quant à lui abordé la problématique éducative dans les marges frontalières du Gabon. Il a décrit ces marges comme des espaces de rupture où les caractéristiques du territoire changent au point de perdre leur sens et leur nature initiales. Le faible maillage en infrastructures de circulation et de communication dans ces zones représente une menace pour l’unité nationale, en raison de l’homogénéité identitaire avec les régions voisines et du contrôle citoyen affaibli par l’État national.

Les deux exposants

Les deux exposants Pr. Marc-Louis Ropivia et Pr. Serge Loungou

Les deux experts ont appelé à la modernisation de l’État pour mieux contrôler les territoires, à l’appropriation des frontières et à la relocalisation des capitales et des villes. Cette stratégie vise à résoudre la marginalité nationale et à rééquilibrer le développement du pays. En conclusion, leurs interventions ont mis en lumière l’urgence d’une gestion proactive et inclusive des frontières pour garantir la stabilité et le développement durable du Gabon.