Dans un contexte socio-politique et socio-économique particulièrement tendu, la Cour Constitutionnelle du Gabon se trouve à nouveau au cœur des critiques. Bien que n’étant pas véritablement responsable de la passivité reprochée à ses anciens dirigeants, en raison du principe de la séparation des pouvoirs, elle est souvent accusée, à tort ou à raison, de prendre des décisions favorables au pouvoir en place.

Les récentes vagues de critiques sont alimentées par un climat de repli identitaire et d’exclusion, ainsi que par la rétention de biens sociaux par des « profitosituationnistes » et opportunistes à cols blancs. Ces derniers seraient en contrôle quasi filial des rênes de la haute juridiction gabonaise.

L’arrivée au pouvoir du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a été saluée comme un acte de bravoure face à l’imposture qui prévalait dans la gouvernance du pays, suite à l’AVC du président en exercice en 2018. Cependant, la Cour Constitutionnelle, une des institutions les plus prestigieuses du pays, semble ne pas se conformer aux attentes de restauration instaurées par le pouvoir de transition.

Wilfried Okoumba, l’activiste et lanceur d’alerte gabonais le plus en vue du moment, a récemment dénoncé dans ses « lives » le climat de suspicion, de peur, de haine et d’exclusion qui règne au sein de cette institution, désormais livrée au sectarisme identitaire. Contrairement aux valeurs de respectabilité incarnées autrefois par les anciens dirigeants de l’institution, la Cour actuelle semble s’écarter des dispositions de solennité constitutive des normes.

Certains observateurs voient dans cette situation une tentative de nuire à l’action et à la respectabilité du pouvoir de transition, lequel prône l’unité et la cohésion nationale au-delà des divergences politiques et idéologiques.

Le débat reste ouvert, et il est clair que la Cour Constitutionnelle du Gabon devra trouver des moyens de restaurer la confiance du public et de s’aligner avec les aspirations de la transition en cours.

(Nous y reviendrons)