Par la rédaction de Convergence Afrique – 5 juillet 2025

C’est un tournant majeur pour la scène politique gabonaise. Ce 5 juillet, le Palais des Sports de Libreville s’est transformé en théâtre d’une mobilisation sans précédent. Des milliers de Gabonais ont répondu à l’appel du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, venus assister à la naissance officielle d’un nouveau parti présidentiel : l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB).

Dans une Libreville en effervescence, le lancement de l’UDB n’avait rien d’un simple événement politique. Il sonnait comme l’ancrage d’une vision : celle d’un « Gabon Nouveau », moteur d’un renouveau institutionnel et sociopolitique post-transition. À la tribune, Oligui Nguema, en habit sobre mais ton déterminé, a présenté les fondements de ce parti voulu «fédérateur, responsable et ancré dans les réalités nationales ».

Les cinq piliers d’un nouveau cap
Unité, Responsabilité, Dialogue, Patriotisme, Solidarité. Tels sont les cinq principes érigés en boussole idéologique pour guider l’action de l’UDB. Loin d’un simple slogan, ce socle est conçu comme une réponse aux défis structurels du pays : fragmentation politique, fatigue citoyenne, déficits de gouvernance et attentes sociales pressantes.

« Il est temps de bâtir un projet commun, ensemble, sans exclusion ni calculs de clans », a martelé le président, s’adressant à une audience mêlant cadres, jeunes, militaires et figures religieuses.

Si le général-président insiste sur la dimension inclusive du mouvement, c’est qu’il sait que la transition en cours est scrutée, tant à l’intérieur qu’au-delà des frontières.

Structurer le pouvoir, préparer l’avenir
Au-delà du symbole, la création de l’UDB marque une étape stratégique : celle de la structuration politique du pouvoir présidentiel dans un contexte de transition ouverte. Depuis son arrivée au pouvoir en août 2023, à la faveur d’un coup d’État qualifié de « rectification », Oligui Nguema avait jusqu’ici évité l’écueil de la politisation classique. Mais les signaux étaient là : la volonté d’inscrire sa gouvernance dans la durée.

Avec l’UDB, c’est désormais chose faite. Le parti se positionne comme bras politique du projet présidentiel, destiné à mobiliser les forces vives, tout en offrant un véhicule électoral pour les échéances futures, notamment la présidentielle prévue dans les prochains mois – sauf changement de calendrier.

Un pari d’équilibriste
Mais ce pari n’est pas sans risques. Sur le terrain, certaines voix s’interrogent : l’UDB sera-t-il un vrai creuset de débat démocratique ou une simple machine de soutien au chef de l’État ? La centralité de la figure du « Bâtisseur en Chef »  titre repris à plusieurs reprises lors de l’assemblée constitutive – laisse peu de doute sur l’orientation personnalisée du mouvement. D’autres craignent que la promesse de rupture ne se dilue dans les pratiques politiques héritées de l’ancien régime.

Néanmoins, à Libreville comme à l’intérieur du pays, l’engouement est palpable. Pour une jeunesse en quête de repères, l’UDB incarne peut-être l’opportunité d’un nouveau départ. Reste à voir si les paroles d’unité et de patriotisme sauront se traduire en réformes tangibles et en gouvernance exemplaire.

Le Gabon à la croisée des chemins
Avec ce nouveau chapitre, Brice Oligui Nguema réaffirme son ambition : celle de redéfinir les contours de l’État gabonais et de fédérer au-delà des clivages. L’Union Démocratique des Bâtisseurs ne sera pas simplement jugée à l’aune de ses discours, mais sur sa capacité à transformer l’espoir populaire en résultats concrets.

Le « Gabon Nouveau » est en marche. Mais entre volonté de rupture et nécessité de continuité, le chantier du Bâtisseur s’annonce aussi vaste qu’exigeant.