Le mercredi 6 novembre dernier, derrière l’école publique d’Okala, plusieurs mouvements associatifs gabonais se sont rassemblés pour manifester leur opposition au référendum constitutionnel prévu le 16 novembre prochain. Cette rencontre, qui a rassemblé des figures de la société civile et des organisations politiques, a donné lieu à une déclaration forte et sans équivoque : un appel à la population gabonaise pour voter « Non » à cette consultation populaire, qu’ils jugent contraire aux idéaux démocratiques du pays.

Les mouvements signataires de cet appel incluent des entités influentes telles que le Mouvement d’Émancipation Socialiste du Peuple (MESP), le Mouvement de Redressement National (Morena) dirigé par Thierry Ondo Assoumou, le Congrès des Citoyens Libres présidé par Daniel Mengara, le Rassemblement Pour le Peuple conduit par Jean Jacques Édou Okoue, ainsi que le Mouvement Gabon en Action de Steeve Ilah et les Bondocrates Africains sous la direction de Désiré Mounanga. Ensemble, ils forment la « Plateforme Référendum, je vote Non« , un collectif engagé en faveur de la souveraineté et de l’instauration d’un véritable État de droit au Gabon.

Les raisons de l’opposition au projet constitutionnel

Dans leur déclaration publique, les leaders de la plateforme ont exprimé leurs préoccupations face aux amendements proposés, qu’ils considèrent comme une menace pour la démocratie gabonaise. Le changement du mandat présidentiel de cinq ans à sept ans, prévu dans la nouvelle constitution, constitue selon eux une régression intolérable, mettant à mal le principe de l’alternance démocratique. Ils soulignent que cette mesure revient à renforcer le pouvoir exécutif, ce qui pourrait donner lieu à un régime « hyper-présidentiel », affaiblissant la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

L’article 69 du projet de constitution est particulièrement critiqué par la plateforme. Selon eux, cette disposition « sape les bases même de la démocratie », en permettant au président de la République de cumuler des prérogatives de chef d’État et de chef du gouvernement par la nomination d’une « personnalité de paille ». En permettant ainsi une concentration excessive de pouvoirs, cet article représente, selon les détracteurs, une atteinte grave à l’équilibre institutionnel du pays.

Dénonciation d’une « néocolonie sous tutelle »

Les membres de la plateforme dénoncent également ce qu’ils perçoivent comme une « illusion d’indépendance » entretenue par le projet constitutionnel. Ils accusent les rédacteurs de ce texte de cautionner un « mensonge d’État » en prétendant que le Gabon est pleinement souverain, alors que, selon eux, le pays reste sous influence étrangère, particulièrement celle de la France, à travers des accords de coopération qualifiés de « soumission ».

Un appel au sursaut citoyen pour un Gabon souverain et démocratique

Réunis derrière les principes de liberté, de justice et de souveraineté, les leaders de la plateforme appellent les Gabonais à un « choix de raison ». En votant « Non », ils espèrent susciter une prise de conscience collective et engager le pays dans une trajectoire de réelle indépendance et de consolidation de l’État de droit. « Chacun sera responsable du choix qu’il aura fait », ont-ils martelé, tout en soulignant que le « Non » au référendum reste, à leurs yeux, le choix le plus raisonnable pour un avenir démocratique et libre pour le Gabon.

Ainsi, les dés sont jetés pour cette consultation nationale qui, au-delà de la simple réforme constitutionnelle, interroge l’avenir démocratique et l’indépendance du Gabon face aux défis politiques de l’heure.

Beverly Richards Obono