La certitude n’est pas gabonaise semblent se dire les Gabonais résidant à l’étranger et ceux qui sont sortis de leur pays pour diverses raisons dont celles liées à la santé comme c’est le cas du député Bonaventure Nzigou Manfoumbi, actuellement coincé en Afrique du Sud, et ne sachant à quel saint se vouer pour obtenir des autorités sud- africaines qu’il regagne son pays.
Il a très certainement fallu que ce soit un élu du peuple qui ébruite l’affaire pour qu’elle soit prise au sérieux par les autorités gabonaises concernées par tout ce qui a trait à la présence en sol étranger de Gabonais.
Avec la crainte qui s’est emparée des populations étrangères en dehors de leur pays d’origine, parmi lesquelles celles qui ont émis le désir de regagner chez eux pour ne pas s’exposer au Coronavirus, certains ont, comme les Gabonais, cru en la bonne foi de leurs Gouvernements qui ont donné des assurances sur la gestion de leur rapatriement ou de leur prise en charge pendant la période que durera la crise sanitaire.
Ainsi, le Ministère gabonais des Affaires étrangères avait- il, comme pour anticiper sur l’option des secours multiformes à apporter aux compatriotes en difficulté hors du pays, notamment à cause de la fermeture des frontières, en mettant en place une opération de recensement.
Seulement, affirme- t- on, ce qui semble être fondé, le nombre de 522 retenu serait très en- deçà de la réalité, d’où l’on se demande dans quelles circonstances et dans quel intérêt ce recensement a- t- il été opéré, d’aucuns allant même jusqu’à s’interroger s’il n’y a pas derrière des fins pécuniaires.
Explications : il faut distinguer entre les Gabonais se trouvant à l’étranger pendant cette période de Covid-19, ceux qui y sont pour un bref séjour et qui échappent naturellement au contrôle des missions diplomatiques, ceux qui ont terminé leurs études et qui attendent la finalisation de la procédure de retour au bercail et ceux qui y sont en stage.
S’il peut paraître plus aisé d’assurer le retour de ceux présents dans des pays africains avec lesquels l’on peut plus aisément parvenir à des dérogations dans la gestion d’un tel dossier, concernant par exemple l’ouverture circonstancielle des frontières, la tâche s’annonce plus ardue avec ceux d’Europe, d’Asie ou d’Amérique. Quel qu’en soit le cas, le dénominateur commun est qu’ils sont tous Gabonais et qu’ils émettent tous le vœu de regagner la mère Patrie.
Le député Bonaventure Nzigou Manfoumbi est, peut-on donc dire, le porte- voix de ses compatriotes, aussi bien ceux dont le nom figure sur la liste des 522 que ceux qui n’y figurent pas. L’homme qui dit agir en tant qu’élu du peuple n’a pas son nom porté sur ladite liste.
Après les évènements de Lomé qualifiés par le Ministre des Affaires étrangères d’incompréhension, Libreville n’a pas donné des nouvelles à ses ressortissants. Selon certaines indiscrétions, les garanties données par le Ministre des Affaires étrangères concernant une éventuelle aide financière aux compatriotes avant même le discours du chef de l’Etat auraient été mal perçues par plusieurs membres du Gouvernement.
Non pas parce que l’idée ne rencontrait pas leur assentiment, mais parce qu’ils trouvaient la démarche solitaire du patron de la Diplomatie gabonaise assez osée, l’un des étudiants gabonais coincés au Togo s’en faisant sans concertation avec eux, l’écho lorsqu’il déclarait : « Le chef de l’Etat n’a même pas évoqué une seule ligne de cet aspect dans son discours ».
Si les 967 millions de francs CFA promis pour couvrir les besoins de ces Gabonais en difficulté à l’étranger sont décaissés, sont- ce seulement les 522 dont les noms figurent sur la liste détenue par les autorités, liste qui suscitent commentaires et doutes, qui en seront les bénéficiaires ou tiendra- t- on compte du fait que, parce que l’erreur est humaine, il faille que l’on la revoit pour qu’il n’y ait point de réclamations justifiées susceptibles de ternir la réputation de notre pays en général, de sa Diplomatie en particulier hors de nos frontières.
Car, cette liste des 522 est loin d’être exhaustive, à en croire des personnes qui méritent d’y figurer avec lesquelles nous avons échangé, y compris via les réseaux sociaux, au nombre desquelles celles qui disent n’avoir jamais été informées de la confection d’une telle liste. C’est tellement sérieux qu’on ne peut pas ne pas accorder de crédit à leur témoignage.
Voilà qui remet au goût du jour la légèreté dont est souvent accusé le Gouvernement dans la gestion des dossiers sensibles qui engagent par moments la vie des citoyens et la réputation de la République. La précipitation qui a prévalu lors de la confection de la liste des 522 n’a- t- elle pas été commandée à dessein ? Tellement le Covid-19 est devenu pour certains responsables véreux et intéressés, un prétexte pour s’en mettre plein les poches. Occasion, croient certains, d’échapper au ‘‘Scorpion’’.
Pour combien de temps ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que si cette affaire est prise à la légère et que cette opération est mal gérée, les conséquences immédiates sont de davantage creuser le fossé existant entre Gouvernants et Gouvernés au Gabon.
Il est donc temps de revoir les choses et de recenser en toute sérénité ces compatriotes au moyen d’un numéro vert, c’est d’ailleurs la mode, depuis Libreville et faire un travail minutieux de nature à ne léser personne.
Peu importe si le séjour de certains se prolonge dans les pays européens notamment où les dispositions prises par les autorités peuvent se traduire par une fermeture des frontières pour un temps avec l’Afrique. L’essentiel est que nous épargnions nos compatriotes des affres du Coronavirus en leur faisant parvenir de quoi leur permettre de résister aux exigences de la pandémie impitoyable.
S/gabonminute