Entreprise étatique en difficulté, la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII) a récemment tenu son conseil d’administration et son assemblée générale des actionnaires pour faire le point des activités dans un contexte de crise du à la pandémie du Covid-19. Outre les problématiques d’arrêté et d’approbation des comptes, ces assises ont été l’occasion de procéder à la revue des réalisations de la société, au réexamen de ses statuts qui comportent de nombreuses faiblesses et à la validation d’une stratégie de modernisation, de relance et de développement de l’Armement National de droit Public qui connait depuis plusieurs années des difficultés d’ordre structurel, financier, technique et social.

Le Directeur Général Carl Ngueba Boutoundou, et les membres du conseil d’administration de cette compagnie estiment, malgré ses nombreuses difficultés techniques, juridiques et financières, qu’un armement national de droit public réformé et refinancé présente un potentiel de profitabilité indéniable en raison de la forte demande en transport naval de personnes et de biens et du potentiel de croissance présenté par sa branche d’activités.
D’ailleurs, le conseil d’administration a souligné que pour redonner de la viabilité à cette société d’Etat, il faudra que des décisions courageuses soient prises en matière d’apurement des passifs, de modification de la structure de ses coûts et de bénéfice d’un accompagnement financier significatif. Sous-entendu que l’ensemble de ces actions constitue la clé d’un redémarrage autonome de la compagnie ou d’une attractivité en vue d’un partenariat public-privé.

Il s’agit donc pour les organes délibérants et les tutelles institutionnelles qu’elles représentent,d’opérer des choix pragmatiques, qui devraient lui permettre de se reformer profondément, et de créer les conditions juridiques pour une réelle compétitivité technique, économique et financière de l’armement national de droit public.

Au regard de la situation comptable décrite par le président du Conseil d’administration, Mme jacqueline Lekogho au sortir des travaux qu’elle a dirigé, sur la base des conclusions du Commissaire aux comptes de la compagnie « … au regard des capitaux propres inexistants… si des mesures urgentes ne sont pas prises, la compagnie ne peut plus fonctionner.»

C’est dire que le temps est compté car une prise de décision tardive compromettrait la subsistance de la mission de service public remplie par un opérateur d’Etat qui a un rôle de régulateur technique des prix dans le transport maritime et qui contribue de manière significative à la maitrise de l’inflation.

En termes d’axes de développement, ils portent sur les trois segments d’activités, à savoir le segment industriel avec le renforcement de l’axe fret et passagers Libreville-Port-Gentil. Ensuite, le segment international portant sur le cabotage maritime dans la sous-région CEMAC, enfin le segment touristique et de transport urbain portant sur trois grands domaines d’intervention : le développement du transport maritime urbain de passagers, d’une activité touristique de croisière courtes sur l’Estuaire et la mise en place d’une agence de voyages multimodale a large spectre.

A noter que durant la période 2013-2019, seuls deux conseils d’administration sur quatorze statutairement prévus et une assemblée générale constitutive des actionnaires se sont tenues. Depuis 2020 la compagnie semble renouer avec les bonnes pratiques et la légalité en matière de gouvernance d’entreprise.
Au final, de ces réunions pour tenter de sauver un paquebot en difficulté, il est ressorti qu’« aucune croissance n’est possible si les bateaux et la logistique portuaire sont inexistants ou totalement obsolètes. Toutefois l’amélioration de la gouvernance sans moyens de production est une gageure dans les secteurs économiques concurrentiels.