En 2015, Jean Pierre Raffarin, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac et baron de l’UMP disait: » lorsque j’ai vu que Nicolas Sarkozy avait perdu les avocats, les notaires, les médecins, les retraités et tous les autres groupes de professionnels qui constituaient l’électorat de base de la droite, j’ai compris qu’il avait déjà perdu l’élection présidentielle « .

C’est exactement la même chose avec le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Lorsque nous constatons comment la légèreté des collégiens du bord de mer et la pitoyable gouvernance d’Édith Cresson du Gabon ont réussi à coaliser toutes les personnes frustrées des deux grands ensembles politiques de notre pays, majorité et opposition, nous comprenons qu’Ali Bongo aura du mal à se maintenir au sommet de l’État.

A cela s’ajoute le divorce prononcé entre le pouvoir de Libreville et celui de Paris. Vouloir avec une arrogante insistance faire adhérer le Gabon au Commonwealth est pour Paris, plus qu’une simple provocation. C’est une véritable menace pour son leadership international qu’il n’est pas prêt de tolérer. De de Gaulle à Emmanuel Macron, seuls les modes opératoires des autorités françaises pour se faire respecter ont changé. Les principes gaullistes eux sont demeurés inchangés. Le mot d’ordre élyséen à toujours respecter est: « Tout pour la grandeur de la France ».
C’est dire que, si un pouvoir quelconque tente de s’égarer alors qu’il sait que Paris reste un bouclier sûr ou une caution crédible dans bien des domaines, la sanction ne se fera pas attendre. Le chef d’état imprudent se voit immédiatement livrer à la vindicte populaire. C’est tout le danger du succès lancé par la ville morte après le mouvement des casseroles et la confrontation entre l’église catholique et l’immaturité de ceux qui dictent la loi au palais présidentiel.

Toutes les fois où une décision ou une mesure réussira à mettre d’accord des gens dits politiquement ou socialement incompatibles, alors le pouvoir d’Ali Bongo devrait croire et prendre très au sérieux la nature et la dimension du danger encouru. Autrement dit, réussir à fédérer toutes les ethnies, tous les bords politiques et même toutes les religions est aux antipodes de l’ADN même du pouvoir des Bongo qui est basé, dit-on, sur le diviser pour mieux régner. Et ça, la France et les autres pays en tiennent compte pour agir.
De façon générale, l’opinion publique nationale pense ou accuse, à tort ou à raison, la France d’avoir toujours été au chevet du pouvoir des Bongo. Cette fois ci, le doute d’un isolement du pouvoir d’Ali Bongo n’est plus permis. L’instabilité en cours de maturation ne peut arranger les affaires de tous les partenaires du Gabon. Aussi, il est préférable d’isoler les éléments devenus sulfureux ou gênants.

Dans sa nouvelle dynamique internationale, le pays de De Gaulle montre bien qu’il refusera d’être la caution d’un pouvoir manipulé par des collégiens sans tenue réglementaire. A partir de cet instant et de ce constat, le combat politique à venir pourrait vraiment se jouer sans Ali Bongo Ondimba. Au 15 décembre, à moins de deux ans de la présidentielle, pas un seul signe ne montre que le président de la République prépare son « maintien » au pouvoir.

Le colère et la galère généralisées aux gens reconnus comme proches du pouvoir en place ont fini par convaincre plus d’un du véritable désir d’alternance à la présidence de la République. De toute évidence, un autre nom résonnera au sommet de l’État. C’est acté.

Par Télesphore Obame Ngomo