S’il est évident que tout salarié, à un certain âge, est appelé à se retirer du marché du travail, la retraite est ainsi perçue comme la période de vie d’un travailleur où, après s’être retiré de la vie active, continue de toucher régulièrement une somme d’argent à titre de pension. Le système de retraite est donc une procédure visant à garantir une retraite par la perception d’une pension (Caussat, 1992).

Généralement, il existe deux systèmes de retraite. D’une part, le système par répartition et d’autre part, le système par capitalisation.
S’agissant du système par répartition, le financement des caisses de retraite consiste à les alimenter par les cotisations basées sur les revenus professionnels de travailleurs en activité. Lesquelles servent au payement des pensions des retraités. Grace aux cotisations versées, les actifs acquièrent des droits qui leurs permettront de bénéficier d’une pension de retraite financer par les travailleurs de demain. C’est donc par principe, un système basé sur la solidarité intergénérationnelle (Baidane, 2020).

Pour ce qui est du système par capitalisation, il fonctionne sur le principe d’accumulation par les travailleurs d’un stock de capital qui servira à financer les pensions des mêmes travailleurs devenus retraités. C’est donc par principe un système d’épargne individuel basé sur d’autofinancement (Vincent, 2016).
D’une manière ou d’une autre, dans le système par répartition, les cotisations actuelles des salariés servent à financer les pensions des citoyens qui sont à la retraite à ce moment. Et dans le système par capitalisation, les salariés épargnent pour financer leur propre retraite le moment venu. Chacun est alors libre de décider quelle part de ses revenus il met de côté chaque mois et où il la place. Cette épargne peut se faire via son entreprise, auprès de sa banque ou d’un fonds de pension privé. Une fois à la retraite, on obtient alors l’argent issu de ce qu’on a épargné durant sa vie active.

Au Gabon, à l’instar de la majorité des pays de l’Afrique francophone, a opté pour un système par répartition. Toutefois, les déséquilibres générationnels constituent aujourd’hui l’une des faiblesses du système de retraite par répartition.
Ils peuvent se traduire par le vieillissement de la population, c’est à dire, le marché du travail de plus en plus occupé par des personnes âgées, ce qui déséquilibre le système de retraite par répartition étant basé comme nous le savons sur la solidarité intergénérationnelle. S’il est vrai que la question du vieillissement de la population peut être écartée au Gabon, l’accroissement du taux de chômage chez les jeunes quant à lui, se pose avec acuité et représente aujourd’hui un véritable problème pour l’équilibre du système de retraite par répartition.
Aussi, la mauvaise gouvernance associée aux problèmes de corruption et le clientélisme dans la gestion de nos caisses de sécurité sociale, peuvent aujourd’hui remettre en cause la soutenabilité du système par répartition.

A notre sens, cette problématique nécessite qu’on y accorde un intérêt particulier au regard des enjeux.
En revanche, il est souvent avancé que les pensions préfinancées isoleraient le problème des retraites de celui du vieillissement démographique alors que celles basées sur la capitalisation auraient en effet le mérite de permettre à chacun d’accumuler sur plusieurs années d’activité une épargne individuelle qui viendrait couvrir les besoins de l’automne de la vie (Tlaty, 2008).
Dans ces conditions, nul besoin d’une nouvelle génération pour financer les retraites dans la mesure où la capitalisation, du fait de son caractère individualiste, échapperait au déséquilibre démographique, elle créerait une sorte de découplage entre la réalité démographique d’une société et la santé financière de son système de retraite. C’est une panacée contre les chocs démographiques inhérents à la répartition (Bichot et Robinet, 2013).
Le système par capitalisation nous semble donc plus avantageux en ce sens qu’il présente un potentiel rendement plus important dû au fait que les actifs cotisent pour leur propre retraite et peuvent faire fructifier leur capital en bourse indépendamment des risques. Autrement dit, le rendement de la capitalisation dépend du taux d’intérêt auquel est placé l’argent, tandis que le rendement de la répartition est égal au taux de croissance de l’économie.
En effet, dans un système stabilisé qui prélève chaque année une part fixe du produit national brut, un retraité touche ce qu’il a versé pendant sa période d’activité augmenté de ce qu’a été la croissance entretemps. Le rendement des deux systèmes est donc égal lorsque le taux d’intérêt est égal au taux de croissance.

Ainsi, il y a des conditions empiriquement observées et théoriquement justifiées dans lesquelles le rendement du capital est systématiquement supérieur au taux de croissance de l’économie. Par conséquent, la capitalisation semble plus performante que la répartition, selon le critère de l’efficacité économique.

Par Rosny-Verlain BILEH-BI SIMA, Economiste, spécialiste des politiques de sécurité sociale.