Ce nouvel ouvrage paraît à point nommé.

Les espaces réservés aux archives dans certains Etats d’Afrique francophone, font davantage penser à des dépotoirs ou à des poubelles à ciel ouvert que l’on ne vide jamais.

La quasi-totalité des pays d’Afrique subsaharienne, dans leurs politiques publiques, n’ont guère mis en place des stratégies structurées, coordonnées et visionnaires de la gestion de leurs archives, y compris les archives universitaires ou celles relatives à leurs travaux de recherche. Dans un pays comme le Cameroun, que sont devenus les précieux travaux de l’Institut des Sciences Humaines (ISH) créée en 1979 et dissoute en 1990 sur l’autel des plans d’Ajustement Structurel ? Ils auraient dû être préservés et intégralement numérisés. Il n’est pas rare dans certaines universités en Afrique de recevoir comme papier d’emballage des documents administratifs ou des pages d’un travail de recherche, à l’exception de l’UCAD qui a fait de gros efforts en termes de numérisation de ses archives.

La recherche, comme la trajectoire historique des peuples sont faits de ruptures créatrices mais aussi de faits, d’idées et de savoirs thésaurisés qui éclairent le passé et balisent les voies de l’avenir. A un ancien Président de la Commission de l’Union Africain à qui je demandai s’il était possible d’éditer sa thèse de doctorat en économie du développement soutenue n 1973 à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, il confessa qu’il n’était même plus en possession d’un exemplaire ! Celle-ci est cependant archivée et numérisée à la Bibliothèque Nationale de France.

Dans la Révolution numérique en cours, les Etats africains ont dans ces archives des mines d’or dont ils auront besoin dans les prochaines décennies, voire les siècles prochains pour créer de précieux contenus qui auront pris de la valeur. Comment est-il possible pour un Etat de se projeter efficacement dans l’à-venir s’il n’a pas une connaissance précise de ce qu’il a été dans un passé récent ou lointain ?

Il est encore temps d’en prendre résolument conscience et de changer de cap.

AJM