Le football camerounais traverse une période de turbulences, marquée par des révélations choquantes et des controverses impliquant les figures de proue du sport national. Jérémy Njitap, président de la Synafoc (syndicat des joueurs de football), est accusé de manipulation d’opinions en publiant un baromètre des salaires des clubs du championnat professionnel sans préciser les obligations légales des clubs en matière de paiement des salaires.

Cette omission semble jeter une ombre sur les efforts de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) et de son président Samuel Eto’o, qui ont instauré des salaires minimums pour les joueurs et entraîneurs des différents championnats professionnels du pays.

Depuis l’avènement de Samuel Eto’o à la tête de la Fecafoot, une réforme essentielle a été mise en place : la conditionnalité des subventions versées aux clubs professionnels. Selon cette réforme, les clubs doivent payer les salaires de leurs joueurs pour recevoir des subventions. En cas de non-paiement, les subventions sont retenues et versées directement aux joueurs ayant porté plainte pour retard de salaire.

La Fecafoot a fixé les salaires minimums suivants :

Entraîneur MTN Élite One : 250 000 FCFA
Entraîneur MTN Élite Two : 150 000 FCFA
Joueur MTN Élite One : 200 000 FCFA
Joueur MTN Élite Two : 75 000 FCFA
Joueuse de Guinness Super League : 50 000 FCFA
Cependant, malgré ces efforts, la situation des arriérés de salaires dans le championnat professionnel reste préoccupante. Selon les données du Synafoc, plusieurs clubs de MTN Élite One et MTN Élite Two n’ont pas payé leurs joueurs depuis plusieurs mois, voire pas du tout pour certains.

Pour MTN Élite One, les clubs les plus en retard sont Apejes de Mfou et Avion FC Academy de Douala, avec 8 mois de salaires impayés. En MTN Élite Two, cinq clubs n’ont versé aucun salaire cette saison, à savoir Dragon FC de Yaoundé, Djiko FC, Yaoundé II, Renaissance FC et Eding Sport. À l’inverse, ISOHSA FC de Limbe se distingue comme le meilleur payeur de MTN Élite Two avec 5 salaires payés en 8 mois.

Ces retards de paiement soulèvent la question de la véritable nature du professionnalisme dans le football camerounais. Un sport est considéré professionnel lorsque ses pratiquants vivent de leur activité sportive. Or, les conditions actuelles semblent plutôt évoquer un système semi-professionnel, où les sportifs ne peuvent pas vivre exclusivement de leur passion en raison des salaires irréguliers et souvent insuffisants.

La Loi N° 2018/014 du 11 juillet 2018 sur l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives au Cameroun stipule que les clubs sportifs professionnels doivent rémunérer leurs sportifs. Cependant, la réalité montre un écart significatif entre la législation et sa mise en pratique.

L’avenir du football professionnel au Cameroun dépendra de la capacité des institutions à garantir le respect des règles et des droits des joueurs. Si Samuel Eto’o et la Fecafoot ont franchi une étape importante en établissant des salaires minimums et en conditionnant les subventions, il reste crucial de veiller à l’application stricte de ces mesures pour véritablement professionnaliser le football camerounais.