La ville de Ngouoni, nichée au cœur du Gabon, vient de voir l’inauguration d’un nouveau centre de santé du Samu Social, une initiative censée répondre aux besoins des populations locales. Pourtant, cette ouverture suscite une question brûlante : pourquoi un Samu Social dans une localité où le centre médical est déjà équipé d’installations modernes dignes d’un CHU, surpassant même certaines infrastructures de Libreville en matière de radiographie et de radiologie ?

Le centre médical de Ngouoni, avec son bloc opératoire ultra-moderne, semble être une référence en matière d’équipement. Cependant, cette façade de modernité cache une réalité préoccupante : l’absence de personnel médical qualifié pour faire fonctionner ces équipements. Pire encore, l’accès aux soins y est payant, une barrière insurmontable pour les habitants des dix villages environnants, souvent privés de moyens de locomotion et de ressources financières.

Le paradoxe est frappant. Un centre médical flambant neuf, capable de rivaliser avec les meilleurs établissements du pays, reste sous-utilisé en raison de l’absence de professionnels de santé et de médicaments. Les populations locales, qui doivent parfois parcourir de longues distances pour atteindre Ngouoni, se heurtent à un système où les soins sont inaccessibles faute de moyens.
C’est dans ce contexte que le Samu Social de Ngouoni prend tout son sens. Contrairement au centre médical, ce service apporte une réponse mobile et gratuite aux besoins de santé des habitants. En composant le 1488, les habitants peuvent désormais bénéficier de soins à domicile, sans avoir à se soucier des coûts ou de l’absence de personnel. Le Samu Social assure non seulement la mobilité des soins, mais il est aussi en lien direct avec les structures hospitalières pour les cas nécessitant une hospitalisation, garantissant ainsi un continuum de soins.
Cette initiative souligne également la vision du chef de l’État, qui met en lumière l’importance de l’accessibilité aux soins pour tous. Le Samu Social de Ngouoni ne se contente pas de combler les lacunes du système de santé local, il incarne une réponse adaptée aux réalités du terrain, où l’accessibilité et la gratuité des soins sont des enjeux cruciaux.

En fin de compte, l’ouverture de ce centre de santé social à Ngouoni pose une question fondamentale sur l’efficacité et la répartition des ressources sanitaires au Gabon. Pourquoi investir dans des infrastructures ultra-modernes si elles ne peuvent être pleinement exploitées ? Le Samu Social de Ngouoni apparaît alors non seulement comme une solution, mais aussi comme un révélateur des dysfonctionnements d’un système de santé qui peine encore à garantir l’accès aux soins pour tous.

Ulyss R