Libreville, le 2 octobre 2024 – Un an après sa sortie de prison, le citoyen gabonais et ancien syndicaliste Jean Rémy Yama a pris la parole lors d’une conférence de presse au quartier Louis dans le 1er arrondissement, pour exprimer son ressenti sur la situation socio-économique et politique actuelle du Gabon. Il a saisi cette occasion pour remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à sa libération après 18 mois de détention préventive qu’il qualifie d’abusive.

Jean Rémy Yama a vivement critiqué l’ancienne constitution gabonaise, déplorant l’accumulation des pouvoirs en une seule main, ce qui, selon lui, constituait une entrave majeure au développement de la démocratie. « La constitution ne peut se bâtir autour d’un individu. Cela mène à la dictature, une contradiction pour un État qui se revendique démocratique », a-t-il déclaré. Cette prise de position explique pourquoi il a fait partie des 11 parlementaires ayant rejeté l’ancienne constitution, estimant qu’elle nuisait aux principes fondamentaux d’un État de droit.

En ce qui concerne la nouvelle constitution en cours d’élaboration, Jean Rémy Yama appelle à la prudence. Il souligne que les Gabonais, après des années de tensions et de traumatismes, sont divisés quant à l’approbation de cette nouvelle loi fondamentale. « Certains disent oui de façon objective, d’autres disent non pour semer le doute », a-t-il observé, avant d’ajouter qu’il est essentiel de rester vigilant face aux opinions divergentes qui, sans raison valable, risquent de fragiliser l’unité nationale.

Son propre parcours a été marqué par des épreuves sous l’ancien régime : arrêté en 2020, il a également été radié de la fonction publique. Pour lui, ce temps passé à l’écart a été nécessaire pour se reconstruire, tant physiquement que moralement, et rétablir son honneur. Il reste toutefois sous le coup de trois affaires judiciaires, dont l’issue est toujours en attente. Accusé en juillet 2016 de trouble à l’ordre public, puis en 2022 d’abus de confiance et de détournement de biens publics, il est actuellement en liberté provisoire et attend que la justice gabonaise prenne des décisions justes et transparentes.

Jean Rémy Yama dénonce la situation dans les établissements pénitentiaires du pays, qu’il décrit comme étant dans un « état lamentable ». Ce constat l’a poussé à affirmer qu’il ne souhaite à personne de vivre cette expérience difficile. Sa situation personnelle reste aussi en suspens : malgré le rétablissement de son salaire en décembre 2023, il attend toujours un arrêté officiel qui annulerait celui de sa radiation.

Dans un appel vibrant, Yama exhorte les Gabonais à participer avec discernement et lucidité à la construction d’un véritable État de droit, basé sur la séparation des pouvoirs. Pour lui, le code électoral et la constitution doivent être les garants d’élections libres et transparentes. « Le Gabon traverse une période de transition cruciale, il est temps de faire mieux pour le bien du pays et de ses citoyens », a-t-il déclaré.

Défenseur des droits du peuple, Jean Rémy Yama réaffirme sa loyauté envers ses concitoyens, se déclarant toujours prêt à défendre leurs intérêts. « Le changement véritable, c’est tout ce qu’il faut au Gabon », conclut-il, appelant chacun à la sincérité et au sens des responsabilités pour bâtir un avenir plus juste.

Par Beverly Obono