Un différend autour du rejet de factures met en lumière des soupçons de mauvaise gestion et d’opacité dans l’administration locale

La ville de Koula-Moutou est secouée par une affaire insolite opposant le médecin-chef du Centre de santé urbain et le Trésor provincial. En cause, le rejet de plusieurs factures présentées par le centre de santé, une situation qui a conduit le praticien à saisir les juridictions judiciaires afin de faire la lumière sur la gestion des finances de son établissement.

Des tensions financières au cœur du conflit

Selon des sources locales, le médecin-chef reproche au Trésor provincial un manque de transparence dans les dépenses liées au fonctionnement du centre de santé urbain. Il dénonce notamment le rejet systématique de certaines factures, ce qui affecterait le bon fonctionnement de l’établissement. De son côté, le comptable public défend sa position en affirmant qu’il ne peut cautionner des pratiques jugées irrégulières. Il pointe du doigt des dépenses jugées illégitimes, des fournisseurs douteux ainsi que des embauches non validées par la hiérarchie.

Le conflit prend une tournure judiciaire, le médecin-chef ayant déposé plainte contre le Trésorier provincial auprès de la brigade de recherche de Koula-Moutou et de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite. Selon des observateurs avertis, cette plainte pourrait conduire à un examen approfondi des finances du centre de santé, notamment sur l’utilisation de plus de 13 millions de francs CFA alloués par l’État pour son fonctionnement.

Une gestion sous le feu des critiques

Après 14 ans à la tête de cette entité sanitaire, le médecin-chef a déjà pointé par le passé des blocages dans le règlement des prestations, impliquant notamment le service local de la CNAMGS et le Trésor public. Toutefois, son mode de gestion est également remis en question. Des syndicats s’inquiètent des conditions de travail précaires dans le centre de santé, qui connaît régulièrement des mouvements de grève pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.

Par ailleurs, le Trésorier provincial souligne certaines pratiques administratives discutables, notamment l’embauche de techniciens de surface sans validation hiérarchique, le paiement de factures suspectes et l’existence de missions fictives. Pour lui, ce bras de fer est une tentative de diabolisation visant à décrédibiliser son action, alors qu’il ne fait qu’appliquer les directives nationales en matière de rigueur et de transparence dans la gestion des fonds publics.

Une affaire aux implications plus larges

Ce conflit entre deux administrations locales met en lumière des enjeux plus larges de gouvernance et de transparence dans la gestion des finances publiques à Koula-Moutou. Si la plainte suit son cours, elle pourrait bien faire école et inciter d’autres services à plus de vigilance dans la gestion des budgets alloués.

L’affaire est donc à suivre de près, alors que les autorités judiciaires se penchent sur les faits et que la population s’interroge sur les véritables responsabilités de chacun dans cette situation qui ternit l’image des services publics locaux.

De notre envoyé spécial