Le président Rajoelina n’a jamais prononcé les propos qui lui sont prêtés.
À la loupe – Des propos prêtés au président malgache sont massivement relayés en ligne, laissant entendre que le pays va quitter l’OMS. Malgré des tensions et des désaccords ces dernières semaines, un tel départ n’est pourtant pas d’actualité.
Régulièrement accusée d’être sous l’influence des lobbies et d’agir à l’encontre du bien commun l’Organisation mondiale de la Santé est visée par de nombreuses rumeurs et accusations ces derniers mois. Des publications largement partagées en ligne indiquent d’ailleurs que le président Andry Rajoelina a pris une décision radicale : quitter purement et simplement l’OMS.
« Mon pays Madagascar QUITTE toutes les organisations ce soir et j’appelle les autres NATIONS AFRICAINES à faire de même »,aurait-il déclaré. Et d’ajouter:  « Personne ne nous empêchera d’aller de l’avant – ni un pays, ni une organisation. »
Aucune déclaration en ce sens
Pour vérifier ces allégations, qui se propagent sous diverses formes en ligne depuis quelques semaines,  l’AFP a joint la présidence malgache, qui réfute et « dément formellement toutes ces allégations ». Elle précise que « depuis le lancement du remède Covid-Organics, de nombreux propos ont été faussement attribués au Président Andry Rajoelina. Nous condamnons fermement ces fausses citations », a lancé la directrice de cabinet de la présidence,Lova Ranoramoro.
Le remède « Covid-Organics » mentionné ici est une forme de tisane à base d’artémisia. Mise au point à Madagascar, elle est vantée par le président Rajoelina et présentée comme efficace dans la prévention de la Covid-19. Les bienfaits de cette boisson, tout comme l’efficacité potentielle de l’artémisia qui la compose, n’ont pourtant pas été reconnus ni étudiés de manière scientifique.
L’OMS, face à la promotion active de ce « remède » et le don par Madagascar du « Covid-Organics » à d’autres pays africains, avait tenu à effectuer un rappel. « Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. Les Africains méritent d’utiliser des médicaments testés selon les normes qui s’appliquent aux médicaments fabriqués pour les populations du reste du monde. Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux. »
De simples tensions
Les mises en garde de l’OMS et la défiance relative affichée devant la trouvaille malgache ont pu créer des tensions du côté d’Antananarivo. « Le problème, c’est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde”, déclarait à la mi-mai le président Rajoelina. « Dans cette bataille, on veut freiner. On veut décourager, voire même nous interdire d’avancer ». Des critiques frontales et très claires qui n’ont pour autant pas entraîné un retrait de Madagascar de l’OMS. Aucune procédure de ce type n’a jusqu’à présent été lancée, et les autorités ont confirmé qu’une telle option n’était aujourd’hui pas d’actualité.
Il faut d’ailleurs soulignes, comme le rappelle l’AFP, qu’un récent échange s’est tenu entre la présidence malgache et la direction générale de l’OMS. Une discussion qui a permis de réfléchir à « comment travailler ensemble sur la recherche et le développement de thérapeutiques », a déclaré un responsable de l’organisation internationale. Désireuse d’accompagner la recherche et de ne fermer aucune porte pour trouver un remède au Covid-19, l’OMS souhaite ainsi épauler Madagascar pour que des essais rigoureux soient mis en place et permettent d’évaluer l’efficacité potentielle de l’artemisia.
En résumé, il est donc faux de prétendre que Madagascar va quitter l’OMS. Les propos prêtés au président malgache n’ont jamais été tenus par l’intéressé, et les derniers échanges entre le pays africain et l’organisation tendent à matérialiser un réchauffement des relations, quelques peu échaudées depuis le début de l’épidémie.
S/lci