La question vaut son pesant d’or. En interpellant tour à tour Martin Ndong Ntoutoume et son prédécesseur Ruben Ndzibe pour les mêmes motifs de malversation financière, le gouvernement gabonais prête désormais des idées à la communauté fang de l’Estuaire. Elle qui n’a pas oublié la fin il y’a quatre ans environ, et dans les mêmes circonstances, de Léon Ndong Nteme, un autre de leur fils.

La dernière vague d’arrestations qui a secoué Libreville en début de mois a ses particularités. Si le scénario en lui-même reste identique à celui qui sonna le clap de la fin à l’ère Brice Laccruche Alihanga et compagnie, la méthode n’a pas changé non plus. La gloire précède la chute. Aux premières heures, de folles rumeurs sur une probable arrêstation d’un tel ou d’un tel autre innondent la toile. Ensuite, les choses se précisent avant de s’accélérer d’une manière tout aussi cavalière et spectaculaire qu’est la justice gabonaise. C’est ce qui est arrivé le 11 septembre dernier à Martin Ndong Ntoutoume, du haut de son statut de Directeur Général de la marine marchande. Objet d’une enquête en sourdine depuis plusieurs mois à peine il a été nommé, ce cadre de l’administration pourtant très discret, a vu les choses se précipiter dans le mauvais sens pour lui.

Visiblement assuré de ce qu’il n’avait rien à cacher, et qu’il serait certaineme blanchi par les soupçons qui pèseraient contre lui, sans preuves, Martin Ndong Ntoutoume était tranquillement entrain de parfaire l’organisation de la cérémonie commémorative de l’achèvement de sa maison à Nkoltang, restée dix ans en traveaux.
Honorant de sa présence à Libreville pour un interrogatoire, il est surpris d’apprendre plus tard autour de 19h qu’il serait en état d’arrestation. À quel moment l’enquête a t-elle été menée et a abouti? Avec qui aurait-il été confronté dans ce dossier? Quelles sont les preuves indiscutables qui accablent ce prévénu?

À défaut d’apporter des réponses à ces quelques questions, on peut tout de même trouver curieux que tous les Directeurs Généraux récemment en poste dans cette direction de la marine marchande semblent miraculeusement frappés par la même malédiction. Tous sont subitement inculpés des mêmes malversations financières. On parle de 2 milliards de FCFA . De l’argent qui, très souvent, ne laisse malheureusement transparaître aucune traçabilité. Si peut-être les enquêteurs arrivent à en trouver, ces procédures laissent cependant le peuple avide de savoir et de justice sociale dans sa faim. Passée la période des arrestations dignes de scènes cinématographiques à la Hollywoodienne, la culpabilité avec obtention d’aveux clairs n’ont jamais été le côté fort de notre système judiciaire. Sur la base de simples soupçons basés sur par exemple la valeur d’une villa construite par le quidam qui occupe un poste à responsabilité, celui-ci passe de privilégié à bagnard sans même bénéficier de la présomption d’innocence. Martin Ndong Ntoutoume vient ainsi rallonger cette liste de personnalités issues de la province de l’Estuaire cavalièrement jetées en prison dans ces conditions.

Pourtant auréolé d’une certaine estime de la part de plusieurs de ses collaborateurs réunis au sein du syndicat national de la marine marchande (SYNAMM) qui le regrettent déjà, Martin Ndong Ntoutoume semble être victime une fois de plus, de cette spirale qui broie tous ceux qui arrivent à la marine marchande. Un poste curieusement reservé aux natifs de sa province et dont l’éviction, compétent ou pas, est toujours la même. Avec une santé des plus fragiles, il est à souhaiter que la rentrée judiciaire prévue cette semaine se tienne, afin que ces dossiers brûlants sur la table de plusieurs avocats soient évacués. Si tel n’était pas le cas, il serait à craindre qu’une grogne latente des cadres et notables de la première province du pays éclate en surface. Eux qui crient déjà au règlement des comptes contre les leurs par certains lobbies tapis dans les hautes sphères de l’État.

Nous y reviendrons!