1. Le 19 mai 2021, mon billet sarcastique titré « La banalisation du ridicule, l’art de gouverner à la gabonaise » toujours disponible sur ma page, s’étonnait de ce que le DG de la CNSS déclarait dans une interview, que son institution dépensait 32 milliards chaque trimestre alors qu’elle ne disposait dans le même temps que de 25 milliards de ressources, dévoilant un déficit budgétaire de 7 milliards durant la même période, soit 28 milliards chaque année. Un sacré pactole!

2. Si on cherchait encore jusque là les causes d’un tel déficit, en dépit des audits internes et externes commis chaque année et qui restent muets sur cette anomalie, nous venons d’en connaître la principale raison, à travers le niveau de rémunération qui est en vigueur à la CNSS. Ce n’est pas choquant, c’est scandaleux! Cette grille salariale, si elle est avérée, appelle des pouvoirs publics une réaction à la mesure de sa gravité.

3. La CNSS doit être purement et simplement réquisitionnée par la tutelle, à l’exemple de ce qu’a subi la SEEG, en vue de faire la lumière sur ce scandale, d’une part, et de jeter les bases d’une restructuration en profondeur, d’autre part. Parce que le document qui à circulé sur les réseaux sociaux ce week-end, est révélateur du banditisme institutionnem que nous décrivons et déplorons depuis de nombreuses années fabs ce pays et qui protège des triades mafieuses installées à la tête de nos entreprises parapubliques.

4. Que ceux qui seraient tentés de minimiser ces faits, parce qu’eux-mêmes emargent au rang des mêmes groupes mafieux dans d’autres secteurs, se ravisent car l’analyse minutieuse de cette simple page, met en relief une mine d’or d’informations gravissimes que ces petits esprits ne saisiront jamais. De quoi est il question au juste dans cette affaire? Il est question de constater que certains gabonais, ni mieux formés ni plus compétents et par consequent ni plus méritants que les autres, s’offrent en bandes organisées, avec l’argent du contribuable, des salaires de nababs tandis que les autres se contentent de salaires de misère.

5. Ce document explosif nous dévoile que 64 personnes, visiblement relevant d’un directoire pléthorique, coûtent mensuellement à la CNSS la rondelette somme de 171 676 245 CFA, soit environ 2 060 114 940 CFA annuellement. Si cela n’est pas assez choquant pour les plaisantins qui s’offusquent de la divulgation de ces salaires mirobolants, ils devraient s’indigner de constater qu’aucun de ces 65 salaires, ne correspond à aucun autre, chacun d’eux étant unique en son genre. Celà sous-entend qu’il n’y a aucune grille salariale officielle et que les salaires sont fixés au faciès et calculés à la petite semaine.

6. Doit-on croire qu’il n’y a pas de catégorie, pas de classe et pas d’indices qui soient communs à au moins 2 personnes? De même, les 65 salariés n’ont-ils pas de diplômes, d’ancienneté et tout autre élément de rémunération qui soient identiques à quelques uns d’entre eux? De ma modeste expérience dans l’administration privée, c’est la première fois qu’il m’est donné d’observer une telle distorsion de salaires entre tous les salariés d’une même entreprise. Il est évident que nous sommes face à un grand bidouillage qui ressemble fort bien à du copinage entre copains et coquins à la tête de la CNSS.

7. Si cette démonstration sur le calcul aléatoire et au faciès des rémunérations des cadres de la CNSS ne suffit toujours pas à convaincre les sceptiques, peut-être devraient-ils aussi s’intéresser aux patronymes qui composent cette « liste de privilégiés ». La grande majorité de ces patronymes est à consonance ethnocentriste et fait apparaître une préférence régionaliste clairement affichée. Mais « ce n’est pas dans ma bouche vous allez manger piment ».

8. Ce que je dirais en revanche avec force et vigueur, c’est que sur ces 65 noms, je n’ai vu que 3 noms pahoins. Deux de ces trois noms sont curieusement les plus petits salaires de cette liste. Je vois déjà les indignations hypocrites que va susciter cet aspect précis de mon post. Soit! Mais, au delà des passions, j’attends que ces indignés sélectifs m’expliquent comment dans un échantillon supposé être représentatif de la population gabonaise, la plus grande communauté linguistique est la moins représentée?

9. D’ailleurs, à moins de faire preuve de cessité volontaire, les autres grandes communautés hetniques peuvent faire le même constat. Si cette triste réalité est observable dans toutes les « ruches financières » de ce pays, il est dans le cas d’espèce d’une flagrante indécence. On est bien obligé de valider que les « niches financières » sont le domaine exclusif de certains gabonais. Cela renvoie à l’intolérable et inacceptable constatation d’une république non égalitaire, celle de la préférence ethnique et des privilèges.

10. Quoi qu’il en soit, les salaires de la CNSS tels qu’ils viennent d’être révélés sont scandaleux à plusieurs égards. (1) ils le sont parce qu’ils ne réflètent pas le rendement des agents qui demeure en deçà des standards les plus élémentaires. (2) Ils le sont parce qu’un établissement déficitaire de 7 milliards chaque trimestre, ne peut se permettre un tel niveau de rémunération. Ils le sont parce qu’ils sont en totale contradiction avec le plafonnement et le nivellement des salaires en république gabonaise. Enfin, sur un plan purement éthique et moral, ils sont scandaleux car aucun directoire d’un organisme de sécurité sociale ne peut impunément se payer à prix d’or alors que les retraités et autres ayant-droits peinent à bénéficier de leurs pensions et de leurs prestations. Il faut y mettre de l’ordre!

 (Le billet sarcastique de Serge Abslow)

SARCASTIQUEMENT VÔTRE!