La visite de Ségolène Royal dans notre pays, si on n’y prend garde, pourrait très vite se confondre à l’histoire de Tintin au Congo ou à l’affaire Kouchner et les millions d’euros pour un travail d’à peine dix pages.

Il faut le dire d’entrée de jeu, dans toute stratégie de communication, l’étude ou l’appréciation de l’opportunité de l’acte à poser reste un élément fondamental. Autrement dit, si on met entre parenthèses l’aspect lié à la pertinence du personnage choisi, Ségolène Royal, on peut toutefois se demander quel était l’écho recherché de sa visite dans notre pays? Le moment de ce périple qui n’appelle aucun commentaire était-il propice quand on voit bien que le Gabon vit au rythme de trois fortes actualités?
(1) La rentrée en vacances de nombreuses familles et les examens de fin d’année scolaire de milliers de gabonais cristallisent les attentions. (2) L’adhésion officielle et surprenante, naturellement sans enthousiasme populaire, du Gabon au Commonwealth et (3) les révélations graves du sulfureux dossier de la gestion des fonds covid-19.
Chacun de ces trois éléments précités captivent tellement le quotidien des gabonais que la visite de Ségolène Royal dans notre pays passe vraiment inaperçue. Ce qui est fort dommage si tant est que l’un des objectifs à atteindre était de gagner un centimètre d’estime du peuple gabonais ou de tenter de redorer l’image des acteurs concernés à l’international.

Réhabiliter une maternité, il faut le dire, reste une chose louable. Mais quel serait l’impact d’un tel geste lorsque de nombreux parents ne savent même pas comment ils devront gérer leurs enfants durant la période des vacances ? Protéger l’enfant qui va naître, il faut le reconnaître, est une chose honorable. Mais de nombreuses familles ne savent même pas quel sera l’avenir de leurs enfants après les examens de fin d’année scolaire. C’est dire que les priorités des gabonais sont ailleurs pour le moment et non dans des actions « humanitaires  » qui appellent discrétion et humilité.

La volonté des autorités gabonaises, notamment celles qui squattent le palais présidentiel et boudent la nouvelle donne politique parisienne, de voir le Gabon adhérer au Commonwealth n’a jamais faibli. Par conséquent, inviter une personnalité politique française, arrivée au second tour de l’élection présidentielle de 2007, au moment où l’adhésion du Gabon devient effective ne s’explique vraiment pas. Il y a indiscutablement une incohérence dans la démarche engagée qui cache mal d’autres réalités peu enviables. Nul doute que le temps saura nous en dire plus.
Aussi, on peut mieux apprécier le silence que fait régner Ségolène Royal sur ses différents réseaux sociaux, Twitter et autres. Elle n’évoque nullement son séjour en terre gabonaise. Une chose bien curieuse pour qui connait l’opportunisme qui caractérise cette dame lorsqu’elle doit vendre son image ou ses actions. Cet état de fait laisse alors la place aux interprétations les plus fouillées. Et l’histoire étant un éternel recommencement, cette situation étrange pourrait nous faire penser au fameux « travail », très critiqué en terme de qualité, de Bernard Kouchner dans notre pays. Nul doute que de grandes oreilles et des longues langues n’iront pas en vacances sur ce sujet.

Enfin, au moment où le rapport du cabinet Deloitte sur la gestion des fonds covid-19 alloués par le FMI fait état de graves incongruités, telle que la disparition non mystérieuse des fameux respirateurs qui auraient dû servir à sauver des vies, communiquer dans le domaine médical devient très risqué voire impertinent si cela ne répond pas à des réalités qui handicapent le vivre des gabonais.
En effet, face au scandale des révélations faites sur la gabegie qui caractérise désormais la gestion des fonds covid-19, toute autre action médico-sociale qui n’est pas de nature à corriger ce mal qui vaut des centaines de milliards de francs et des vies humaines perdues, aura du mal à convaincre et à trouver l’adhésion des gabonais.

On peut alors dire que la visite de Ségolène Royal au Gabon passe sous silence comme celui qu’elle fait régner elle-même. De plus, son profil n’est pas des plus vendeurs. Aujourd’hui, en France comme ailleurs, Ségolène Royal n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sur le plan politique, social ou écologique, elle n’est pas une référence particulière. Donc, chercher à illuminer ses actions en y associant cette dame ne répond à aucun succès envisageable.
C’est pourquoi cet acte se confond aisément à la venue de R. Kelly ou de Lionel Messi au Gabon. Elle ne va rien apporter de plus à notre pays sinon contenter un caprice inutile. Un véritable delirium coûteux qui ne rapporte rien à notre pays. La capitale gabonaise manque cruellement de couveuses. La villégiature de Ségolène Royal aurait peut-être eu un sens si on avait doté notre pays de milliers de ces objets vitaux. Mais hélas… C’est juste un Royal n’importe quoi qui continue de sévir au sommet de l’État. Bien heureusement, avec cette adhésion au Commonwealth on tend désormais vers la fin. C’est dit.

Par Télesphore Obame Ngomo