Un chien a mordu un homme. Cette action paraît cohérente et normale. D’aucuns diraient même, quoi de plus logique? Or, soutenir qu’un homme a mordu un chien. Là est le début d’une nécessaire et profonde réflexion. En effet, ainsi commençait le premier cours de communication politique. L’objectif du professeur était de montrer qu’en politique, c’est le fait anormal ou extraordinaire qui amène toujours l’individu à creuser afin de comprendre toute la partie non visible d’une stratégie élaborée ou en cours de réalisation.

En lisant les deux publications de Ngoyo Moussavou, l’observateur avisé ne peut que se poser un certain nombre de questions sur l’avenir politique de notre pays. Mais avant, il est important de savoir qui est Ngoyo Moussavou pour percevoir le caractère étrange et pertinent de ses deux dernières sorties publiques et politiques. Ngoyo Moussavou c’est (1) l’emblématique ou le mythique directeur général du principal quotidien national l’Union sous Omar Bongo Ondimba. (2) C’est un des membres les plus structurés du mouvement politiques des rénovateurs. (3) C’est un ancien collaborateur d’Omar Bongo Ondimba. (4) C’est un ancien ambassadeur du Gabon en France. (5) C’est l’époux d’un membre de l’actuelle équipe gouvernementale. C’est dire…
Dès qu’on connait le profil d’un tel personnage, on ne peut pas prendre à la légère ce qu’il livre comme publications ou comme messages. Ce d’autant plus qu’il n’est pas connu pour être un homme existant par décret ou à la tête déchirée.

Ngoyo Moussavou sait que lorsqu’on a occupé un certain nombre de fonctions, on s’applique de facto la philosophie qui dit « Celui qui sait ne parle pas. Celui qui parle, on devrait comprendre qu’en réalité il ne sait rien ». En sortant du bois une première fois, puis une deuxième, Ngoyo Moussavou mesure bien l’urgence de son action et du message à faire passer. On voit bien qu’il n’a nullement révélé une information liée à ses anciennes fonctions. Il a tout simplement, avec ses mots, sonné le tocsin face à la gravité de l’imposture qui règne actuellement au sommet de l’État.

Quand on a été premier responsable du principal quotidien national sous Omar Bongo Ondimba, puis ambassadeur du Gabon en France, on ne peut que jouir d’un réseau d’informations d’une densité insoupçonnable. Autrement dit, Ngoyo Moussavou aurait-il reçu le fameux feu orange si cher au général de Gaulle pour prévenir de la catastrophe politique qui se dessine sous nos yeux? En renchérissant suite à la riposte bancale des collégiens du bord de mer, Ngoyo Moussavou ne donnerait-il pas de l’épaisseur au proverbe qui dit « Quand un jeune insulte un vieux puissant, c’est qu’il y a un vieux plus puissant derrière lui qui assure ses arrières « ?
Sans rentrer dans le fond de ce qu’il a énoncé, son profil, sa nature et la forme de sa démarche ne peuvent qu’interpeller le citoyen avisé. L’arrogance et la suffisance qui lui ont été servies en guise de réponses aux problèmes posés constituent des éléments probants qui ont scellé le sort de ceux qui refusent de se remémorer ce qui est arrivé à Ben Ali en Tunisie.
Et Ngoyo Moussavou de crier, comme le grand Charles de Gaulle au général Massu à Baden Baden: « Tout est foutu ». Un message qui pourrait grandement contribuer à faire basculer la situation pendante de la vacance de la présidence de la République à la cour de cassation. De cet état de fait, c’est déjà la République qui (1) déstabilise ceux qui ont décidé de l’enculer comme cela avait été vulgairement dit à Ryad. (2) C’est le respect des principes démocratiques qui entend fragiliser les manœuvres obscures et les ambitions démesurées de gens qui n’ont pourtant jamais rien prouvé dans leur vie. (3) C’est enfin l’état de droit qui reprend ses pouvoirs en déboutant cette imposture arrogante devenue trop indigeste et trop dangereuse.

Finalement le mois de février pourrait ouvrir une nouvelle ère dans notre pays si le « Gabon d’abord » des pères fondateurs de notre République était sincèrement honoré. Ngoyo Moussavou, l’ancien ambassadeur du Gabon en France, a certainement été au bon endroit, au bon moment. En prenant la parole, ici et maintenant, il sait que l’heure de se transformer en Duc de Tallerand a bel et bien sonné. Il faut plus que jamais composer avec l’avenir et non le passé comme ont choisi de le faire les députés de la législature en cours en cachant le rapport d’enquête parlementaire qui condamne les moralisateurs voleurs de la République.

Emmanuel Macron a-t-il François Hollande? La réponse est non. Il a su percevoir un pouvoir à la traîne et alimenter son ambition politique. Résultat des courses, il préside la cinquième puissance mondiale. Les requins savent reconnaître l’odeur du sang. Et Ngoyo Moussavou s’est inscrit dans cette raison éclairée qui lui a déjà assuré sa survie politique. Beaucoup gagneraient à le suivre s’ils comptent résister à la vague en chemin. Le tocsin a bel et bien été sonné. Personne ne dira je n’ai pas entendu.

Par Télesphore Obame Ngomo