Alors que le renouvellement des instances de base du parti démocratique gabonais (PDG) seraient en gestation après la première vague intervenue au sommet en début de mois, les spéculations vont d’ores et déjà bon train. Des mécontentements sur fond de repositionnement aussi. Le cas de Ntoum, Chef-lieu du département du Como-Mondah est des plus édifiants.

À l’approche d’une élection présidentielle que le gouvernement actuel souhaite coupler avec les locales et les législatives, le parti démocratique gabonais (PDG) procède depuis quelques semaines à un réaménagement de ses troupes. Aussi bien au sein du gouvernement remanié le 8 mars dernier qu’au sommet de sa direction. En effet, le remplacement de toute l’équipe d’Eric Dodo Bounguendza à la tête du secrétariat général a immédiatement imposé un renouvellement depuis la base. Annoncé imminent, le temps que des consultations et autres derniers arrangements soient scellés.

NTOUM, un foyer de tensions?

La question vaut son pesant d’or. D’autant plus qu’il semblerait qu’au gré des assenssions, les soutiens politiques du nouveau leader semblent prompts à retourner leur veste, commencer à dénigrer celui qui tombe en disgrâce et tisser des lauriers au tout nouveau venu. « Au départ, tout le personnel politique de Ntoum est issu de l’école du regretté Casimir Oye Mba. Après son long règne sans partage de près de vingt ans, ceux en qui il avait mis toute sa confiance le quittèrent au profit de Julien Nkoghe Bekale dès 2009-2010. Julien ayant été récemment évincé après son passage à la primature, les mêmes se retrouvent aujourd’hui autour de Camélia Ntoutoume Leclercq qui monte en puissance. Ici à Ntoum, il n’y a pas forcément une transhumance en tant que telle. Mais plutôt une ingratitude qui ne dit pas son homme. Tellement les acteurs voltigent de leader en leader.», regrette un observateur de la vie politique locale.

Actuellement dans la localité, tous les débats tournent autour des imminentes nominations au sein du PDG. Fraîchement nommée ministre de l’éducation nationale, Camélia Ntoutoume épouse Leclercq entend imposer sa marque et jouer les premiers rôles. Autour d’elle, quelques anciens baroudeurs ayant pris leurs distances avec Julien Nkoghe Bekale. À ceux là, s’ajoute une jeune garde jugée pas très au fait des rouages de la politique sur le terrain. On y cite pèle mêle Aloïse Nguema Nze, Marc Ebe et Gabin Rispal Emore, entre autres. Ce serail, nous apprend t-on, constituerait l’épine dorsale de la fille de l’ancien maire de Libreville, Lubin Martial Ntoutoume Obame.

Risques avérés d’implosion.

Du côté de l’ancien premier ministre, on prône une certaine assurances quant à la reconduction de la plupart des hiérarques actuels du parti à Ntoum. «Nous sommes totalement sereins face aux agitations puérils d’une caste de gamins sans repères. Les plus hautes instances de notre parti ne sont pas sans savoir que l’implantation de celui-ci sur le terrain ici est le fruit d’un travail de termites. Il est le résultat d’un marquage individuel et grâce à un contact permanent entre un homme, ses équipes et la population. Cet homme c’est Julien. Les jeunes gagneraient donc à se rapprocher des anciens pour un travail efficient au seul service du distingué camarade président et non pas pour quelques petits postes et rôles à se partager entre copains ayant trimé à l’université ou au lycée.», assène un cadre du parti proche de l’ancien premier ministre.

En considération de la violence des attaques et contre-attaques lues ci et là par presses interposées, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les semaines et mois à venir s’annoncent très houleux et délicats pour l’avenir du PDG. Ces tensions rapportées de plusieurs fédérations à travers l’étendue du territoire national font craindre à certains observateurs que le PDG, du fait de ces guerres de positionnement en interne, fasse les frais d’autres appareils et forces politiques qui surgiront à l’approche de l’élection capitale qu’est la présidentielle. Car, comme le souligne un autre observateur averti, «Le dilemme de notre parti se trouve justement à ce niveau. Changer pour changer nous expose à trop de frustrations. Les nouveaux venus devant tirer profit du travail d’autres personnes parce que sans réelle maîtrise du terrain. Garder les choses en l’état n’augure pas non plus l’efficacité tant espérée. Certaines bases ayant fait la preuve de leur impuissance lors des dernières élections.Et bonjour l’implosion et l’émiettement des forces au profit de nos adversaires», martèle cet autre anonyme.