Jacques Pilhan disait: » Le citoyen, bombardé de messages, vit dans le bruit permanent des médias. En tant qu’homme public, si je parle souvent, je me confonds avec le bruit médiatique… ». Autrement dit, si l’on tente de se justifier face à des accusations mensongères ou farfelues produites dans et par le vacarme, personne n’entendra la pertinence de ce qui pourrait être dit.

Et Christiane Taubira, ministre de la justice, garde des sceaux de François Hollande l’avait bien exprimé, avec ses mots, au moment de sa démission après le débat houleux sur la déchéance de nationalité en France. Dans un échange vif et franc, elle répondait à son premier ministre Manuel Valls en lui disant:  » on ne se justifie pas et on ne démissionne pas dans le vacarme ».
Au tribunal de Libreville, afin d’entendre la version publique de Patrichi Tanassa sur les accusations portées contre lui, des centaines de gabonais avaient pris d’assaut la salle d’audience choisie pour la circonstance. C’est dire que tout ce qui a été dit est vérifiable, public et consigné dans un procès verbal que quiconque peut consulter à foison.

Nous avons tous vu et entendu Patrichi Tanassa. L’ancien directeur général de la Gabon Oil Company (GOC), sans sourciller et sans aucune peur au ventre, a clairement accusé l’épouse d’Ali Bongo Ondimba, Sylvia Bongo Ondimba et leur fils aîné, Noureddine Bongo Valentin, de complicité de détournement de fonds publics si tant est que c’est ainsi que le ministère public qualifie ce qui lui est reproché.
En effet, les sommes astronomiques décaissées qui auraient pu servir à réellement développer le Gabon l’ont été à la demande des accusés cités pour payer leurs differents prestations ou prestataires. Si cette information n’est pas démentie de manière sérieuse et crédible, alors l’opprobre ne quittera plus les accusés et leurs actions dites ou voulues humanitaires ne seraient que du grand foutage de gueule.

Aussi, ne pouvant supporter une telle pression qui vient tuer l’image « angélique  » qu’on veut donner aux actions de la première dame, les officines ou cabinets noirs du bord de mer ont préféré utiliser une technique bien connue, chère à Charles Pasqua et aux manipulateurs de la petite semaine,  » tenter de créer une affaire dans l’affaire « .
Hélas, les oreilles au tribunal étaient trop nombreuses pour que certains esprits malveillants, en panne de riposte intelligente, veuillent publiquement tronquer la vérité sans enfoncer la première dame et son fils Noureddine. Surtout qu’on n’applique pas ce type de méthode tordue face à des professionnels de la communication qui ont fait leurs preuves.

Donc, malgré l’infographie mielleuse servie mais ô combien trompeuse, parce que mensongère, de l’infographe du palais présidentiel qui a circulé sur les differents patrons de presse craints, l’opinion publique nationale et internationale retiendra que des accusés spéciaux ou leurs conseils ne se sont pas présentés à la barre pour se justifier. Quelle image veut-on alors que le monde entier ait de la justice de notre pays? Quelle image les gabonais et les diplomates accrédités dans notre pays auront désormais des intéressés?
A ce niveau, on se demande si Ségolène Royal, en refusant de communiquer sur sa visite humanitaire à Bifoun n’avait pas déjà eu vent de la boule puante qui guettait la famille présidentielle visitée. Un tel scandale l’aurait naturellement confondu aux déclarations boueuses de Patrichi car, les méthodes demeurent même si les hommes changent.
En ouvrant un front inutile et suicidaire contre la presse, on comprend bien que les acteurs des cabinets noirs du bord de mer n’ont pas lu Michel Rocard, cette éminence grise que la France a eu. L’ancien premier ministre de François Mitterrand disait: » nul ne peut gagner un combat contre la presse ». En d’autres mots, en optant pour cette stratégie hasardeuse, c’est plutôt le procès de la première dame et de son fils que ces inconscients ont décidé de rendre interminable. Et nous y veillerons…
Les patrons de presse cités dans le tract publié n’agiront pas comme Valéry Giscard d’Estaing dans l’affaire des diamants. En voulant prendre de la hauteur, dans un univers qui a sa morale et ses codes, résumé dans la phrase restée célèbre  » il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison », c’est finalement sa carrière politique qui s’est arrêtée.

Nourris de cette expérience, les patrons de presse, lâchement salis, ont décidé d’opter pour une démarche si chère au général Alioune Iba-ba : » toujours parler aux gens le langage qu’ils comprennent « . En d’autres termes, sans tomber dans les bassesses des boules puantes, inadmissible quand tout démontre qu’elles viennent de gens incompétents et vicieux au sommet, nous servirons aux auteurs imprudents de cette faute ce feuilleton judiciaire qui ne prendra fin qu’après l’élection présidentielle de 2023.
Cette manière de faire intelligente et calme avait permis à Nicolas Sarkozy de terrasser l’héritier politique de Jacques Chirac, Dominique de Villepin. C’est ainsi qu’il avait réussi à accrocher à un croc de boucher la carrière politique de ce redoutable rival qui avait monté de toutes pièces l’affaire Clearstream.

C’est pourquoi nous répétons : à quand les accusés spéciaux à la barre? Tant qu’ils n’auront pas arpenté les couloirs du tribunal de Libreville pour prouver leur innocence, ce silence ou cette attitude restera comme une tâche indélébile qui discréditera toutes les actions dites angéliques réalisées. La première dame et son fils Noureddine Bongo Valentin ne pourront que s’en prendre aux âmes malveillantes de leur entourage qui ont pensé bien faire en attaquant maladroitement la presse libre.

Par Télesphore Obame Ngomo