Présidée par Mme Rose Christiane OSSOUKA RAPONDA, Premier Ministre du Gabon, représentant Personnel du Chef de l’Etat son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, l’ouverture des travaux des états Généraux de la Communauté, le mardi 30 août 2022, a revêtu tout le caractère Solennel dû à l’importance de ses assises.

Dans son allocution de circonstance, le Pr Daniel Ona Ondo, Président de la commission a dès l’abord exprimé sa gratitude au Président du Gabon Son Excellence Ali Bongo ONDIMBA, au Gouvernement et au peuple Gabonais pour la chaleur de leur accueil dans la cité capitale Libreville. Il a par la suite précisé le choix symbolique de Libreville n’est pas fortuit. Tout simplement parce que le Gabon a toujours occupé une place de choix dans la CEMAC, celle que lui confère la longue tradition d’hospitalité ainsi que son rôle éminent en matière d’intégration de l’Afrique Centrale.

La déférente gratitude au Président en exercice de la CEMAC, S.E.M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, pour sa constante sollicitude à l’égard des institutions communautaires,  « sollicitude que nous recevons comme une marque de confiance, mais aussi et surtout comme une invitation à être toujours plus ambitieux, toujours plus déterminés » ; a-t-il souligné.

Le numéro un de la commission de la CEMAC a par la suite planté le décor en indiquant pourquoi l’organisation des états Généraux de la Communauté en répondant : « Nous devons agir pour notre Communauté et pour son avenir jusqu’au dernier quart d’heure de nos mandats respectifs. Tant qu’il y aura des avancées possibles à réaliser, des actes utiles à poser, nous devons nous engager, et nous le devons aux ressortissants de la CEMAC. En d’autres termes, il revient à chacun d’entre nous ici présents, d’imaginer, de concevoir, de dessiner les contours de la CEMAC que nous voulons léguer, demain, à ceux qui nous succèderont. Il s’agit d’une responsabilité historique à l’égard des générations à venir ! Cela ne veut pas dire que nous avons attendu jusqu’ici pour y penser. En réalité, beaucoup a été fait dans ce sens tout au long de notre mandature, depuis bientôt cinq ans».

Il a aussi relevé qu’ « Une volonté abstraite ne saurait suffire, même couplée à l’engagement et au soutien déterminé des États membres. Pour fortifier notre appartenance à la CEMAC, pour conforter son devenir, il est utile que nous concevions des idées pratiques, que nous posions des actes concrets, et qu’à cet effet nous réfléchissions entre nous, que nous débattions entre ressortissants d’une Communauté persuadée de son évolution et convaincue de son avenir. Car, entre le passé où sont nos souvenirs et l’avenir où sont nos espérances, il y a le présent où sont nos devoirs. Et nous avons incontestablement le devoir de préparer le rayonnement de la CEMAC de demain, en contribuant, dans le cadre des présentes assises, à scruter, à apprécier et, s’il le faut, à repenser la stratégie de la mise en œuvre des missions de notre Organisation commune afin de la rendre plus apte à répondre à sa vocation d’intégration ».

Objectifs des Etats généraux de la Communauté

Le Pr Daniel ONA ONDO n’est pas passé par quatre chemins pour préciser avec emphase que « Les objectifs des présents États généraux, leur ancrage et leurs ressorts, portent l’énergie d’une conviction généreuse, celle de la CEMAC résolue à poursuivre efficacement la réalisation de ses missions de promotion d’un développement harmonieux et partagé de notre Communauté, dans la ligne tracée par les Instances supérieures » et les actions en « en synergie avec l’ensemble des acteurs de la CEMAC, et guidés par le souci constant de toujours mieux répondre aux attentes et aux besoins des populations de nos pays membres. Nous avons œuvré dans cette ligne, tout au long de nos mandats respectifs à la tête des institutions communautaires, pour approfondir les pistes éclairées que les Plus Hautes Autorités de notre Communauté ont identifiées pour nous, pour consolider les résultats obtenus dans les secteurs couverts par le Traité révisé et les différentes Conventions subséquentes, pour raffermir l’adhésion et l’appui des citoyennes et citoyens de la CEMAC au projet communautaire ».

Plus précisément « que pour aboutir à une intégration réelle, il faut un travail institutionnel précis, appuyé par un engagement résolu des responsables des institutions communautaires que nous sommes, pour une concrétisation constante de l’élan donné par les Instances décisionnelles de la Communauté. Pour ce qui nous concerne, cela se fera en commençant par un inventaire des acquis, des forces et des faiblesses de la démarche actuelle de la CEMAC et, surtout, par l’identification des pistes des solutions réalistes à soumettre à la très haute appréciation des autorités communautaires. Tel est le défi qui nous réunit dans le cadre des présents États généraux ».

Autopsie de la situation

Le niveau iveau des échanges intercommunautaires très bas. Le niveau des échanges intracommunautaires est un des indicateurs de l’intégration régionale. Il est également reconnu que les échanges intracommunautaires de la CEMAC, qui compte environ 52 millions d’habitants sur une superficie estimée à 3 020 144 km2, ne dépassent guère 4% du commerce global de cette sous-région depuis plus de trois décennies. Selon les estimations couplées de l’Organisation Mondiale du Commerce et de la Commission, le commerce intracommunautaire des marchandises de la CEMAC s’établit à 2% en 2018, à 3,3% en 2019, puis à 3,6% en 2020. Je voudrais rappeler à ce sujet que plusieurs études ont conclu que le faible niveau du commerce intracommunautaire de la CEMAC dérive des contraintes infrastructurelles, institutionnelles et organisationnelles. Ces études relèvent aussi que les outils de facilitation des échanges intracommunautaires ne sont pas efficaces, entraînant le renchérissement des coûts de transactions. Il faut ajouter à cela les obstacles tarifaires qui sont, entre autres, les procédures administratives et douanières, les restrictions quantitatives, les mesures phytosanitaires.

– Des institutions communautaires fragiles : une étude menée il y a un peu plus d’un an sur la viabilité budgétaire des Institutions Communautaires a montré que les structures du dispositif institutionnel actuel de la CEMAC sont très fragiles, et faute de ressources suffisantes pour couvrir leurs simples dépenses de fonctionnement, un tel dispositif, avec d’un côté des charges fixes trop élevées et, de l’autre, des recettes de la Taxe Communautaire d’Intégration faibles, ne peut porter de façon efficace et durable le projet d’intégration de notre Communauté.

Note d’espoir :

Le Pr Daniel ONA ONDO est rassuré qu’avec les efforts accomplis, les étapes franchies ces dernières années témoignent des avances de la CEMAC et que «Notre Communauté peut et doit envisager son avenir avec sérénité, confiance et ambition. D’abord, et je viens de le souligner, parce que quelque vingt-trois ans après la création de la CEMAC,des avancées significatives ont été obtenues, le bilan est incontestable».

Il conclut que: « beaucoup reste cependant à accomplir, à consolider, à clarifier, à réajuster ou à réouvrir. Je pense, par exemple, aux questions épineuses du financement des activités de la CEMAC, de la modestie des échanges communautaires que je venais d’évoquer, ou de la rationalisation des charges de fonctionnement des institutions communautaires. Les présents États généraux nous offrent une opportunité pour en débattre et, surtout, pour formuler des recommandations à la haute attention des Instances décisionnelles de notre Communauté ».

En d’autres termes, forts des expériences respectives, ces travaux devront «proposer aux organes de décision des pistes pour aller plus loin, pour garantir plus d’efficacité et de cohérence dans la mise en œuvre des projets communautaires, pour assurer des financements innovants, pour encourager les synergies, tant au sein des structures communautaires qu’avec les partenaires extérieurs, en un mot, et proposer une forme de gouvernance communautaire soucieuse d’approfondir l’intégration de la CEMAC, tout en travaillant à son instauration ».