« …Les jeunes ont tant besoin que leurs avis soient pris en compte par les pouvoirs publics… Il nous paraît important de cerner les aspirations de cette jeunesse et sa vision pour l’avenir… Nous ne devons pas les (les jeunes) laisser longtemps au bord du trottoir, au risque de les voir virer dans les comportements répréhensibles » Ali Bongo Ondimba.

L’élaboration de la Politique Nationale de la Jeunesse du Gabon, une initiative du gouvernement Gabonais en 2012, avait pour ambition, de prendre en compte les besoins, les attentes et les aspirations des jeunes Gabonais dont l’âge se situe entre 15 à 35 ans. Onze années plus tard, on se demande ce qu’elle devient ?
En effet, selon les données de la Banque Mondiale de 2015 et s’appuyant sur les statistiques du dernier recensement général de la population de 2013, on peut constater que la population gabonaise a une tendance particulièrement jeune où ces derniers représentent près de 70% de la population totale.
Ainsi, politiquement, ils constituent un vivier électoral important avec plus de la moitié des inscrits depuis les élections de 2009 et 2016. Cependant, si la politique peut s’entendre comme l’art de gérer les affaires de la cité ou encore la gestion de la société pour paraphraser Platon, elle imprègne, de ce point de vue, tous les aspects de la vie au sein d’une société. En d’autres termes, il n’existe pas de communauté humaine sans organisation, sans règles, sans une répartition des rôles entre des gouvernants et des gouvernés, sans un système de gestion des ressources et sans des acteurs qui s’organisent pour conquérir, exercer et conserver le pouvoir d’administration partielle ou totale de la Cité.

Par ailleurs, et au Gabon particulièrement, la question de la participation politique des jeunes se pose avec acuité. Le contexte actuel est marqué par la désaffection des populations et particulièrement les jeunes vis-à-vis de la politique du fait de certains maux, notamment le manque de considération de ces derniers dans des mouvements politiques, le manque d’emplois pour une population en croissance exponentielle. Ceci a donc mené à un cercle vicieux car plus ils se désintéressent à la politique et à la chose publique, plus les décisions qui concernent leur futur sont prises par d’autres membres d’une classe politique qui a pour la plupart des âges avancés.
La jeunesse gabonaise semble particulièrement vulnérable et victime d’une sorte de trappe à pauvreté dans laquelle elle semble durablement installée. En effet, bien que le taux de chômage de la population active ait significativement baissé pour s’établir à 16,5% après avoir longtemps stagné autour de 20%, cette baisse prononcée masque un niveau de chômage élevé chez les jeunes de 16 à 35 ans où ce taux atteint 42% (Banque Mondiale, 2015).
Les conséquences du chômage, notamment chez les jeunes sont connues. D’une part, le chômage des jeunes diminue le potentiel de croissance, exerce un effet virtuel négatif sur l’investissement et entretient la morosité générale de l’économie. Ses pires formes sont la violence urbaine, l’augmentation de la criminalité et des troubles sociaux et politiques. Il y a l’angoisse générale chez les parents, la déscolarisation progressive des enfants pour qu’ils contribuent à soutenir financièrement le foyer.

D’autre part, il devient une bombe à retardement qui exige des pouvoirs publics une thérapie de choc composée à la fois d’un traitement économique et d’un traitement social.
Ainsi, il consistera à créer une croissance inclusive en diversifiant la base productive pour créer de nombreux emplois durables, notamment dans des secteurs à fort potentiel de main-d’œuvre. Ce traitement vise à persuader les jeunes chômeurs que leurs difficultés actuelles seront plus que compensées par les avantages apportés par une croissance économique inclusive. Bien que les jeunes chômeurs comprennent ce raisonnement, ils sont conscients que la transformation structurelle de la base productive est un processus de long terme.
C’est pourquoi, les pouvoirs publics ne peuvent pas s’en remettre uniquement aux forces du marché pour résorber le chômage des jeunes. Dans la plupart des cas, ils optent également pour un traitement social en adoptant un ensemble des mesures qui aident les chômeurs en leur assurant un revenu et un accompagnement ou en créant des emplois aidés dans le secteur marchand ou non marchand.

L’appel récemment lancé par le Secrétaire Général du Parti Démocratique Gabonais, lors du congrès de cette formation politique, sonne comme une cloche assez forte en l’endroit du Gouvernement Gabonais. Pour notre part, nous encourageons le Gouvernement à mettre un accent particulier sur les axes stratégiques d’interventions basés sur le diagnostic établi avec entre autre :
• l’amélioration de la capacité d’absorption de la main d’œuvre par l’économie nationale ;
• l’appui au développement du secteur privé et de l’entreprenariat ;
• l’amélioration de l’employabilité de la main-d’œuvre ;
• l’amélioration et la modernisation de la gouvernance du marché du travail.
Telles sont à mon sens, les pistes de solutions les plus réalistes.

Par Rosny-Verlain BILEH-BI SIMA, Economiste et Leader des jeunes