C’est dans les années 1950 que se joue l’intégration africaine. Elle passe par la libération progressive de la domination impérialiste et la lutte pour la souveraineté territoriale qui succède à la volonté d’intégration. Après la naissance des États modernes africains, le continent se structure autour de l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A) à partir de 1963. Cette première forme d’intégration africaine a comme objectifs premiers le développement endogène et autocentré de ces territoires.

Ces orientations se sont prolongées par un regroupement régional de ces États modernes africains qui constituent aujourd’hui les piliers de l’Union africaine (U.A). Conscient de la place du leg culturel panafricain pour les progrès des sociétés africaines, celle-ci va s’incarner en véritable pierre angulaire
Le choix porté sur la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (C.E.E.A.C) pour discuter de l’utilité de la culture n’est assurément pas un hasard car elle reconnait le rôle prépondérant de ce domaine pour le développement des États afrocentraliens. Ces discussions portent essentiellement sur la mise en place de l’unité politique, économique et culturelle de ces nouveaux États. Il nous semble important de rappeler que le panafricanisme a été un catalyseur dans la lutte de libération coloniale ainsi que dans la consolidation de la grande unité africaine.

Dès lors, deux interrogations permettent de faire une meilleure lecture de notre analyse : Pourquoi la Communauté Économique des États d’Afrique Centrale donne au tant d’importance au domaine culturel et quels en sont les enjeux ?
La construction d’une Afrique unie politiquement, économiquement et socialement, sont là les axes majeurs du projet d’intégration illustré par les pères fondateurs. Quarante années après sa création, la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale qui compte onze entités politiques, prit conscience ces dernières années du déclin de l’esprit du panafricanisme dans ladite institution et s’engage à faire de cette dernière une composante essentielle au progrès sociétale. On note d’emblée que la réappropriation de l’héritage culturel panafricain à l’ère de la mondialisation est plus que jamais à l’ordre du jour. Initier bien avant la décolonisation par des panafricanistes, les pays de l’Afrique centrale sont de plus en plus impliqués à développer ce domaine qui est un héritage collectif aux africains. Depuis l’accès à la souveraineté internationale, cet héritage a été l’élément fédérateur au tour duquel les africains se sont appuyer pour s’identifier afin de revendiquer leurs droits et obtenir de fait une notoriété internationale.

Confrontés à une résurgence de litige notamment frontalier et intraétatique, la consolidation et la redynamisation des interactions intra-communautaire reste impérative, vu que la politique étrangère des pays membres reste dominante face à celle de la communauté. Si l’on s’en tient à la définition réaliste de la politique étrangère, comme «l’expression et la poursuite des intérêts nationaux d’un État ». Dès lors, cela conforte l’idée même de velléité dans l’une des communautés l’U.A. Ainsi, une prise de conscience largement partagée nous engagent à réfléchir sur la façon la plus opportune de préserver cet héritage inscrit dans l’agenda 2063 de l’Union africaine et également dans l’article 81 du traité révisé instituant la CEEAC. L’enjeux d’un tel intérêt est de préserver la vision panafricaine, d’une «Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens, et représentant une force dynamique sur la scène mondiale ».
Vivement préoccupé par le climat ambient qui a fait surface en Afrique centrale ces dernières années et qui continue de subsister, la C.E.E.A.C suit avec une attention soutenue le développement des scissions et essaie tant bien que mal de restaurer son image incarner par les idéaux des pères fondateurs. Pour paraphraser les propos de Paugam, toute organisation sociétale est basée sur une solidarité mécanique ou organique qui a pour objet d’unir et de garantir par des règles communes une coexistence pacifique. Tout au long de son existence, elle a fait face à un nombre impressionnant de préoccupation inimaginable qui a mitigé et affaibli le dynamisme des échanges au sein de la Communauté économique régionale (C.E.R) tels que les référents identitaires, la permanence des litiges frontaliers et des conflits armés au sein de la communauté afrocentralienne.
Résolument déterminer à voir réellement les afrocentraliens unies, la C.E.E.A.C a comme nouvelle ambition communautaire la mise en œuvre d’une réforme politique basée pour l’essentiel sur les directives de l’agenda 2063 de l’U.A. Cette entreprise est premièrement celle des chefs d’Etat comme l’ont été celle de khawme kruma, …. au milieu du XX siècle car le panafricanisme a été et continue d’être une arme de combat. Acteur des Relations internationales, la communauté se veut compétitive et dynamique pour son rapport au monde dans le concert des nations. Ainsi, dans l’article de l’Expert Yvan Comlan Owoula (2023), il suggère une intégration culturelle pour la préservation des savoirs endogènes comme une marqué indélébile de la volonté de construire une Afrique forte et active à partir d’une afrocentricité ceeacienne.

Par Marthe Myra INANGUE-Y-MOUKALE, Historienne des Relations Internationales/ Spécialité : Histoire et Diplomatie Culture, Expert en politiques culturelles