Adulée ou détestée, admirée ou rejetée, appréciée ou contestée que l’on l’aime ou pas le nom de Marie-Madeleine Mborantsuo restera à jamais, et pour longtemps encore, accolé en lettres d’or au droit constitutionnel gabonais. Car elle aura passé la majeure partie de sa vie à une fonction qui ne lui aura pas permis de se consacrer à autre chose sinon se mettre au service de la nation.

Où encore à la formation de son élite dans le corps de la magistrature. Pourtant des rancœurs ou des propos haineux n’ont pas manqué à son égard. Marie-Madeleine Mborantsuo n’a d’ailleurs pas déçue face à ces avis défavorables. Surtout face aux pressions extérieures des partis politiques, de la rue, elle a su, de façon responsable toujours garder tête froide lorsqu’il s’est agit de la matière électorale. Dont les décisions (contentieux électoral) rendus par la Haute Juridiction au nom du peuple gabonais n’ont parfois pas été à l’appréciation générale. D’aucuns accusant la Cour Constitutionnelle d’impartialité ou favorable au pouvoir.

Une prise de position controversée qui a laissé entrevoir un manque de maîtrise ou de connaissance par le citoyen gabonais du principe de la séparation de pouvoirs ou du processus électoral. Notamment dans l’organisation des scrutins. Dans les derniers temps d’une mandature entachée par la prise du pouvoir, le 30 août dernier par les militaires du CTRI, ndlr, la Haute Juridiction a entrepris des campagnes de sensibilisation sur le terrain ou de journées citoyennes « Portes ouvertes » avec pour objectif d’instruire les populations sur les missions de la Cour Constitutionnelle ainsi que les obligations des citoyens en periodes pré et post électorales. Des campagnes inclusives qui ont permis à l’ensemble des forces vives sceptiques à revenir dans de bonnes grâce à l’endroit de la Cour Constitutionnelle. On peut ainsi dire que le destin de Marie-Madeleine Mborantsuo a été intimement lié au droit fondamental. Une grande victoire pour la femme gabonaise face aux forces de l’inertie. Grâce à sa grande intelligence, à ses compétences, à sa rigueur au travail et à son sérieux dans le traitement des grands dossiers de la République, Marie-Madeleine Mborantsuo a prouvé que lorsqu’on fait véritablement confiance à la femme aux commandes, les résultats sont plus que probants. Une œuvre grandiose qu’elle lègue aujourd’hui à la prospérité de la Nation.

Thierry Mocktar