Libreville, 19 mai 2024 – Convergence Afrique.

Les habitants de la vallée Sainte Marie, situés derrière l’école Martine Oulabou, sont en ébullition après l’annonce de leur expulsion imminente par le gouverneur de la province de l’Estuaire. Réunis en collectif, ils ont tenu un point de presse hier pour exprimer leur désarroi et appeler les autorités de la transition à leur venir en aide.

Des Décennies d’Histoire en Jeu

Installés depuis les années 1950 et 1980 par la mission catholique, les résidents, descendants de Moutendi Alexandre et Moumbela Jean Hilaire, se disent abasourdis par cet avis d’expulsion. « Nous avons été informés par voie de presse, par l’édition principale de Gabon 1ère, le jeudi 9 mai dernier », a rappelé Zebai Landry, président du collectif des habitants. « En légalistes que nous sommes, nous savons bien que la terre appartient à l’État. Qui sommes-nous pour nous opposer à sa volonté si tant est qu’il a décidé de faire de notre site un site d’utilité publique ? », a ajouté une des veuves résidant la zone.

Un Délai Jugé Irréalisable

Les habitants dénoncent le délai de 45 jours pour quitter les lieux, un délai qu’ils jugent irréalisable pour des familles installées depuis quatre générations. « Non seulement ce délai est trop court, mais on ne nous dit pas clairement où nous serons relogés et les moyens d’accompagnement qui iront avec », s’est lamentée une résidente.

Confusion et Manque de Transparence

L’incompréhension est accentuée par une confusion concernant les parcelles visées par l’expulsion. Le Conseil des ministres du 14 mai dernier avait mentionné que seules les parcelles 349, 350, et 351 de la section P étaient concernées, ce qui correspondrait plutôt au quartier Plaine Oréty. Or, les habitants de la vallée Sainte Marie sont installés sur les parcelles 14 section P et 31 section PF du plan cadastral de Libreville.

Des Soupçons de Pression de l’Archidiocèse

Des rumeurs circulent également sur une possible pression de l’archidiocèse de Libreville, ajoutant une dimension religieuse à cette crise. « Comment l’Église catholique pourrait-elle soutenir l’expulsion de plusieurs de ses fidèles, elle qui prêche la paix et le pardon ? », se demandent certains résidents.

Appel à l’Intervention Présidentielle

Dans ce contexte tendu, des appels sont lancés en direction du Président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Les habitants espèrent que le Comité pour la transition et la restauration des institutions, qui a fait de la dignité des Gabonais une priorité, interviendra pour résoudre ce conflit de manière équitable.

La situation reste incertaine alors que le délai de 45 jours avance inexorablement. Les habitants de la vallée Sainte Marie continuent de plaider pour une solution juste et humaine, espérant que leurs voix seront entendues au plus haut niveau de l’État.