Les tensions entre Gilbert Kadji et Samuel Eto’o, deux figures emblématiques du football camerounais, ont atteint un point de rupture ces derniers mois. Le conflit entre ces personnalités influentes du sport est marqué par des désaccords profonds et des sanctions sévères, jetant une ombre sur le paysage footballistique national.

Gilbert Kadji, homme d’affaires respecté et dirigeant de football, est le président de l’Académie Kadji Sports (KSA). Il a également été impliqué dans des clubs tels que le FC Rouen et le FC Sion. Samuel Eto’o, quant à lui, est un ancien footballeur international de renom et actuel président de la Fecafoot (Fédération Camerounaise de Football), une figure emblématique du football africain.

Les tensions entre les deux hommes remontent à l’élection de Samuel Eto’o à la tête de la Fecafoot en décembre 2021. Kadji, qui soutenait un autre candidat, Seidou Mbomo Njoya, n’a pas caché sa déception et a critiqué certaines décisions d’Eto’o. La situation a dégénéré en juin 2024 lorsque la Fecafoot a suspendu Kadji pour cinq ans de toute activité liée au football. Les raisons officielles de cette suspension restent floues, mais des accusations de fraude douanière et de manquements à l’éthique circulent. Kadji a vigoureusement nié ces accusations, dénonçant une décision « politique » visant à l’écarter du football camerounais.

Seidou Mbomo Njoya, ancien président par intérim de la Fecafoot, aurait profité des exonérations douanières de la Fecafoot pour importer divers matériaux, allant de machines de travaux publics à du matériel de bureau. Selon des sources internes, Gilbert Kadji serait également impliqué, ayant importé à lui seul 250 camions de matériel sans payer les droits de douane, ce qui a conduit l’administration fiscale et douanière à réclamer un milliard de francs CFA. L’audit comptable du cabinet Moore Stephens pour la période 2016-2021 a révélé ces irrégularités, et le comité exécutif (Comex) de la Fecafoot a mandaté Samuel Eto’o pour enquêter sur cette fraude fiscale.

Le conflit s’est intensifié avec le blocage des licences des joueurs de la Kadji Sports Academy (KSA) par la Fecafoot. Kadji a accusé l’organisation de nuire délibérément à son académie en retenant injustement les licences, ce qui a entravé la capacité de la KSA à aligner des joueurs dans les compétitions. La Fecafoot a nié ces allégations, affirmant que toutes les décisions sont prises conformément aux réglementations et procédures en vigueur.

La suspension de Kadji a déclenché une vague de critiques contre Samuel Eto’o et la Fecafoot. Certains y voient une tentative d’étouffer les voix dissidentes, tandis que d’autres craignent que cela ne ternisse davantage l’image du football camerounais. Kadji a annoncé son intention de contester sa suspension devant les tribunaux, rendant l’avenir de sa relation avec Samuel Eto’o et la Fecafoot incertain.

Ce conflit met en lumière les profondes divisions au sein du football camerounais et soulève des questions sur la gestion et la gouvernance du sport national. Avec des figures influentes comme Kadji et Eto’o en désaccord, l’impact sur le développement et la réputation du football au Cameroun pourrait être significatif.