Il y a une chose qui est typiquement gabonais et qui est d’un ridicule hors norme: les phrases « il cherche un poste ». « Il fait ceci ou il dit cela parce qu’il veut être nommé ». Mais quoi de plus normal pour un individu que de rechercher la place qui convient à ses ambitions?

Un homme d’affaires qui chercherait plus de marchés, c’est normal. Un journaliste qui chercherait plus d’auditeurs, c’est normal. Mais un homme politique qui voudrait devenir président ou vice-président de la République, en quoi serait-il coupable?
Quelle faute René Ndemezo’Obiang aurait-il commis en sollicitant le chef de l’État pour le poste vacant de vice-président de la République? Pour la gouverne de bien d’incultes politiques, le président de Démocratie Nouvelle n’est pas un extra terrestre car sous d’autres cieux, les exemples du même genre sont légions.
En France, alors qu’il n’avait pas été un artisan majeur de la victoire de Jacques Chirac lors de l’élection présidentielle de 2002, Nicolas Sarkozy estimait et demandait à ce dernier de le nommer à Matignon en qualité de premier ministre. En bon tacticien politique, Jacques Chirac lui demanda même de former un gouvernement avant de se choisir Jean Pierre Raffarin comme premier ministre.

Dans le même registre, après des élections municipales catastrophiques pour la gauche, Manuel Valls alors ministre de l’intérieur demanda à François Hollande de faire de lui son premier ministre en remplacement de Jean Marc Ayrault devenu inaudible et impopulaire. Quoi de plus légitime pour un acteur politique qui se sent en capacité de?
C’est plus qu’étrange cette logique de vouloir faire culpabiliser les acteurs politiques qui ont de l’ambition. Mais nul ne fait la politique pour les beaux yeux d’autrui ou pour être un porte chandelier éternel. René Ndemezo’Obiang a pleinement le droit de solliciter la place qui sied à son ambition, à sa carrure ou à ses états de service. Où est donc la faute?

Par contre, ce qui est une faute grave et crée une jurisprudence suicidaire pour les collégiens du bord de mer, c’est le fait que des documents confidentiels envoyés au chef de l’État via le coordonnateur général des affaires présidentielles se retrouvent sur les réseaux sociaux. Où est le secret de la correspondance à ce niveau de l’État? Le serment que font les hauts fonctionnaires de l’État de ne pas divulguer certaines informations liées à leurs charges n’a t’il plus de valeur?
A toute chose malheur est bon. Autrement dit, lorsque le juge français se retrouvera en possession d’un certain nombre de documents accablants les acteurs du pouvoir gabonais, il ne faudra pas se plaindre car ce chemin, c’est vous-mêmes qui l’avez tracé. On ne peut que dire comme Marcel Djabioh « avançons seulement « .

René Ndemezo’Obiang n’a vraiment pas à rougir des gamineries de gens qui ne savent pas où ils sont et pourraient très bientôt retrouver leur vraie place. D’ailleurs, la situation politique actuelle rappelle que l’attelage politique de jadis mérite d’être reconstitué car ce qui a manqué en août 2016 s’est visiblement inscrit au puzzle de Jean Ping.

Une chose est certaine, une réconciliation politique de ces deux acteurs marqueront la fin de l’imposture qui sévit au sommet de l’État. Auront-ils tout simplement assez de hauteur d’esprit pour se retrouver, se parler et décider? Rien n’est moins sûr. Si Jacques Chirac l’avait fait avec Nicolas Sarkozy qu’il avait qualifié de traître après avoir soutenu Edouard Balladur, pourquoi eux n’y parviendra pas? Toute la réussite du changement ou de l’alternance au Gabon réside aussi à ce niveau.

Ainsi les collégiens et leurs marionnettes au gouvernement d’Edith Cresson apprendront à respecter les capacités et les compétences d’autrui. Ils n’ont pas affronté Jean Ping en 2016. Donc ils ne peuvent pas savoir qu’ils ont en face d’eux une tornade politique dont la violence mortelle avait été freinée, bien heureusement pour le camp d’Ali Bongo, par l’ancienne puissance coloniale. Maintenant qu’elle semble être du côté des Charbonnages et que le camp du pouvoir en place manquent de soldats qu’il a lui-même éliminé, comment compte t-il s’en sortir?
Donner plus de douze minutes à votre adversaire politique à une heure de grande écoute, interviewé par un des meilleurs journalistes politique français sur une chaine de télévision reconnue pour son professionnalisme, c’est comprendre qu’on tend vers la fin de la promotion du Commonwealth, des rapprochements ridicules avec la Russie et des votes pathétiques anti occidentaux au conseil de sécurité de l’ONU.

Hélas la politique a sa morale. Il est venue l’heure pour les ingrats et les gamins du pouvoir d’en goûter l’amertume. René Ndemezo’Obiang et Jean Ping savent ce qui leurs restent à faire. Dans cette aventure politique, personne n’a démérité. Car, les alliances ou les ambitions se construisent en fonction des circonstances et des situations.
C’est dire que, et si le stratège de Bitam négociait le poste de vice-président autrement ou avec d’autres acteurs? Ne dit-on pas qu’il n’y a pas qu’une seule porte qui conduit à la maison du père. Nous y sommes désormais.

Par Télesphore Obame Ngomo