Libreville, le 3 janvier 2025 – Convergence Afrique .
À la veille des 2èmes Journées de l’économie des établissements pharmaceutiques prévues le 17 janvier 2025, la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) se retrouve au centre d’une crise sans précédent. Malgré l’annonce d’un début de règlement des arriérés de dettes au 31 décembre 2024, les tensions restent vives.
Une crise des impayés aux répercussions graves
Depuis le 1er janvier 2025, le Syndicat des Pharmaciens du Gabon (Sypharga) a suspendu la délivrance de médicaments aux assurés de la CNAMGS en raison d’arriérés estimés à plusieurs milliards de francs CFA. Cette décision touche près de 40 % de la population gabonaise, majoritairement composée de personnes économiquement vulnérables. Sans une intervention rapide pour régler ces dettes, le pays court le risque d’une catastrophe sanitaire majeure.
Des chiffres encourageants, mais des failles structurelles
En 2022, la CNAMGS affichait un excédent budgétaire de 2,1 milliards de francs CFA, grâce à une augmentation de 4 % des recettes et une gestion stricte des dépenses. Cependant, ces résultats masquaient des défis de gouvernance et de transparence qui ont culminé en 2024. Les révélations de malversations financières ont entraîné la suspension de six hauts cadres de l’institution en décembre dernier, accentuant la perte de confiance des assurés et des partenaires.
Une refonte nécessaire pour éviter l’effondrement
Les problèmes de gouvernance de la CNAMGS vont au-delà des scandales récents. Des irrégularités dans le fichier des bénéficiaires du programme Gabonais Économiquement Faibles (GEF), incluant des salariés parmi les assurés économiquement faibles, illustrent des failles dans les mécanismes de contrôle et de gestion.
La gravité de la situation exige une refonte complète de l’institution. Une gestion rigoureuse, l’amélioration des mécanismes de contrôle et un dialogue renforcé avec les parties prenantes sont indispensables pour restaurer la confiance et prévenir de nouvelles crises.
Une opportunité de réformer le modèle d’assurance maladie
Les 2èmes Journées de l’économie des établissements pharmaceutiques offrent une plateforme stratégique pour repenser le modèle d’assurance maladie gabonais. Les débats devront porter sur des solutions durables, notamment l’optimisation des recettes, l’éradication des pratiques de gestion douteuses et l’amélioration de la couverture sanitaire pour tous les Gabonais.
Une responsabilité collective
Pour sortir de cette impasse, la CNAMGS doit assumer pleinement ses responsabilités. Le gouvernement, les partenaires sociaux et les citoyens doivent également jouer leur rôle pour garantir un accès universel aux soins. Sans des réformes profondes et une volonté politique affirmée, le système d’assurance maladie risque de s’effondrer, aggravant les inégalités et compromettant la santé de millions de Gabonais.