Alors que la présidentielle de 2025 approche à grands pas, le débat sur la souveraineté monétaire prend une ampleur inédite au Gabon. Au cœur de cette dynamique : Thierry Yvon Michel N’Goma, candidat déclaré à la magistrature suprême, qui fait de la réforme monétaire l’axe central de son programme politique. Pour lui, le franc CFA — monnaie partagée par les pays de la CEMAC — constitue « un outil colonial déguisé » qui entrave toute forme d’indépendance économique réelle.
Une rupture assumée avec l’ordre monétaire établi
Thierry N’Goma plaide ouvertement pour une sortie du franc CFA. Son objectif : permettre au Gabon de retrouver sa souveraineté économique à travers la création d’une monnaie nationale ou d’une devise commune entre pays africains partageant la même volonté d’émancipation. Il soutient que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) n’assure pas une réelle autonomie aux États membres et critique fermement la gestion des réserves de change encore partiellement contrôlées par le Trésor français.
« Un pays sans monnaie souveraine est un pays sans pouvoir réel de décision économique », martèle-t-il dans ses meetings. Sa vision tranche radicalement avec celle des élites technocratiques, qu’il accuse de maintenir le statu quo au détriment des aspirations populaires.
Vers une alliance monétaire panafricaine
S’inspirant de l’initiative de l’Alliance des États du Sahel (AES) — qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays ayant annoncé leur intention de quitter le CFA — Thierry N’Goma envisage une coopération Sud-Sud fondée sur une intégration économique entre États souverainistes. Il évoque notamment la création d’une zone économique bantoue comme socle pour une nouvelle monnaie africaine, indépendante de l’euro et des institutions occidentales.
Un référendum populaire comme levier démocratique
Pour garantir la légitimité de cette transformation majeure, le candidat promet l’organisation d’un référendum national sur la sortie du franc CFA. Parallèlement, il prévoit la mise en place d’une commission d’experts panafricains chargée de poser les bases d’un nouveau système monétaire, plus adapté aux besoins et aux réalités du continent.
Une vision controversée mais mobilisatrice
Si cette ambition suscite l’enthousiasme d’une frange de la population en quête de souveraineté, elle divise les économistes. Certains y voient une prise de risque dangereuse dans un contexte de fragilité économique, tandis que d’autres saluent une opportunité historique de repenser les rapports du Gabon avec le monde extérieur.
Qu’on y adhère ou non, la stratégie monétaire de Thierry N’Goma a d’ores et déjà réussi un pari : remettre au centre du débat électoral la question fondamentale de la souveraineté économique. Et peut-être, tracer les contours d’un nouveau projet national.