À quelques mois des scrutins législatifs et locaux, le chef de l’État gabonais a réuni les formations politiques à Libreville pour poser les jalons d’un nouveau paysage partisan, plus structuré et sélectif.

Libreville – Ce mardi 7 mai, le Palais Rénovation s’est mué en théâtre d’une rencontre hautement politique. Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition récemment élu avec plus de 94 % des suffrages, a reçu les responsables des partis politiques pour une concertation stratégique, dans un contexte de réformes profondes du système politique gabonais.

Dans un discours sans détour, le président gabonais a remercié ses interlocuteurs pour leur rôle dans la stabilité de la Transition et la réussite du scrutin présidentiel. Mais très vite, le ton s’est voulu plus exigeant : alors que les prochaines élections législatives et locales se profilent, le chef de l’État entend rationaliser un champ politique jugé trop fragmenté.

Un paysage politique à redessiner

Le président a déploré la « prolifération excessive » des partis politiques, appelant à une réorganisation en profondeur. Désormais, pour exister légalement, chaque formation devra réunir des conditions strictes : au moins 18 000 membres répartis sur tout le territoire, un siège officiel, un compte bancaire fonctionnel, et surtout, l’obligation de faire élire au moins 5 députés et 30 conseillers municipaux lors des prochains scrutins.

Une réforme drastique, censée freiner l’émiettement partisan et favoriser des forces politiques structurées et représentatives. Une exigence en ligne avec les recommandations du Dialogue National Inclusif tenu quelques mois plus tôt.

Deux comités pour encadrer la réforme

Pour encadrer cette nouvelle architecture politique, deux comités de 30 membres chacun verront bientôt le jour. Composés à parité de représentants de partis et d’experts issus des milieux juridique, administratif ou encore parlementaire, ils seront chargés respectivement de rédiger une nouvelle loi sur les partis politiques et de procéder à la révision de la carte électorale.

Face à ces annonces, les responsables politiques ont salué la démarche du président tout en exprimant leur besoin de temps. Ils ont demandé un délai supplémentaire afin de mener leurs consultations internes et de préparer des dossiers conformes aux nouvelles exigences.

Vers une refondation du jeu politique ?

Avec cette initiative, Oligui Nguema semble vouloir marquer une rupture avec les pratiques du passé et poser les bases d’un système politique plus rigoureux. Mais cette réforme, si elle ambitionne d’assainir la scène politique, pourrait aussi rebattre les cartes au profit des grandes formations, au détriment des petites structures, souvent locales mais actives.

Reste à savoir si cette volonté de rationalisation sera perçue comme une ouverture vers un véritable pluralisme ou comme un filtre restrictif dans un paysage politique en recomposition.

Ruth Daniel