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À Owendo, poumon industriel du Gabon, les lignes de production sont presque prêtes. D’ici la fin de l’année, le pays comptera sur une nouvelle infrastructure stratégique : l’usine de transformation de thon de l’entreprise IB FISH. Visité début de semaine par Laurence Ndong, ministre de la Mer, de la Pêche et de l’Économie bleue, ce site marque un changement d’orientation radical pour une filière halieutique longtemps tournée vers l’exportation brute.

Une révolution industrielle pour la pêche
Dans une atmosphère de modernité et d’efficacité, Laurence Ndong a foulé les allées d’un bâtiment entièrement rénové, où se dessine déjà l’avenir d’un secteur structuré, localisé et créateur de valeur. Installée à proximité des anneaux de pêche gabonais, cette usine s’apprête à transformer localement le thon capturé dans les eaux nationales. Un tournant qui répond directement à la volonté du président Brice Clotaire Oligui Nguema : rompre avec le modèle extractif et miser sur la transformation locale.

“Il est désormais impératif de valoriser sur place nos ressources halieutiques. C’est une demande forte du Chef de l’État”, a rappelé Mme Laurence Ndong lors de cette visite, guidée par le directeur général d’IB FISH, Ismaël Bonkoungou.

Du “poisson brut” au “Made in Gabon”
Jusqu’ici, une grande partie du poisson pêché notamment le thon quittait le territoire sans transformation. Résultat : peu de retombées économiques locales, une faible intégration des jeunes et des femmes dans la filière, et une perte évidente de souveraineté alimentaire. Le projet IB FISH entend inverser la tendance.

L’usine, bâtie sur plus de 1 000 m², intègre toute la chaîne de production : réception, tri, filetage, cuisson, stérilisation, mise en boîte, étiquetage, stockage… Un processus entièrement maîtrisé et conforme aux normes internationales en matière de sécurité alimentaire et de traçabilité.

Avec sa salle de tri de 479 m², ses réservoirs d’eau de mer réfrigérée (RSW), ses chambres froides, et un laboratoire de contrôle qualité, le site impressionne par son organisation. Il comprend également une cuisine pilote, destinée à tester et ajuster les produits transformés pour répondre aussi bien aux standards internationaux qu’aux goûts locaux.

Objectif : créer des emplois dignes
Mais au-delà de la technique, c’est l’humain qui est au cœur du projet. À terme, l’usine ambitionne de générer plus de 600 emplois directs et 100 indirects. Opérateurs, techniciens de maintenance, contrôleurs qualité, logisticiens… une nouvelle génération de professionnels gabonais est attendue.

“L’usine de IB FISH est plus qu’un outil industriel. C’est un symbole de ce que nous voulons bâtir pour notre pays : transformer localement nos ressources, créer des emplois dignes, et garantir la souveraineté économique dans un secteur stratégique”, a souligné Mme Laurence Ndong.

Cette priorité pour l’emploi des jeunes et des femmes s’inscrit dans la ligne directrice du gouvernement de la 5ᵉ République, qui veut faire de l’économie bleue un pilier de la diversification du modèle gabonais.

Une dynamique nationale en marche
Avec un investissement de près de 10 milliards de FCFA, le projet IB FISH n’est pas un simple pari industriel. Il est un signal fort d’une volonté de rupture avec les anciennes pratiques extractives, où les matières premières partaient sans transformation, ni valeur ajoutée pour le pays.

Prévue pour être opérationnelle entre octobre et novembre 2025, l’usine s’intègre dans une politique plus large visant à faire du Gabon un acteur régional de référence dans la transformation des produits de la mer.

Un futur hub halieutique régional ?
Cette usine n’est que la première pierre d’un écosystème halieutique en construction. Grâce à des infrastructures portuaires en développement, une main-d’œuvre en formation, et un climat politique favorable à la valorisation locale, le Gabon se donne les moyens de devenir un hub pour la transformation du thon et d’autres espèces marines.

Derrière les lignes de production flambant neuves, c’est tout un rêve de souveraineté alimentaire, d’emploi local et d’exportation maîtrisée qui s’esquisse.

Avec ce projet, le Gabon ne se contente plus de pêcher. Il transforme, il emballe, il exporte… et surtout, il construit son avenir.

Joy kengue