Une vue de Lagos, la capitale économique du Nigeria
Le monde et l’Afrique avec, vivent aujourd’hui une double crise (sanitaire due au Covid-19 et pétrolière). L’épidémie a Coronavirus s’est, par un effet de percolation, muée en une pandémie gigantesque qui a déstabilisé la quasi-totalité des sociétés humaines actuelles. Elle a laminé et mis à l’arrêt presque toutes les économies, en immobilisant, en confinant plus de la moitié de la population du monde. En cela, elle est un moment définissant dans le parcours du genre humain. Plus rien ne sera demain comme avant. Que s’est-il passé ? Comment a-t-elle opéré ? Sur fond d’une crise économique majeure. Les pays africains vont inéluctablement et profondément souffrir de cette crise ; si ce n’est déjà le cas pour ceux dont les recettes budgétaires sont presque entièrement adossées à la rente pétrolière, surtout lorsque la gouvernance sous toutes ses formes fait extrêmement défaut.
La Covid-19 s’est en réalité jetée sur la structure humaine globale, en s’attaquant à toutes les structures humaines sur terre. Nous sommes affectés à travers nos catalogues de comportements, nos règles et lois, nos grilles de mérite, qui régissent nos vivre-ensemble, touchés au plus profond de nos êtres. Nos sociétés, nos groupes humains, qui se fondent sur ces classes de choses, comme catalogues de comportements, grilles de mérite et hiérarchies des normes et des règles, à toutes les échelles, se sont vues privées de leurs structures, c’est-à-dire de ce qui les fait persister et perdurer dans le temps.
Nos amis mathématiciens nous enseignent que la structure de tout d’un ensemble est l’ensemble des relations entre les éléments de ce même ensemble. C’est bien donc à la structure des groupes humains que la Covid-19 s’est bien attaqué, changeant considérablement, voire parfois rompant, les relations que pouvaient partager les éléments dans nos groupes, quel qu’en soit l’environnement. La Covid-19 rompt le lien et tue l’échange entre les êtres humains, il est méchant. Le grand-père refusant ou ne pouvant plus rencontrer sa petite-fille potentiellement porteuse saine du virus qui pourrait lui être fatal. Le regard change sur le monde. Et, ainsi donc, le monde doit changer pour continuer d’exister.
Cette situation est décidement source d’inquiétude pour toutes les économies africaines, pétrolières ou non. L’on se rend encore compte que la diversification économique (prônée à tue-tête lors des campagnes électorales ou à l’occasion des baisses du prix du pétrole) n’est pas un vain mot ! Et c’est cela qui mettrait à l’abri toute économie rentière.
Certains pays qui, en ce moment, sombrent économiquement, socialement et politiquement font du Coronavirus le  »bouc émissaire ». Il importe d’être très clair : aucun des maux actuels de l’Afrique n’a été provoqué par le Coronavirus, leur origine se trouvant dans la crise structurelle qui secoue le continent depuis la décennie des indépendances.
À quel moment va-t-on se concentrer sur le développement ?
Mais la pandémie est utilisée comme prétexte par certains dirigeants pour écarter leurs responsabilités ou même se dédouaner de leur très mauvaise gouvernance. Pour les mêmes, c’est l’occasion d’élaborer dans la précipitation et sur aucune base objective, des requêtes de financement de plusieurs milliards de dollars US à soumettre aux traditionnels bailleurs dans le cadre de la riposte contre le Covid-19. Tout est arrêté. La nouvelle trouvaille est le Covid-19. De nouveaux programmes de développement et même un Plan Marshall (plan que le Président Macron – lors du 12ème Sommet du G20 à Hambourg en Allemagne le 8 juillet 2017- a tourné quelque peu en dérision avec des arguments inutilement insultants et méprisants à l’égard des Africains) désormais liés à la riposte contre le Covid-19 sont imaginés, l’essentiel étant d’avoir l’argent. Un « Plan Marshall pour l’Afrique » n’est qu’un leurre ! Il ne serait qu’une autre forme de « Programme d’Ajustement Structurel », qui profiterait aux seules puissances occidentales et qui achèverait de ruiner les États africains.
Sans la sous-estimer, la pandémie a tué à ce jour un peu plus 2835 personnes en Afrique, soit une moyenne de 27 décès par jour depuis sa première apparition en Afrique, le 14 Février 2020 en Egypte. Comparaison n’est pas raison, nous sommes très loin de l’hécatombe que nous impose le paludisme (le bilan des morts du paludisme en Afrique subsaharienne est de plus de 3000 décès par jour selon l’OMS à l’occasion de la Journée mondiale du paludisme, le 25 avril dernier). En 2018, six (6) pays africains ont enregistré à eux seuls plus de la moitié des cas de la planète : le Nigeria (25%), la RD Congo (12%), l’Ouganda (5%), la Côte d’Ivoire, le Mozambique et le Niger (4% chacun). Chose à s’en féliciter, les laboratoires sont en compétition pour sortir au plus vite des remèdes et des vaccins contre la Covid-19, l’exemple de Madagascar, du Cameroun avec Mon Seigneur kléda, de la chine… Par contre pour le paludisme, personne n’est pressé. Les Africains au sud du Sahara devront encore prendre leur mal en patience. Son traitement n’étant pas la priorité de nos Etats et encore moins rentable dans le business plan des multinationales pharmaceutiques.
La reprise pourrait prendre du temps!
Une reprise effective ne semble donc pas être pour demain et nous pensons que le salut ne peut venir entre autres que de l’efficacité de la riposte contre la Covid-19, le déconfinement total, la réouverture des frontières aériennes et terrestres de tous les pays, mais aussi l’impossible ultime sacrifice de réduction de tous les pays producteurs. En tout cas, la situation va en cascade, et tout semble sur le point de s’effondrer : économie, société et pire, il est à craindre qu’elle ne génère des troubles socio-politiques dans certains pays. N’étant pas de nature pessimiste, je prie et souhaite bien me tromper dans cette analyse…Mais la situation tant du point de vue sanitaire, qu’économique est très préoccupante, et quoi qu’il arrive, in fine, les séquelles de la Covid-19 seront très profondes et douloureuses.
D’où viendra la solution ? Toutes les intelligences sont appelées à contribution.