Une Analyse de Nestor DJIKOLOUM Économiste… 

Notre analyse a pour but de faire constater le changement de mentalité et la nécessité d’industrialiser nos économies. Car le secteur primaire est un mort-né s’il n’existe pas le secteur secondaire, et le secteur tertiaire ne peut exister s’il n’y a pas le secteur secondaire. Car nous pensons que tous ces trois secteurs sont liés. Mais le secteur tertiaire a été abandonné il y a des décennies en défaveur de nos économies. Il est donc temps de se réveiller et prendre les choses en main.
Au sortir de la crise économique causée par la chute brutale de prix de matières premières, notamment le pétrole entre 2014-2016 et la crise sanitaire de covid-19 depuis, les pays exportateurs des matières premières ont compris la nécessité de diversifier leurs économies. En Afrique et précisément au Sud du Sahara, les dirigeants commencent à comprendre qu’il faut absolument se lancer dans la transformation locale des ressources naturelles. Cette volonté va pousser les états à mettre en place des outils de développement à travers des documents stratégique. C’est le cas du Gabon avec le Plan Stratégique Gabon Émergent, Plan d’accélération de la transformation et le Tchad avec son Plan National de Développement, le Sénégal avec le Plan Sénégal Émergent Etc. Lorsqu’on consulte en profondeur ces différents documents stratégiques, il ressort clairement que les actions qui y sont définis convergent vers une industrialisation et d’une volonté manifeste de mettre en place tous les mécanismes pour une transformation locales des ressources naturelles. Pour illustrer notre analyse nous allons prendre des exemples concrets du Gabon, du Tchad, de la cote d’ivoire et en touchant d’autre pays pour les compléments.

Gabon 

Dans le document stratégique du Gabon « PLAN STRATÉGIQUE GABON ÉMERGENT» axé sur trois piliers. Notamment le Gabon industriel, Gabon de services et le Gabon vert. Les ides convergent vers un seul objectif ; la diversification de l’économie dont le secteur industriel va jouer un rôle majeur. Après le Plan de Relance Économique, le plan d’accélération de la transformation (PAT) mis en place début 2021 vient renforcer et confirmer la volonté des autorités à concrétiser cette vision industrielle à travers la Zone Économique à Régime Spéciale de NKOK et d’autres industries Agroalimentaires installées dans les provinces.
À travers la zone spéciale à régime privilégié de NKOK, le Gabon devient aujourd’hui un modèle en Afrique centrale et au Sud du Sahara en général. Crée au lendemain de l’arrivée du Président Ali Bongo au pouvoir, la zone de NKOK et la décision de transformer localement les ressources naturelles Gabonaises a fait l’objet d’une très forte contestation par une franche de la population et à créer une très grande difficulté aux entreprises qui exportent à l’état brut les matières premières.
Des années plus tard, la réalité commence a donné raison aux porteurs de cette vision. Car de nos jours, on compte de centaines des entreprises installées dans la zone de NKOK. Une création d’emplois en faveur de plus de dix mille jeunes.

L’industrie de bois, fabrication des aciers, production des produits pharmaceutiques, installation de centre de formation professionnelle … viennent confirmer la nouvelle vision de la transformation de l’économie Gabonaise à travers le secteur l’industrielle.

Aux côtés des industries basées dans la zone de NKOK, le Gabon c’est lancé dans l’industrie de gaz en interdisant le torchage de gaz issue de l’exploitation du pétrole. Le gaz constitue désormais une source d’énergie électrique. C’est le cas de central à gaz de Port-Gentil.
Dans le secteur agroalimentaire, le Gabon à travers la multinationale OLAM c’est lancé dans la production des produits agricoles. Dans sa filiale PALME, le Gabon cultive, récolte et transforme le palme en produits finis avant exportations ou à destination des marchés Locaux.
Dans le secteur de la pêche, la création d’une plateforme de gestion de poisson basé au port d’OWENDO matérialise la volonté de migrer vers l’industrialisation du secteur.

En somme, le Gabon depuis quelques années oriente sa politique vers l’industrialisation de son économie.
Mais pour que cette vision se concrétise plus rapidement il faudra absolument régler le problème d’électricité. Il faut diversifier la source d’énergie et ouvrir le marché d’électricité aux nouveaux partenaires. Il ne faudra pas limiter production électrique destinée aux ménages, mais surtout investir sérieusement pour réduire le cout de l’énergie et aider les industriels à accéder à l’énergie de haute tension. Ajouté au problème d’énergie il va falloir régler le problème de route et de la main d’œuvre qualifiée. À ce sujet nous pensons les projets « Transgabonais » le centre de formation installé à NKOK pourront y répondre.

Côte d’Ivoire 

Dans royaume du cacao, la côte ivoire également suit le même dynamisme de l’industrialisation;notamment dans le secteur agroalimentaire. Depuis quelques années une politique de transformation de son cacao en produits fini avant exportations est en train de se mettre en place.

Comme la majorité des pays Africain l’économie ivoirienne s’est longtemps basée sur les ressources financières issues de la vente des ressources naturelles en tête desquelles le CACAO brut. Nous remarquons ce dernier temps, une prise de consciences du pouvoir public et des entrepreneurs sur la nécessité d’investir dans le secteur industriel.La mise en place de politique industrielle et l’identification des secteurs prioritaires illustrent cette prise de consciences.

En 2017 la cote d’ivoire a fait appel à la BAD pour financer un projet de chocolaterie local qui nécessite somme de 1,2milliarde d’USD. A cote de ce projet, nous remarquons un engouement des jeunes entrepreneurs pour non seulement transformer le cacao en chocolat mais également transformer les résidus pour d’autre consommation.
Dans le contexte du grand projet de la Zone de libre Échange Continentale Africaine (ZLECAF) qui offre
1,2 milliaire des consommateurs, la cote d’ivoire aura plus à gagner en poursuivant le processus d’industrialisation du secteur cacao. Comme les autre pays, la cote d’ivoire doit également régler le problème d’énergie électrique.

Tchad

Depuis la découverte du pétrole de Doba, le Tchad a subi ce qu’on appelle « le syndrome hollandais ». Le pouvoir de Ndjamena à oublier le secteur porteur comme l’agriculture et l’élevage. Mais depuis cette dernière décennie, le Tchad a compris qu’il faut absolument diversifier son économie en mettant l’accent sur l’industrialisation et surtout la transformation locale des ressources naturelles.

La création de l’industrie de cimenterie de PALA au Sud du Tchad, la création des trois abattoirs modernes dont celui Moundou en cours de finalisation. La création de ces abattoirs est le résultat de la vision de développement définie dans le « PLAN NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT (PND) ». La création des abattoirs modernes a pour but de réduire le nombre des bétails exportés sur pied et favoriser l’exportation de viande fraîche du Tchad vers les pays de la sous-région et aux autres pays du continents Africain.

Au moment où les multinationales non africaines cherchent à s’installer en Afrique pour profiter des avantages de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAF), les États sont obligés d’industrialiser leurs économies. Sinon ils risqueront de faire circuler des marchandises des entreprises étrangères produites localement ou des marchandises importés de certains pays.

L’Afrique détient une richesse inestimable en matière première (mines, pétrole, gaz, la forêt…). Ces ressources naturelles sont peu exploitées. La petite partie exploiter profite aux industries étrangères. Il est donc temps que les pays africains se lancent réellement dans transformation de leurs ressources naturelles en produit finis. Pour réussir cette mission, il est impératif de régler le problème d’énergie électrique destinée aux industrielles. Encourager la formation technique ; Il faut inventer des champions nationaux et des vrais industriels et non des sous-traitants. Il faut une vraie révolution industrielle à l’Africaine.

Nestor DJIKOLOUM, Économiste, Expert en Développement Durable, Expert en stratégie de mobilisation de Ressources et partenariat, Consultant MCCA

Nestor DJIKOLOUM, Économiste, Expert en Développement Durable, Expert en stratégie de mobilisation de Ressources et partenariat, Consultant MCCA