À entendre ou à lire le discours de vœux du 31 décembre 2021 à la Nation du président de la République, on peut affirmer, sans le moindre doute, que les nègres de service d’Ali Bongo Ondimba n’ont jamais lu le livre « Un président ne devrait pas dire ça  » de Gérard Davet et de Fabrice Lhomme et ne savent même pas quel est l’objectif d’un discours de vœux à la Nation.

En effet, dans ce discours de fin d’année, les mots choisis et mis dans la bouche d’Ali Bongo Ondimba sont d’une légèreté honteuse. Rien dans ce texte, lu par le chef de l’État, et certainement inspiré par des individus au caractère épidermiques, chargés de haine ou de complexes, ne renvoie à la notion de République. Bien au contraire, il est pompeux (plus de 20 pages format A4) et injurieux. Une attitude qui désacralise la fonction présidentielle en même temps qu’elle tranche avec les habitudes enregistrées jadis chez le chef de l’État.

En comparant les différents discours à la nation d’Ali Bongo Ondimba avant son accident vasculaire cérébral et celui du 31 décembre 2021, le style dans son fond et dans sa forme est tellement différent qu’on pourrait écrire un livre intitulé « Ali Bongo Ondimba ne parle pas comme ça « . Même au plus fort des différentes crises depuis 2009, le président de la République n’a jamais insulté ses compatriotes comme il vient de le faire.
Cette grossière innovation dans l’attitude d’Ali Bongo Ondimba ne peut que pousser le citoyen avisé à une réflexion profonde sur la réelle situation du président de la République. (1) Serait-il l’otage d’un gang de gens sans foi, ni loi qui, comme des terroristes affolés et désormais apeurés lui font dire tout et n’importe quoi sur la base d’un quelconque chantage ou d’une basse menace ?

Souvenons nous qu’il était question pour certains proches du chef de l’État « d’enculer la République ». Cette vulgarité sortie des archives de Ryad nous en dit long sur ceux qui désormais entourent le président de la République. On comprend mieux l’influence qui tend à peser sur le nouveau style langagier d’un homme fragilisé par la maladie.
En 1962, afin de fuir « le régime des partis » qui déstabilisait les institutions de la République et rendait le président de la République dépendant des diktats des partis politiques, le général de Gaulle, concepteur de la cinquième République, avait proposé l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Seul au peuple il devait rendre des comptes.
Notre pays le Gabon, étant une ancienne colonie française qui a hérité de son dispositif constitutionnel et institutionnel, a de fait adopté cette volonté de rendre libre et indépendant le premier des citoyens. Il ne revient donc pas à l’entourage du chef de l’État de créer de nouveaux mécanismes pour le rendre dépendant ou faire de lui la marionnette de leurs caprices. Du discours de fin d’année à la défiance envers des décisions de la cour constitutionnelle, nul ne reconnaît la marque d’Ali Bongo Ondimba.

(2) Dans ce changement radical constaté après son AVC, Ali Bongo Ondimba n’aurait tout simplement plus toute sa tête au point de lire des mots qui sont totalement étrangers à sa nature que nous connaissons? Rien n’est moins sûr. Seules les conclusions d’une commission médicale agréée pourraient nous situer avec précision sur cette situation inquiétante et dangereuse pour le pays.
Tout compte fait, qu’on soit dans la première hypothèse ou la deuxième, la situation du président de la République mérite d’être appréciée dans le souci de protéger le Gabon d’abord des pères fondateurs de notre pays.
Traiter des pères et des mères de famille d’irresponsables en plein réveillon du nouvel an est une injure inacceptable et indigne d’un président de la République. Traiter d’irresponsables, dans un discours de fin d’année, des enseignants et des fonctionnaires divers qui revendiquent leurs droits est une injure regrettable.
Le président de la République ne gère ni des sujets et encore moins des animaux.
Il y a belle lurette que l’esclavage a été aboli dans bien des espaces du monde. Au Gabon, jusqu’à preuve du contraire, cette tare de l’invention humaine n’a jamais été légitime. Par conséquent, que ceux qui rédigent les discours du président de la République gardent toujours à l’esprit que, de la même façon que la Constitution lui confère des pouvoirs, cette même Constitution reconnaît des droits aux citoyens, parmi lesquels le droit de grève. Que les esclavagistes à la manœuvre fassent alors très attention.
Ils gagneraient à lire le livre de Luc Mary intitulé  » Les derniers jours des Romanov » paru chez L’Archipel ou à revivre la chute d’Abdellaziz Bouteflika en Algérie et la descente aux enfers de Saïd Bouteflika, le régent en imposture. Car, ceux qui ignorent l’histoire sont condamnés à la revivre.

Face à cette situation inquiétante pour la stabilité de notre pays et le fonctionnement régulier de nos institutions, il revient aux forces républicaines diverses de mieux protéger le président de la République qui semble être en danger ou en incapacité non déclarée. Les dérives que nous constatons au sommet de l’État appellent de plus en plus à la mise en place de cette commission sanitaire pour apprécier la réelle situation d’Ali Bongo Ondimba qui est à protéger au nom de ses fonctions.
Au-delà des mots insupportables et irresponsables contenus dans ce discours, la majorité des gabonais s’est demandée de quel pays parlait le président de la République. Était-ce du Gabon de Jean Marc Ekoh Ngyema ou celui de Guy Christian Mavioga? Certainement pas. La preuve qu’il y a une très grande déconnexion entre la réalité du quotidien des gabonais et les fameuses réalisations énoncées.

D’ailleurs, rien ne devrait surprendre l’opinion publique puisque ceux qui entourent et influencent désormais le chef de l’État, esclavagistes patentés, complexés certifiés, haineux dangereux et légion étrangère en miniature n’ont jamais mis les pieds dans près de 90% des départements du Gabon. De ce pas, ils ne peuvent que parler de leur Gabon qu’ils limitent à quelques quartiers de Libreville, principalement « leur bord de mer paveté » et un peu leur Port-Gentil « copilé ». Quoi de plus cohérent avec le discours du 31 en plus d’y ajouter ce caractère irresponsable.
Les autorités républicaines doivent prendre leurs responsabilités. Nous ne voulons pas de cette république des émotions où la grossièreté et la méchanceté deviennent la norme. La présidence de la République est une affaire sérieuse et pas un espace réservé à des esclavagistes irresponsables dans l’âme.

Par Télesphore Obame Ngomo