Depuis que le scandale de l’enquête parlementaire sur la gestion scabreuse des fonds alloués pour le covid-19 a explosé, on n’a ni entendu l’infographe aux complexes généralisés, dit-on porte parole de la présidence de la République, venir faire son verbiage creux habituel, ni entendu le président de l’assemblée nationale venir justifier le silence qui régnait sur ce travail qui, sans ambages, accable les proches collaborateurs du président de la République.

Précisons toujours que ce sont eux qui avaient l’entière responsabilité de la gestion de cette manne financière qui a connu des destinations imprévues et inconnues. Donc, ils ne pourront nullement échapper au procès qui s’imposera tôt ou tard. Tout ceci nous permettra enfin d’appliquer les méthodes de l’Union européenne ou de la France, l’heure de l’accumulation des preuves ou des charges. Et nous y sommes bien. Ils répondront, comme l’ont fait Karim Wade, Isabel Dos Santos, Saïd Bouteflika jusqu’au dernier centime détourné.

Autrement dit, au nom de qui sont prises ou rendues les décisions, les lois dans ce pays? Au nom du PDG ou au nom du peuple gabonais? Si c’est au nom du PDG, alors il y a une violation de la Constitution qui appelle à la dissolution de cette législature de l’assemblée nationale. Si c’est au nom du peuple gabonais, alors pourquoi ce rapport a dû bénéficier d’une fuite d’un véritable patriote pour être rendu public comme cela aurait dû être fait?
L’histoire de la collaboration a montré que, ceux qui soutiennent l’oppresseur ou couvrent les fautes des tortionnaires finissent toujours dans les poubelles de l’histoire. Qui parle encore des faits d’armes patriotiques du général Pétain ou de sa brillante carrière de soldat français? Personne. Il avait choisi le camp de la facilité et de l’ennemi. La France résistante et victorieuse le lui fait payer jusqu’à ce jour. Une sentence méritée au nom des millions de victimes.
Ceux dont les entreprises sont citées dans ce rapport d’enquête parlementaire multiplient les délits ou les chefs d’accusation. Pourquoi donc couvrir les auteurs de tels méfaits quand certains se trouvent aujourd’hui en prison pour moins que ça? Où sont les milles et une task force qui ont été mises en place pour surveiller et traquer les voleurs de la République? Pourquoi la justice ne s’autosaisit pas de cette affaire puante? Sommes-nous désormais dans une République à double vitesse? Certains auraient le droit de piller le pays quand d’autres pour une boîte de sardine dérobée se retrouvent en prison? Le silence des députés est inquiétant et complice.

Auraient-ils eu leur part dans cette vague de détournements de fonds publics au point de se taire et de maudire le patriote qui a osé dire ou crier « Gabon d’abord »? Des centaines de commerces sont aujourd’hui fermés à cause de la mauvaise gestion desdits fonds. De nombreuses entreprises ont des paiements en souffrance au trésor public du fait des grossiers détournements constatés et avérés. Des milliers de gabonais sont au chômage et maudissent Dieu parce que la répartition des fonds alloués pour le covid-19 se retrouvent entre les mains de moralisateurs voleurs. Des responsables de famille peinent à joindre les deux bouts du fait de la dureté et la stupidité des mesures prises par le gouvernement, prétextant de lutter contre le covid-19.

Pendant tout ce temps, des esprits véreux s’engraissent allègrement avec les aides qui ont été données pour lutter contre le covid-19. Et malgré ces grossiers délits démasqués et constatés par les Parlementaires, ces cyniques génies se sont crus en droit de pondre des arrêtés en défiance. Non seulement ces décisions étouffent le peuple gabonais, mais en plus, elles tendent à faire perdre aux gabonais leur dignité. Quelle est cette boulimie financière? Que font ces grands moralisateurs avec autant d’argent? Comme le dirait Jacques Chirac, il ne manque pas de culot ceux-là.

Les députés de la législature en cours doivent garder en mémoire qu’ils ont désormais un contentieux avec le serment de leur mandat, avec le peuple gabonais et avec l’histoire. Ils auront à répondre de cette attitude lâche et traître, dans cette vie ou ailleurs. Des pères irresponsables, nous vos enfants nous n’en voulons pas, à défaut de dire publiquement que vous nous faites honte. Vous avez le devoir de donner une suite judiciaire à cette enquête parlementaire sinon elle va s’imposer à vous et vous serez jugés comme complices de détournement de fonds. C’est dit et c’est tout.
C’est quoi ce pays où désormais ce sont les femmes qui sont les plus courageuses et les plus audacieuses. A cette allure, une femme présidera.

Sous d’autres cieux, on avait quand même vu le député PS, Arnaud Montebourg, demander que Jacques Chirac, alors président de la République, soit traduit devant la haute cour de justice, lorsque son nom avait été cité dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Quid alors de la capacité de nos députés à agir pour défendre la République et ses valeurs? Des milliards appartenant au peuple ont quand même été détournés sous le couvert des paiements étranges. C’est ce que dit votre enquête parlementaire. Maintenant on fait quoi?

Par Télesphore Obame Ngomo