Dégagez, c’est tout(…). Tel est le mot qui mérite d’être flanqué à la face des députés de l’opposition qui se sont aventurés à faire une déclaration digne de véritables profito situationnistes.

On ne peut mieux résumer le rôle de l’opposition en République qu’en surfant sur la définition héritée de l’honorable Pierre Mamboundou Mamboundou qui disait: un gouvernement gouverne et une opposition s’oppose. Autrement dit, malgré le nombre insignifiant des députés de l’opposition à l’assemblée nationale, malgré les maigres chances dont ils disposent pour faire passer un texte ou pour empêcher le vote d’une loi, il leurs restait au moins la bataille ou la pression médiatique. Qu’ont-ils fait depuis le refus de la dernière modification constitutionnelle? Rien.
D’ailleurs, à ce niveau, les députés du PDG sont même plus excusables qu’eux. Si on peut comprendre qu’ils sont tenus par la ligne irréfléchie du parti conduite par certains apprentis sorciers et des collégiens sans tenue réglementaire, le silence des députés de l’opposition face à tout ce qui s’est passé entre temps dans le pays ne s’explique pas.

Cette tentative de vouloir échapper au marquage négatif qui pèse desormais sur la législature en cours ne marchera pas. Il a fallu que le Copil citoyen s’active pour affronter et démystifier le gouvernement d’Édith Cresson du Gabon, que la cour constitutionnelle prenne ses responsabilités en rappelant aux deux autres pouvoirs leurs prérogatives, pour qu’enfin les députés dits de l’opposition sortent du bois et dénoncent une réalité qui agace très sérieusement les gabonais.

Aucune récupération politique de cette situation d’incompétence démasquée ne sera faite. Jamais on n’a entendu les députés de l’opposition s’indigner suite au rapport de l’enquête parlementaire sur la gestion scabreuse des fonds covid-19 alloués à l’État gabonais. Or, c’est à ce niveau que les gabonais les attendaient.

On n’a jamais entendu les députés de l’opposition refuser les conditions de détention et d’arrestation arbitraires qui pilulent dans le pays. Or, c’est à ce niveau que le peuple gabonais les attendait. On n’a jamais entendu les députés de l’opposition contester la gabegie financière grossière qui sévit dans notre pays. Or, ce silence traduit une complicité qui exècre les gabonais.
Face à tout ce qui précède, il convient de s’approprier la formule servie par Jean Luc Mélenchon à la classe politique française dite ordinaire: « dégagez ». Cette opportunisme ne sera nullement validé.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En effet, lorsque les événements de mai 68 ont commencé, aucun acteur politique de l’opposition n’a voulu s’inviter à cette bataille où le général de Gaulle, icône de la France libre, se montrait plus que prêt. Aussi, ce n’est qu’une fois la mayonnaise bien montée, grâce à la ténacité des étudiants et à la détermination des syndicats, que Pierre Mendes France et François Mitterrand, en bons opportunistes, ont voulu surfer sur la vague.

Malheureusement, ils ont été tres vite neutralisés car il ne fallait surtout pas donner à ce mouvement contestataire justifié un fort relent politique. Ce qui permit par la suite la mise en place des accords de Grenelle piloté par Jacques Chirac. Plusieurs grandes réformes sur le plan social ont été prises. Ce nouveau rapport de force établit justifia en grande partie la fragilité puis la démission du général de Gaulle l’année suivante.

De la posture délicate et opportuniste des députés de l’opposition, il sera fait procès-verbal moral. Toutefois, tout le mérite des bouleversements en puissance demeurera au crédit de la société civile et des institutions républicaines, dont la cour constitutionnelle, qui rendent continuellement hommage à l’état de droit. Il fallait être là aux temps chauds où l’arrogance et la suffisance des collégiens étaient les seules réponses servies aux interrogations et revendications légitimes du peuple. C’est tout…

Par Télesphore Obame Ngomo