Finalement, quel était le réel motif de la joie débordante du peuple burkinabè dimanche dernier? Était-ce la chute du président de la République, Roch Kaboré ou la victoire des étalons face aux panthères du Gabon? Cette question n’est pas restée longtemps sans réponse car les amateurs de football ont très vite appelé à un retour à la concentration quand le commun des mortels du Faso a continué à célébrer la chute d’un roc.

Ni la famille du président déchu, ni le parti politique qui le soutenait, ni les membres de son gouvernement, ni les courtisans et même pas une partie de l’armée n’a levé le petit doigt pour apporter le moindre soutien à ce rocher désormais effrité. C’est dire combien de fois les salamalecs adulés par les squatteurs du sommet de l’État sont nuisibles et aveuglants. Ils empêchent de voir et d’apprécier la réalité.

Quand on voit qu’aucun député, aucun ministre, aucun responsable du PDG, très peu de hauts cadres de la République ne s’indigne face au traitement inhumain qui est fait à Brice Laccruche Alihanga, on comprend que la morale a vraiment foutu le camp de notre pays. Est-ce normal qu’en 2022, on mette encore quelqu’un en isolement total sans que cela n’émeuve quiconque? Pour quel crime commis?

Il nous avait été dit qu’il avait détourné des milliards. Étrangement il est jugé pour une affaire de faux papiers. Jamais il n’a été fait la moindre démonstration de détournements de fonds publics. Est-ce normal ces jurisprudences dangereuses qu’on crée dans notre pays?
Et les milliards détournés qu’on a tous constaté dans le rapport de l’enquête parlementaire de l’assemblée nationale, les 441 milliards de francs XAF d’évasion fiscale malgré la multitude de task force, les empires immobiliers obtenus le temps d’un clin d’oeil, pourquoi les acteurs de tels méfaits ne sont-ils pas sanctionnés? Deux poids, deux mesures, ce n’est de ce Gabon que nous rêvons. A ce niveau, à chacun sa conscience.

Même Nelson Mandela qui avait été condamné parce qu’il plaçait des bombes dans l’optique de libérer son peuple de l’oppression blanche n’était pas en isolement. Même les meurtriers, les violeurs et autres bandits de grand chemin ont droit au minimum. L’ONU comme la France, pays des droits de l’homme, a condamné cet état de fait. Mais cela n’a pas changé la situation de Brice Laccruche Alihanga. Quelle force, pour quel bras de fer?
L’actualité internationale voudrait que l’on évoque la nouvelle loi prise récemment par les députés français. Celle-ci vise à protéger les Français détenus à l’étranger. Parmi les cas emblématiques cités, il y avait celui de Brice Laccruche Alihanga. Dès cet instant, faisons attention aux signes du temps. C’est justement cette présence d’esprit qui a manqué à Roch Kaboré qui tutoie désormais le passé politique du Burkina Faso.

L’entêtement, l’arrogance et la défiance tout azimut sont des défauts qui ne laissent jamais présager une fin politique heureuse. Et malheureusement, les collégiens du bord de mer et leur source d’inspiration malsaine sont sur cette voie. Nul doute que bientôt ils perdront leur voix. Si des solides comme Ben Ali, Idriss Deby, Joseph Kabila, Alpha Condé et Roch Kaboré qui maîtrisaient la chose politique et ses codes sont tombés sans la moindre effusion de sang, il convient de méditer le proverbe qui dit « lorsque la barbe du voisin brûle, mouille vite la sienne ». C’est ce qu’a préféré faire le président du Niger qui a fui le palais présidentiel lorsqu’il a appris la chute du Roch Kaboré.

Que l’infographe haineux aux complexes multiples et variés qui dit porter la parole présidentielle rectifie le tweet du président de la République. Il ne s’agit pas d’une tentative de coup d’état mais bel et bien d’un coup d’état. On peut comprendre la peur de la réalité mais il faut dire ou servir la vérité au monde. Roch Kaboré a été chassé du sommet de l’État. Il se retrouve bien seul à méditer sur son sort. Du jour au lendemain, il est passé de la lumière à l’obscurité. Telle est la vérité.

Pour mieux apprécier politiquement cette réalité, il faut peut-être rappeler aux collégiens du bord de mer et à leur source d’inspiration malsaine que c’est la France de Jacques Foccart qui avait sauvé le régime de Léon Mba en 1964. C’est encore la même France, avec Roland Dumas, qui avait sécurisé le pouvoir d’Omar Bongo en 1993. C’est toujours la même France, avec Nicolas Sarkozy, qui accompagna Ali Bongo au sommet de l’État en 2009. Est-ce bien avec cette France que vous voulez établir un bras de fer dans les conditions que vos yeux voient tous les jours?
Il convient alors de vous dire quelle est la France d’Emmanuel Macron. C’est la France d’un homme qui a fait démissionner, sans état d’âme, plusieurs ministres de son gouvernement parce qu’ils n’étaient pas de moralité louable. Ces derniers avaient posé, jadis, des actes qui n’honoraient pas les valeurs de la République. Emmanuel Macron, c’est le président de la République d’une France qui applique la justice pour tous, y compris pour les anciens chefs d’état. Nicolas Sarkozy a bien été condamné à faire de la prison. C’est dire que c’est pas avec ce type de profil qu’on fait les zouaves au sommet de l’État.

Dès l’instant où on est conscient de toute cette histoire politique et qu’on s’informe des agir du personnage chez lui, on réfléchit par deux fois avant de donner un coup à la cinquième puissance mondiale. Votre affaire de Commonwealth pue et cette virée aux allures de menaces en Russie ne passent pas. Ces transgressions faites sont sans appel et sont tout simplement de l’ordre de la folie.

Aussi, on peut déjà prédire la fin inéluctable de cette colonie de vacances au sommet de l’État. L’imposture n’a que trop duré. Même le Roch, démocratiquement élu, est tombé. C’est dire…

Par Télesphore Obame Ngomo