Le discours véhément de Jean Ping tenu récemment sur les antennes de France 24 n’est nullement anodin. Il appelle le pouvoir en place à la plus grande des prudences. Car, sa principale digue de sécurité ou de protection a sauté. Tout peut alors arriver au sommet.

En effet, pour qui connait le fonctionnement diplomatique et médiatique français, l’intervention de l’ancien président de la commission de l’Union africaine est une alerte rouge maximale à prendre très au sérieux.

Autrement dit, le pouvoir en place devrait plus que jamais prendre toutes les dispositions pour faire face aux conséquences du casus belli posé publiquement à l’Occident.
Du temps de général de Gaulle, le discours dure et déterminé de Jean Ping sur France 24 aurait été assimilé à ce fameux feu orange. C’est-à-dire, agissez dans le sens qui nous arrange tous sans pour autant que nous ne soyons cités ou vus.

Le raffinement de cette méthode visqueuse et vicieuse a été développée durant l’ère mitterrandienne. C’est sous les conseils de ses communicants, Gérard Colé et Jacques Pilhan que l’idée de se doter d’un monsieur télé de l’Élysée est née. Jadis c’était le journaliste vedette Yves Mourousi qui jouait ce rôle. L’objectif de ces mises en scène était de sauver politiquement la tête de François Mitterrand ou de vendre ses réformes les plus difficiles à valider.
Ces dernières années, c’est le journaliste Marc Perelman qui est sollicité lorsqu’il s’agit d’aborder les questions politiques les plus graves de l’heure en Afrique. Les différents passages de Robert Bourgi en font foi. Et qui mieux que RFI, France 24 ou TV5 Monde pour vendre et défendre la politique extérieure française dans le monde? D’aucuns diraient même que ces médias seraient les bras armés de la politique du Quai d’Orsay.

Par conséquent, lorsqu’on choisit le journaliste Marc Perelman, qu’on réécoute la froideur des questions posées par ce dernier à Jean Ping et lorsque la chaîne de télévision France 24 offre une aussi longue tribune au principal adversaire politique d’Ali Bongo, c’est que des lignes diplomatiques ont sérieusement bougé.

Aussi, la question à poser serait: qu’est-ce qui aurait suscité l’ire de Paris contre le pouvoir en place au Gabon si ce n’est l’indiscipline récurrente du Gabon? La politique, dit-on, se fait avec ses réalités. Et quelles sont-elles vis à vis de l’Occident?
Afin d’arrêter cette défiance envers les grandes puissances devenue indigeste, le feu orange semble avoir été donné à Jean Ping pour en découdre avec le pouvoir en place à Libreville. En d’autres termes, Jean Ping a enfin obtenu en 2022 le soutien des forces multiples qui lui ont manqué en 2016.

Il ne manquerait plus qu’une alliance stratégique entre les anciens alliés politiques locaux de 2016 pour définitivement recréer le paysage politique national. Surtout que les principaux acteurs de l’élection présidentielle d’août 2016, côté pouvoir en place, ont tous été mal remerciés.
Une chose est certaine, à ce stade des choses, la guerre en Ukraine fera des morts politiques en Afrique. Jean Ping n’est pas fou. Les termes de sa mission sont très très clairs. Comprendra qui pourra.

Par Télesphore Obame Ngomo