La Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dre Matshidiso Moeti, a exprimé ce 24 mars 2022 à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la tuberculose son ambition de voir impérativement accroître le financement provenant de sources nationales et de donateurs internationaux en faveur de la lutte contre la tuberculose afin d’éviter que les gains importants réalisés contre cette maladie au cours des dernières décennies ne soient inversés, Dre Matshidiso Moeti, dans son message met un accent sur la sensibilisation du grand public, et rappelle que la tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles au monde, évoque également les répercussions sanitaires, sociales et économiques dévastatrices de cette maladie. Mieux, elle a appelé à la solidarité en lançant un appel aux gouvernements pour qu’ils mobilisent un appui financier national supplémentaire au profit de la lutte contre la tuberculose, en plus des contributions au Fonds mondial, qui a lancé le mois dernier la septième campagne de reconstitution de ses ressources, à hauteur de 18 milliards de dollars É.-U., l’ambition étant de contrecarrer les répercussions catastrophiques de la Covid-19 sur la lutte contre la tuberculose.

L’intégralité de son message.

«La Journée mondiale de la tuberculose est célébrée le 24 mars de chaque année pour sensibiliser le grand public, lui rappeler que la tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles au monde, et présenter les répercussions sanitaires, sociales et économiques dévastatrices de cette maladie. Le thème retenu pour l’édition de cette année, «Investir pour mettre fin à la tuberculose. Sauver des vies », souligne le besoin urgent d’investir les ressources nécessaires pour intensifier la lutte antituberculeuse et réaliser les engagements pris par les dirigeants mondiaux de mettre fin à la tuberculose.

Lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose qui a eu lieu en 2018, les dirigeants mondiaux ont convenu de mobiliser 13 milliards de dollars É.-U. par an afin de financer la prévention et le traitement de la tuberculose avant la fin de 2022. Pour faire face aux préoccupations croissantes concernant la tuberculose pharmacorésistante, les dirigeants mondiaux ont en outre promis de lever deux milliards de dollars É.-U. additionnels par an afin de financer la recherche dans le domaine de la tuberculose.

Cependant, le financement alloué aux services de prévention, de diagnostic et de traitement de la tuberculose reste bien en deçà des besoins estimatifs mondiaux et de la cible mondiale fixée par les Nations Unies. En 2020, les dépenses mondiales consacrées aux services de lutte contre la tuberculose sont tombées à 5,3 milliards de dollars É.-U., alors que le financement de la recherche se chiffrait à 901 millions de dollars É.-U.

Si l’ambition des plans stratégiques nationaux s’est accrue, tout comme les budgets y afférents, l’on peut constater que la mobilisation des fonds n’a pas suivi le même rythme. En Afrique, les gouvernements ne consacrent que 22 % des ressources nécessaires à la prestation de services suffisants de lutte contre la tuberculose, et 44 % de ces ressources ne sont pas financées, ce qui entrave sérieusement les efforts visant à réduire la charge épidémiologique due à cette maladie.

L’Afrique du Sud et la Zambie sont les meilleurs exemples de pays à forte charge de tuberculose qui ont constamment augmenté le volume du financement national alloué de manière spécifique à la lutte contre cette maladie. En 2020, l’Afrique du Sud a fourni 81 % du financement national destiné aux activités de lutte antituberculeuse. Depuis 2015, la Zambie a multiplié par sept le volume du financement national alloué à la lutte antituberculeuse.

Nous devons impérativement accroître le financement provenant de sources nationales et de donateurs internationaux si nous voulons éviter que les gains importants réalisés contre la tuberculose au cours des dernières décennies ne soient inversés. Au rythme actuel des avancées, il ne sera pas possible d’atteindre la cible des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies qui vise à mettre fin à l’épidémie de tuberculose d’ici à 2030.

Pour atteindre cette cible, l’incidence de la tuberculose aurait en effet dû enregistrer une baisse annuelle comprise entre 4 % et 5 % en 2020, puis continuer de régresser jusqu’à 10 % par an d’ici à 2025 et embrayer sur une baisse moyenne de 17 % par an au cours de la décennie suivante. En 2021, le nombre de décès associés à la tuberculose dans le monde a augmenté pour la première fois en plus d’une décennie. Les facteurs ayant contribué à cette hausse sont, entre autres, l’accès restreint aux moyens de diagnostic et au traitement de la tuberculose depuis l’avènement de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19).

Alors que 36 % des décès par tuberculose surviennent en Afrique, le fait de ne pas investir dans la lutte contre cette maladie devrait être lourd de conséquences pour les pays africains. L’augmentation des investissements peut changer la donne et atténuer la souffrance et la mort évitables de millions de nos congénères.

Aujourd’hui, je lance un appel aux gouvernements pour qu’ils mobilisent un appui financier national supplémentaire au profit de la lutte contre la tuberculose, en plus des contributions au Fonds mondial, qui a lancé le mois dernier la septième campagne de reconstitution de ses ressources, à hauteur de 18 milliards de dollars É.-U., l’ambition étant de contrecarrer les répercussions catastrophiques de la COVID-19 sur la lutte contre la tuberculose.

J’exhorte l’ensemble des parties prenantes à plaider en faveur d’investissements accrus et à veiller à ce que les services de lutte contre la tuberculose soient intégrés dans la riposte qui est organisée au niveau des soins de santé primaires. Nous devons également collaborer plus étroitement avec nos communautés, en tirant parti de l’expertise locale pour adapter les efforts de riposte en vue d’obtenir un impact optimal.

Je lance aussi un appel aux donateurs, au secteur privé, à la société civile et au monde universitaire pour qu’ils accordent une attention accrue à la nécessité d’augmenter de toute urgence les investissements dans la lutte contre la tuberculose et dans la recherche sur cette maladie, afin d’accélérer les avancées technologiques et l’adoption d’innovations pour mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030.»