“La personne qui garde bien sa barrière, mangera.”

À quelques kilomètres de Kango, les clôtures électriques, installées il y a un an par les équipes du ministère des Eaux et Forêts et l’Organisation Internationale Space for Giants, ont fait leurs preuves. Les bénéficiaires, qui ont suivi les consignes d’entretien avec minutie, témoignent leur soulagement et invitent les villageois à profiter de ce moyen offert par le gouvernement.

Sous le parvis de leur maison, Nadia Moussavou et sa mère, toutes deux propriétaires de plantations à Kafélé, près de Kango, sont assises l’esprit tranquille. “J’ai pu recommencer à vendre mes légumes à la route”, tient à préciser l’aînée. Depuis mars 2022, les deux femmes bénéficient de clôtures électriques mobiles, aussi appelées clôtures individuelles, et depuis “Aucun éléphant n’est rentrée”, constate Nadia Moussavou. En ce début de saison sèche, leurs quelques hectares abritent des plantations luxuriantes : bananier, tubercule, manioc… “Avant, on souffrait, racontent les Gabonaises. Aujourd’hui, grâce à la barrière, on a de quoi se nourrir et gagner un peu d’argent.”

Entretenir pour assurer la durabilité des clôtures

Le secret de l’efficacité du dispositif fruit de la collaboration entre le l’Etat gabonais à travers le Ministère des Eaux et Forêt et installé avec l’appui technique de l’organisation internationale Space for Giants, réside dans l’entretien de celui-ci. “C’est comme ton bébé que tu douches tous les matins, compare Nadia Moussavou. La barrière nécessite une surveillance quotidienne.” La mère de famille, dans un rituel bien orchestré, commence sa journée en prenant la tension au début et à la fin du câble électrique qui entoure sa plantation.

“Si le chiffre à l’entrée du courant diffère de celui à la sortie, je sais alors que quelque part entre les deux bouts, des feuilles, des branches ou du bois écrasent le fil.” Si l’agricultrice ne les retire pas, cela compromet la puissance des décharges administrées aux éléphants pour les repousser. Ou pire, si la végétation plaque la clôture au sol, alors les éléphants peuvent facilement enjamber et dévaster les champs.

Pour éviter un énième désastre, Nadia Moussavou prodigue ses conseils : il faut débroussailler régulièrement, ne pas partir en voyage sans demander à un voisin de s’en occuper, changer les bois sur lesquels est accroché le câble électrique avant qu’ils ne pourrissent et s’effondrent au moindre mouvement… “Les clôtures électriques sont un moyen efficace à condition qu’on en prenne soin », conclue-t-elle. La personne qui garde bien sa barrière, mangera !”