La promotion de la dimension-genre à des postes de responsabilité n’est plus un vain concept ou simple vue de l’esprit, mais plutôt une véritable matérialisation qui fait de la gendarmerie nationale gabonaise le corps leader de la féminisation de son personnel dont le Commandant en chef, le général de division Yves Barassouaga œuvre a préserver le leadership. De 1 % en 1973 à 17 % en 2015 ce nombre atteint aujourd’hui un pourcentage de 25,57 %. Au mois de juin de l’année en cours, la gendarmerie nationale a commémoré le cinquantenaire des personnels féminins.

Adèle Akérogalet, Égère Assanaga, Florence Binounou, Sabine Koula, Sophie Mbia, ne sont pas seulement des pionnières pour le Gabon, mais bel et bien pour l’Afrique noire, en traçant le chemin pour toutes les femmes qui intégreront les rangs de la gendarmerie, indique la revue Défense de la Gendarmerie nationale (d’août 2023).

Créée par le Décret-loi n° 19/PM du 30 décembre 1960, la gendarmerie nationale gabonaise devient en 1973, pionnières des gendarmeries des États d’Afrique noire par la féminisation de ses effectifs. Le 18 juin de la même année, une première promotion d’une soixantaine de jeunes filles est incorporée. De retour d’un stage de formation spécialement organisé à leur intention par la gendarmerie française au sein de laquelle il n’existe pas encore de corps féminins, cinq d’entre elles seront élevées au grade de Sous-Lieutenant. Elles ont su se démarquer et se faire une place au sein de ce corps d’élite.

Les qualités professionnelles de ces pionnières ont forcé l’admiration des autres femmes désireuses de faire carrière dans la gendarmerie et forger leur destin. Le nombre de femmes dans la gendarmerie et les places de choix occupées par elles dans la chaîne de commandement conforte une revendication de l’identité référencielle léguée par leurs devancières.

Au fil du temps, leur exemple a suscité des vocations, en même temps, que les femmes s’affirment au sein de l’arme. A l’exemple d’Égère Assanaga, la première a avoir gravit le grade de général. Elle est également la première femme à être nommée Commandant de Légion. Des années après elle, une autre femme est élevée devenant la plus jeune a être général et a occuper le prestigieux poste de Commandant en chef en second de la gendarmerie nationale. Et, aujourd’hui, promue Ministre de la défense nationale de la transition en la personne de Brigitte Onkanowa.

On peut également citer le Colonel Andeme Édou, première femme diplômée d’État-major et première femme de la gendarmerie brevetée de guerre. Le Colonel Aïssatou devient première femme de la gendarmerie en particulier et des Forces de défense et de sécurité en général à être nommée Attachée militaire d’ambassade a Washington (États-Unis).

La présence des femmes dans la gendarmerie est une réalité tangible (1489) personnels féminins. Des chiffres qui cachent des disparités. En effet, les femmes sont plus nombreuses dans le corps des Sous-officiers (1341) que de celui des Officiers (148). Il est évident que le corps des officiers est faiblement féminisé soit environ 9,93 %. C’est aussi dans le corps administratif que les taux de féminisation sont les plus importants (environ 60 % pour les Sous-officiers et 70 % pour les officiers).

La gendarmerie nationale gabonaise a tellement évolué, qu’en termes de responsabilité, les femmes sont présentes dans tous les domaines. Dès lors, elles prennent part aux mêmes formations que les hommes et en sortent diplômées, parmi les majors de promotion quelqu’un soit les stages.

En poste depuis 2020, le général de division Yves Barassouaga, Commandant en chef de la gendarmerie nationale gabonaise œuvre à la poursuite de ces efforts et veille à l’entretien de la dynamique car les femmes restent (encore) très minoritaires et de plus ce processus d’intégration ne pourrait prendre fin qu’avec l’ouverture de la gendarmerie mobile aux Officiers et Sous-officiers féminins non pas pour des emplois administratifs mais dans des escadrons et des pelotons.

Thierry Moctar