Si le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, n’avait pas déclaré, dans les colonnes du Figaro, la guerre à tous les voleurs qui ont détourné l’argent du covid-19 dans son pays, on aurait pu s’abstenir de poser la question de savoir: depuis qu’il y a eu des fuites sur le rapport de l’enquête parlementaire sur la gestion des fonds alloués au Gabon pour lutter contre le covid-19, pourquoi la communication présidentielle ne dit rien?

(1) Est-ce parce que le sujet serait inintéressant, ce qui est totalement surprenant pour des gens qui ont toujours été prompts à parler de lutte contre la corruption au point de mettre en prison une belle brochette de cadres de la République ou (2) est-ce parce que nos seigneurs de la morale, visiblement pris à la jugulaire, auraient des choses à se reprocher puisqu’ils ne sont pas étrangers aux entreprises citées, eux qui géraient lesdits fonds?
Comme disent les francs-maçons, le silence règne sur la République.
Malheureusement, les lois de la République qui hurlent justice devraient s’appliquer à tout le monde, et de la même façon. Comme en Afrique du Sud, des poursuites judiciaires et des sanctions doivent voir le jour, il en sera de même au Gabon. Certains ne peuvent pas être en même temps moralisateurs le jour et voleurs la nuit sans que la justice ne fasse son travail.

Il s’agit bien de l’argent public.Qu’on nous explique alors pourquoi 20 milliards de francs XAF auraient été dépensés dans un magasin de jouets en Asie quand on a asphyxié et mal dédommagé les tenanciers des snacks et autres boites de nuit?
Le silence des diverses task force et autres scorpions corrompus est tout simplement suspect. Une chose est sûre, avec les divers partenaires intérieurs et extérieurs du Gabon et ceux de l’organisation patronale des médias (OPAM), la presse libre entend pleinement jouer son rôle. Toute la lumière sera faite sur ce rapport qui est resté trop longtemps et anormalement sous le coude des députés. C’est désormais la méthode Fillon.

Cette situation plus que déplorable est la preuve que l’exécutif et le législatif ont échoué. Le dire n’est nullement une faute ou un outrage à quiconque mais un constat vérifiable par tous. Le rapport problématique qui a fuité cumule trop de délits inacceptables. Rien que sur la forme, sans même lorgner le fond, tous ceux qui ont laissé faire ces grossiers délires ont clairement échoué dans leur mission de servir la République en toute honnêteté.

Si Omar Bongo Ondimba qui est le fondateur même du système en place a pu dire dans son oraison funèbre politique  » Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes entrain de faire… », pourquoi un autre citoyen conscient ne pourrait nullement le dire ou le répéter sans que cela n’enrage la presse du palais qui se croit encore le droit de la ramener?
Il y a quelques jours, le monde entier assistait au baching public du président de la République après son post Twitter sur la situation au Burkina Faso. Chacun y allait de son injure la plus crasse à sa caricature la plus dégueulasse sans que la presse présidentielle ne leva le petit doigt. C’était tout simplement affligeant. Sous d’autres cieux, pas une pas deux, le responsable de la communication présidentielle aurait été viré sans ménagement. Mais hélas, quand on se tient par la barbichette, les critères de nomination ne sont plus basés sur la compétence mais sur la capacité à s’aplatir et à garder le silence après qu’on ait enculé la République.

Aussi, on comprend pourquoi le sujet sur le rapport de l’enquête parlementaire n’existe pas pour la communication présidentielle. On comprend pourquoi la presse du palais tente de faire diversion avec l’affaire de pédophilie et les diverses attaques ad hominem publiées ça et là. La dernière victime en date est l’honorable Jean Pierre Oyiba qui, sur les pas d’Omar Bongo a fait un bilan objectif et responsable de la situation du pays tout en fustigeant les propos honteux et scandaleux de l’ancien vice-président de la République qui déniait aux citoyens altogovéens le droit de se présenter à l’élection présidentielle à venir.

La presse présidentielle peut-elle nous faire le bilan du projet « L’égalité des chances »? Impossible, son responsable symbolise à lui tout seul la contradiction même dudit concept. Autrement dit, le porte-parole de la présidence de la République sait qu’il navigue en pleine imposture. Ni sa formation d’infographe certainement inachevée, ni son expertise risible en coloriage des sites internet, ni son expérience professionnelle en pointillé ne le qualifie pour le job qu’il bafoue à chaque apparition publique tout en rabaissant en permanence la fonction présidentielle.

Dans quel pays au monde a t’on vu une presse émargée au palais présidentiel? Pire, elle excelle dans le mercenariat en agressant, en insultant et en vilipendant des citoyens qui osent s’exprimer librement. Ceci explique bien pourquoi au lieu de parler des idées ou des chantiers, elle préfère verser dans le ridicule, le mensonge et la vulgarité. C’est tellement plus facile que de solliciter un débat sur les questions de fonds. D’où le monologue systématique des pompeuses conférences dites de presse du porte-parole de la présidence de la République.
D’ailleurs à quoi s’attendre avec de tels profils à la scolarité inachevée? Avec ça on peut bien affirmer que la communication présidentielle est malade.

Par Télesphore Obame Ngomo