Les 2 et 3 décembre derniers, la bibliothèque centrale de l’Université Omar Bongo (UOB) a accueilli une campagne de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et le harcèlement sexuel en milieu universitaire. Organisée par le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Technologique en collaboration avec l’ONG Mots et Maux de Femmes, cette initiative visait à briser le silence autour de ces phénomènes qui gangrènent les établissements académiques gabonais.

Durant deux jours, acteurs universitaires et membres de la société civile, parmi lesquels le recteur de l’UOB, des enseignants, des étudiants et plusieurs ONG, ont échangé sur les causes, les conséquences et les moyens de lutte contre le harcèlement sexuel. Selon les intervenants, ce fléau, encore trop souvent tabou, mine l’image de l’université et a des répercussions graves, tant sur les victimes que sur l’institution elle-même.

Des causes multiples et enracinées
Madame Marthe Maroundou, maître assistant CAMES en sociologie de l’éducation, a mis en lumière les diverses causes du harcèlement sexuel en milieu universitaire. Parmi elles figurent :

Le rajeunissement du corps enseignant, avec des âges proches de ceux des étudiants ;
La proximité informelle entre enseignants et étudiants ;
La déliquescence des valeurs éthiques et morales ;
Le silence institutionnel et le manque de sensibilisation sur la notion de consentement.
Madame Maroundou a également évoqué une réalité moins connue : des enseignants se retrouvent parfois victimes de harcèlement de la part de certaines étudiantes, amplifiant la complexité du problème.

Des conséquences lourdes

Le harcèlement sexuel engendre des conséquences psychologiques, académiques et physiques graves chez les victimes : stress, anxiété, troubles du sommeil et baisse des performances scolaires. À l’échelle institutionnelle, il ternit la réputation de l’université, selon Jean-Jacques Tony Ekomie, recteur de l’UOB.

Un combat collectif à mener

Face à cette situation alarmante, l’UOB prône des actions concrètes pour instaurer une tolérance zéro :

Renforcement des dispositifs juridiques contre le harcèlement ;
Mise en place de sanctions strictes pour les comportements inappropriés ;
Création de clubs et associations de soutien pour les victimes ;
Sensibilisation continue de la communauté universitaire.
« Les victimes doivent briser le silence. Il est impératif de développer une culture du respect et d’œuvrer ensemble pour redonner à notre université ses lettres de noblesse », a martelé le recteur Ekomie.

Un idéal à atteindre

Une université sans harcèlement sexuel reste un défi ambitieux mais nécessaire. Cette campagne marque un pas important vers cet objectif. Toutefois, pour atteindre cet idéal, il faudra une mobilisation continue de toutes les parties prenantes, afin que l’UOB puisse redevenir un espace sûr et respectueux pour tous.

Beverly Obono