Pour revenir au discours du président Ping. « On fait le médecin après la mort. » Tiré du dernier discours de Jean Ping. Combien de fois faut-il échouer pour revoir le mode opératoire ?
Rappel de l’histoire politique de notre pays. En 1993, l’opposant Paul Mba Abessole avait imposé le boycott. D’ailleurs c’est à cette époque que le Gabonais lambda avait connu ce mot. Quelques années plus tard, Pierre Mamboundou faisait un remake en usant de la même stratégie du boycott.
De 2009 à 2010, André Mba Obame. A son tour, faisait valoir le boycott. Au final, le boycott avait laissé un boulevard au PDG, parti au pouvoir.
En 2016 avec le président Jean Ping Okoka, on renoue avec du déjà vu. Sous la table, il y a eu des assurances d’un portefeuille bien rempli et d’autres arrangements non-dits… Après contestation d’une élection présidentielle qui aurait bien pu se passer, les choses sont en l’état. Attaque du QG de l’opposant, présomptions d’assassinat, arrestations de militants, etc… J’ai vécu ces moments douloureux pour avoir été responsable de la sécurité du QG de Ping et membre de la CENAP, l’organe chargé du scrutin national.
Aux législatives-locales couplées de 2018, le même président Ping va prôner l’abstention, le NON au vote des Gabonais. Pour offrir une fois de trop un boulevard au pouvoir, lequel rafle le vote dans toutes les circonscriptions même celles que l’opposition aurait dû gagner. Consigne : «On ne va à aucune élection avec un pouvoir illégal et illégitime. » Curieusement, c’est le même pouvoir qui gère l’opposition aujourd’hui. Elle ne refuse pas d’obtempérer aux lois votées par cette assemblée. Bref ! Je suis étonné que le même Ping pointe du doigt et fasse un discours que n’importe quel Gabonais aurait prononcé. On n’attend pas cela de vous, M. Ping…
Vous refusez la réalité, mais sachez que l’opposition fait en ce moment sa mue. Y sont regroupés des jeunes de plus en plus nombreux, déterminés, dynamiques et waze. La jeunesse a compris ce qui se passe dans le Gabon de nos ancêtres.
Moi particulièrement.
Je vous pardonne personnellement votre lassitude. Un sage avait dit, je cite : « Au moment du trouble, garde le silence plutôt que de t’exprimer » L’actuelle Assemblée nationale compte 15 députés de l’opposition contre 143 pour le compte de la majorité et alliés. C’est le résultat du NON au vote, c’est-à-dire le boycott. Que chacun en tire la leçon…
La conséquence, les députés de la majorité font passer les lois comme une lettre à la poste. Il est fort troublant de s’apercevoir que certains en soient étonnés. Que les deux chambres du parlement votent à l’unisson ne devrait surprendre que ceux qui le veulent bien ! Il paraît que les députés sont l’émanation de la volonté du peuple. Sous-entendu, si le peuple dit NON, leurs représentants devraient dire autant.
À cause de vous, nous sommes passés à côté d’une opportunité historique dans notre pays. Que dire ? Le Gabonais regarde le ciel et ne trouvant aucune solution. Excusez mon franc propos, mais ceux qui se réclament de l’opposition savent de quoi je parle. A présent, quel est le projet de l’opposition ? A-t-elle une vision pour 2023 ? Que va-t-elle sortir des cartons ? Encore le boycott de Mba Abessole ? Celui de Mba Obame ? Le boycott, toujours le boycott ?
Nombre de compatriotes qui pensent que l’opposition ne peut gagner une élection au Gabon. Elle peut gagner s’il y a une stratégie, un bon management politique.
C’est tout. Abîm té !