Ce vendredi, 11 décembre 2020, l’Assemblée nationale a rendu hommage au Dr Marcel Eloi Rahandi Chambrier, dans l’éloge funèbre prononcé par le président Faustin Boukoubi, au nom de la Nation toute entière, réunie pour rendre hommage à une de ses illustres personnalités, mieux encore, un des valeureux fils de notre cher pays, « il fait partie de ces personnalités conçues dans un bois précieux, qui ne pouvait laisser personne indifférent. » à indiqué l’honorable Faustin Boukoubi. Avant de poursuivre, « Haut dignitaire du Parti Démocratique Gabonais, dont il est un des membres fondateurs, Grand commis de l’Etat, ancien membre du Gouvernement de la République, Dr. Marcel Eloi Rahandi Chambrier fut de tous les combats. » 

Voici l’intégralité de l’éloge funèbre prononcé par le président de l’Assemblée nationale, l’honorable Faustin Boukoubi.

Excellences, distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Chers Parents, chers frères et sœurs,

Il est des devoirs tellement désagréables dans la vie que l’on aurait préféré ne pas accomplir, mais auxquels les circonstances nous astreignent malheureusement à faire face.

Alors que nous prions à l’unisson pour que cet annus horribilis s’en aille au plus vite avec son lot de malheurs, nous voici à nouveau ici, une fois de trop, dans le deuil depuis ce triste 27 novembre 2020. Face à la fatalité, nos larmes, nos cris et nos supplications ne reçoivent hélas aucun écho.

Ce jour, l’Assemblée nationale, au nom de la Nation toute entière, est réunie pour rendre hommage à une de ses illustres personnalités, mieux encore, un des valeureux fils de notre cher pays, le Docteur Marcel Eloi RAHANDI CHAMBRIER.

Oui, mesdames et messieurs, au-delà de l’affliction individuelle et collective qui nous étreint, au-delà de l’être cher qui vient d’être arraché à l’affection de sa famille, pour nous, députés de la 13e législature de l’Assemblée Nationale, rendre un ultime hommage à Monsieur le Président Marcel Eloi RAHANDI CHAMBRIER est certes un moment douloureux, mais il est aussi un privilège.

Sa vie que je ne saurai résumer, parle d’elle-même, car il fait partie de ces personnalités conçues dans un bois précieux, qui ne pouvait laisser personne indifférent.

Haut dignitaire du Parti Démocratique Gabonais, dont il est un des membres fondateurs, Grand commis de l’Etat, ancien membre du Gouvernement de la République, Dr. Marcel Eloi RAHANDI CHAMBRIER fut de tous les combats. La Conférence nationale, les Accords de Paris…ceux qui savent, relateront l’important et déterminant rôle qu’a joué le Président de l’Assemblée Nationale entre 1993 et 1996, des années de braise, au cours desquelles les tensions et les clivages étaient exacerbés.

A la suite d’un autre brave fils du pays, que vous rejoignez aujourd’hui, le Président Jules Aristides BOURDES-OGOULIGUENDE, auquel je rends également un déférent hommage, vous avez relevé le défi titanesque de présider la 8e législature de notre Institution pour consolider les acquis et ancrer définitivement le Gabon sur le long chemin de la Démocratie. Hier encore vous donniez de votre voix si distincte, pour appeler à la Paix, en toute connaissance de cause, vous qui connaissiez le prix des dissensions sociales.

Monsieur le Président, vous avez certainement étudié Périclès, ce stratège athénien du 5e siècle avant notre ère, qui rappelle que je cite : « Ce n’est pas en acceptant les bons offices d’autrui que nous nous faisons des amis, mais en offrant les nôtres », fin de citation.

Ceux qui ont eu le privilège de s’abreuver à votre science, savent bien que la tradition Bantu, plus précisément Mpongwè, était la source à partir de laquelle vous avez toujours puisé votre sagesse, votre sens de la repartie et du consensus, tout en maniant à merveille les civilisations occidentales.

Cette mixité, cette vaillance, cette profonde culture de la paix vous l’avez également essaimée hors de nos frontières en présidant l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie et en co-présidant l’Assemblée Parlementaire Paritaire des pays d’Afrique-Caraïbes-Pacifique et l’Union européenne. Le Peuple frère d’Afrique du Sud se rappellera la mission d’observation électorale que vous y avez conduite, en 1994, pour l’élection qui consacra la fin de l’apartheid dans ce pays.

Quand les livres parleront de vous, ils ne manqueront pas de rappeler que vous étiez le premier médecin du Gabon et le fondateur du premier établissement hospitalier privé de notre pays, votre autre maison, dans laquelle vous avez voulu passer votre dernier séjour ici-bas.

J’espère qu’ils n’oublieront pas votre patriotisme. J’espère qu’ils n’oublieront pas que vous avez été un président loyal, un chantre de la diplomatie parlementaire et celui qui a contribué résolument à placer notre Institution sur la voie de la modernité.

Monsieur le Président, votre élégance hors pair va nous manquer. Votre franc-parler va nous manquer. Vos sympathiques coups de gueule vont nous manquer. Dans notre chagrin, nous sommes réconfortés de savoir que vous allez rejoindre vos parents, les pères fondateurs de notre Pays et les artisans du renouveau démocratique, car en réalité vous étiez désormais à l’étroit ici.

Auprès d’eux et avec eux, à la droite du créateur auquel vous croyiez, veillez à la consolidation de la paix dans votre cher GABON, à la préservation de l’unité et la concorde nationales, ainsi qu’à la cohésion de votre chère famille.

Allez en paix Monsieur le Président.

Pour beaucoup d’entre nous dans cette enceinte, CHAMBRIER n’était pas que le Président de l’Assemblée Nationale de la 8 ème législature : ceux qui le savent reconnaitraient qu’il était pour moi un père, d’où cette digression.

Cher PAPA, est-ce donc par cette paternelle et encourageante accolade, à la suite de mon élection à la tête de cette institution que tu me disais au revoir ?

Au moment où tu vas rejoindre tes congénères et surtout tes ancêtres, comment ne pas me souvenir de tes encouragements en ce jour historique de ma première rentrée parlementaire lorsque, accroché à mon épaule et d’une voix tonique comme à l’accoutumée, perçant les bruissements de la foule, tu me disais en substance : « vas-y mon fils, tu vas réussir, tu as mon soutien et tu sais que les mânes de mes ancêtres qui gardent cette côte sont avec moi … »

Dors du sommeil du juste, cher Papa.

« Le Juste, disent les saintes écritures, ne meurt pas tout entier, il laisse derrière lui la trace de ses vertus ».

La mixité dont il fut un des chantres, constitue un terreau de l’unité nationale, voire du rapprochement des peuples et donc une vertu.

Honorables Collègues de toutes les législatures confondues, chers concitoyens, chers parents, chers frères et sœurs, maitrisons notre émotion, écartons ces images funèbres pour rendre un ultime hommage à notre emblématique Président.

Aussi, est-ce de cœur avec vous que je lui crie un suprême Adieu.
Adieu, Monsieur le Président.