En dépit du climat délétère qui frappe sa structure, la Poste SA se met à réorganiser son modèle économique. Outre, les nombreuses autres réformes financières engagées pour mettre l’entreprise à flot, elle fonde tous ses espoirs sur la création d’une micro-finance pour enfin pouvoir supporter le poids de la masse salariale de son personnel.

PDG de la poste S. A Michaël Adandé

Prévenue par le SYNAPOSTE depuis le lundi 21 juin 2021 sur l’éventualité d’une grève de 72 heures dès le mercredi 23 juin dernier, laquelle visait à contester la gouvernance du PDG de cette boîte, Michaël Adandé, le collectif des agents de la poste SA a répondu par la présentation d’un manifeste détaillé qui met en lumière les qualités managériales de leur PDG depuis sa prise de fonction en 2015. Pour ces derniers, le PDG a été l’artisan du redressement de cette entreprise au bord du gouffre. Ils ont, à cet effet, présenté plusieurs éléments de preuve susceptibles de l’attester.

Après l’échec cuisant de la grève du SYNAPOSTE à l’approche du paiement des salaires des agents de l’État rémunérés via la poste, place a été laissé au document qui retrace toutes les réformes entreprises par le PDG, Michaël Adandé en trois grands points, en l’occurrence l’évolution du processus de redressement de la Poste SA ; les considérations d’ordre social et les mesures prioritaires indispensables au redressement de la poste SA.

Concernant le premier point, notons que lors de la prise de fonction de la nouvelle direction générale en 2015, la Poste SA était en cessation de paiement occasionnée par le mauvais état de sa gouvernance, de son organisation, de ses ressources humaines, de son infrastructure réseau et Telecom et de ses comptes.

Ces difficultés sont mises en exergue par des filiales créées pour générer des profits, mais qui ont très vite montré leurs limites. Au lieu de générer des fonds à l’entreprise, elles sont devenues des centres de coûts, avec des charges d’exploitation établies à 1,2 milliard de francs CFA par mois, dont 797 millions affectés au titre des salaires du personnel contre des recettes d’à peine 200 millions. En outre, il faut ajouter la dette de 18, 436 milliards de francs CFA qui est due au non reversement «aux différents partenaires sociaux, des sommes collectées dans le cadre des activités de transfert d’argent». Puis, le déséquilibre structurel de la filiale bancaire (PosteBank) qui nécessitait une reconstitution des fonds propres à hauteur de 37 milliards.

Ce n’est qu’à l’arrivée aux commandes de Michaël Adandé en 2015, que ces difficultés ont commencé à être éradiquée progressivement. C’est lui qui a pu redresser la courbe grâce à de fortes reformes, à savoir la réforme organique par la dissolution anticipée de quatre filiales ; le renforcement de la présence de l’État au niveau des organes délibérants ; réforme des activités du volet Postal; réforme des activités du volet financier et la remise à neuf des équipements du réseau E-Poste.

S’agissant du second point relatif aux considérations d’ordre social, le soutien de l’État et les efforts internes de la direction générale de la Poste SA ont été décisifs. Ainsi, le paiement effectif des salaires à date fixe, le règlement des arriérés de salaires accumulés durant une certaine période et le reversement des cotisations sociales aux Organismes de sécurité sociale, notamment la CNSS, la CNAMGS et la CPFF, ont été effectifs grâce aux résultats obtenus du soutien de l’État et des efforts de la Poste SA.

Toutefois, le paiement des bonifications sectorielles spéciales des exercices 2015, 2016 et 2017 a longtemps été une épine sous le pied de la Poste SA. Il a créé des tensions entre les partenaires sociaux et la direction générale.

Pourtant, dès la prise de fonction du nouveau PDG, l’État après avoir constaté que le Groupe la Poste n’était plus en capacité de payer les salaires de son personnel, va s’engager à assurer la prise en charges desdits salaires. Il va également inviter le PDG à travailler pour la réduction de la masse salariale. Elle est donc passée de 797 millions à 590 millions de francs CFA.

La perturbation du climat social occasionnée par le non-paiement de cette bonification va conduire à une médiation sous la présidence du ministre d’État, ministre en charge de la Poste.

S’appuyant « sur le principe, les ministères parties prenantes (Poste, économie, fonction publique et travail) vont rejeter le maintien de la bonification sectorielle spéciale pour une entreprise en difficulté financière et dont les salaires sont pris en charge par l’État, qui, lui-même, ne verse aucune prime de cette nature aux agents publics.», précise le manifeste. Malgré les mesures arrêtées, les partenaires sociaux vont injustement continuer à revendiquer «le versement de cette gratification» pour la période allant de 2015 à 2020.

Pour le dossier des mesures prioritaires, la direction de la Poste SA a effectivement initié des actions prioritaires, dont la réalisation nécessite l’implication de tous les acteurs, notamment la confirmation de la garantie de l’État sur les avoirs des épargnants ; la mise en place d’une structure de defaisance ; la mise en œuvre du plan social ; l’annulation de la vente des biens immobiliers de la Poste SA à Port-gentil acquis par la CNSS et la CNAMGS ; la recherche des ressources financières et l’obtention de l’agrément COBAC au profit de Post-Finance S.A.

La dernière mesure prioritaire citée dans le cadre des mesures indispensables au redressement de la Poste SA, est incontestablement celle qui fait l’objet de toutes les attentions de la direction générale. D’après le chargé de la communication de cette entreprise, elle contribuera fortement à la sortie de tunnel de leur structure. Il s’agit d’une micro-finance qui pourrait prendre forme en 2022.

D’après ce dernier, Michaël Adandé compterait sur la création de cette micro-finance pour définitivement faire un pas de géant, d’autant qu’elle permettra à la Poste de «générer ses propres fonds» afin de payer les salaires de son personnel.

La commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) est désormais la dernière étape à franchir dans la réalisation de ce projet. Cette structure financière qui régule les banques de l’Afrique centrale, siège deux fois par an, et sa prochaine session se tiendra en Août 2021. Ainsi, le dossier de Michaël Adandé est prêt pour être transmis au ministère de l’économie, lequel se chargera de défendre les intérêts de la Poste pendant la session.

AYMARD