1. La cour constitutionnelle du Gabon décide de la fin d’une caricature…
Si on posait la question à certains gabonais, abonnés aux petites phrases assassines ou aux caricatures ridicules, la Tour de Pise, c’est quoi? Aucun d’eux ne saura répondre que (1) c’est le Campanile de la cathédrale Notre Dame de l’Assomption de la ville de Pise en Italie. (2) Sa construction a débuté en 1173. (3) Que la Tour de Pise est comme la Tour Perret d’Amiens sont des monuments historiques inscrits au patrimoine de l’UNESCO. (4) C’est un des symboles de l’Italie.

(5) La particularité de cette tour construite sur une plaine alluviale est son inclinaison vers le Sud qui est apparue durant sa construction. Deux hypothèses s’affrontent pour justifier cet état de fait. Pour les uns, cette inclinaison serait due à un défaut de fondation. Quand pour les autres, c’est dû à un affaiblissement de terrain, plus précisément d’une roche: la marne.
Donc, lorsqu’André Mba Obame utilise cette caricature pour décrire les décisions de la cour constitutionnelle ou l’institution elle-même avec qui il avait toujours travaillé en étroite collaboration ou en bonne intelligence, en tant que thuriféraire ou cerbère du régime en place, nul ne peut comprendre sa volonté de nuire ou de salir gratuitement.

Lire ou définir la cour constitutionnelle à géométrie variable est la preuve du caractère vicieux et malicieux de certains acteurs politiques. Comme le dirait le sage, la mort d’un homme n’est que le reflet de sa vie.

Plusieurs candidats de l’opposition ont souvent gagné des élections au Gabon. N’est-ce pas la même cour constitutionnelle caricaturée qui les proclame élus ou vainqueurs? Lorsque la cour constitutionnelle, pour faire respecter l’article 83 de la Constitution, dissout l’assemblée nationale, majoritairement acquise à des élus du PDG, n’est-ce pas la même cour constitutionnelle accusée à tort de toujours pencher du même côté? Comme si pour la Tour de Pise d’Italie, il était possible de changer d’inclinaison.
Lorsque la haute juridiction annule, arguments de droit à l’appui, des arrêtés venus de Mars et rendus publics par le gouvernement d’Édith Cresson du Gabon, n’est-ce pas la même cour constitutionnelle? Penche t-elle toujours du même côté? C’est la preuve du ridicule de cette caricature qui demeure l’argument facile mais léger des mauvais perdants .

En annulant l’arrêté 559/PM qui péchait par la forme, et l’arrêté 685/PM qui dans le fond violait certaines dispositions constitutionnelles, la haute juridiction a fait la démonstration que seul l’argument de la preuve ou de son bien-fondé en droit était recevable et valable. Toutes formes de mystification, d’intimidation, d’arrogance, de défiance ou de jérémiade n’ont pas de place lorsqu’il s’agit de faire respecter le droit, la loi ou l’ordre constitutionnel.
Aussi, bien malin qui, après une telle décision oserait encore caricaturer la cour constitutionnelle du Gabon en la traitant de Tour de Pise. Les acteurs du copil citoyen ont servi à la cour constitutionnelle des arguments de taille qui ont justifié et légitimé les conclusions de sa décision. Il n’y a donc pas de secrets pour convaincre les juges constitutionnels et gagner « Son procès ».

Si le copil citoyen se réjouit du fait que la haute juridiction ait rendu au peuple gabonais sa fierté, sa dignité et sa liberté, menacées et confisquées par un gouvernement totalement démystifié et incompétent, incapable de dire non à la bêtise, il faut également reconnaître que c’est grâce à sa saisine que le peuple souverain a assisté à la déchéance d’une caricature qui ne correspondait en rien à l’être de la haute juridiction, ni dans sa forme, ni dans son fonctionnement.
Après une telle prouesse constitutionnelle, on a juste envie de demander: à quand la fin de l’imposture au sommet de l’État? La république des émotions doit cesser d’exercer ou d’influencer la marche du peuple gabonais. Nos pères ou nos prédécesseurs nous regardent. Ils observent, outre tombe, cette capacité pathétique de ce qu’on appelle « Hommes » ou « Parlementaires «  à s’aplatir comme de vieilles paires de babouches devant toute forme d’imposture. Quelle honte.

Par Télesphore Obame Ngomo