La Journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de célébrer ce travail crucial. Surtout avec en mémoire le 30e anniversaire de la Déclaration de Windhoek, dans laquelle un groupe de journalistes africains a établi les principes fondamentaux de la liberté de la presse. La liberté de la presse, un sujet immense, et en parler est passionnant. La plupart d’entre nous, parlant de liberté de la presse, allons à plusieurs dimensions…

Au chapitre des récriminations au Gabon, « l’urgence de sauver la presse privée pour sa survie est signalé », tel est le vœu des pratiquants de ce métier noble. Ce vœu a été évoqué jeudi 07 juillet dernier à l’occasion de la célébration en différé de la journée mondiale de la liberté de la presse. Vœu qui, malgré le cepticisme de nombreux journalistes trouvera certainement des pistes de solutions, lessentiel à retenir de ce plaidoyer formulé à l’égard des plus hautes autorités de la République.

Instaurée par l’UNESCO en 1992, pour sensibiliser les États sur l’importance de promouvoir la liberté de la presse et ainsi consolider la diversité des informations et des opinions, gage de la vitalité de l’expression démocratique, cette journée est une interpellation pour chaque journaliste et surtout pour les gouvernements, sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Souvent des journalistes, des militants, des figures de l’opposition, des critiques et d’autres personnes exerçant leur droit à la liberté d’expression – s’est avérée conduire à des détentions arbitraires, parfois à la torture et éventuellement à des exécutions extrajudiciaires.

Il importe de souligner qu’au dernier classement mondial de la Liberté de la Presse, effectué par l’ONG Reporters Sans Frontières, le Gabon occupe la 105è place sur 180, en progression de 12 places par rapport à 2021. Toute chose qui conforte l’engagement du Chef de l’État, SE Ali Bongo Ondimba pour qui : « La liberté de la presse est un engagement, mais surtout une priorité. »

Historique et objectifs

Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet:

de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.

Une presse libre, non censurée et indépendante est la pierre angulaire des sociétés démocratiques. Elle peut fournir des informations vitales en temps de crise, appuyer la participation du public et contribuer à garantir l’établissement des responsabilités et le respect des droits de l’homme.

Qu’elle liberté pour une presse et des journalistes independents à bien des égards ?

Nous y reviendrons dans une analyse appuyée et concrète!

Ci-dessous le plaidoyer de la presse privée gabonaise à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Monsieur le ministre de la communication, Messieurs les présidents d’institutions, Messieurs les représentants du corps diplomatique, Messieurs les représentants des organisations patronales des journalistes, Chers collègues, distingués invités, Mesdames et Messieurs,

Il est de tradition que chaque année, nous célébrions la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Il s’agit, en effet, d’un événement commémoratif, plein de sens et qui nous rappelle sans cesse, le parcours oh combien difficile, de notre mouvement vers la liberté.

Alors que nous actons cette énième célébration, le devoir nous impose de faire le point.

Oui, à mesure que nous avançons vers les voies de la raison, il convient toujours de nous rassurer de ce que les bases si difficilement établies sont jalousement préservées, et de ce que les mutations essentielles souhaitées, sont observables.

La liberté de la presse a fait son chemin, même si dans certaines régions du monde, des améliorations doivent être faites.
Au Gabon, des progrès sont visibles. Avec 12 points gagnés dans le classement 2022, il est évident que nous avons fait un bond non négligeable. La liberté de la presse, tout comme l’État de droit, sont des faits qui ne peuvent être récusés.

Mesdames et messieurs

La thématique retenue pour cette année : « le journalisme sous l’emprise du numérique », illustre bien le nouvel environnement auquel la presse, de façon globale, fait face, mais aussi et surtout les nombreux défis auxquels elle est exposée.

Le journalisme est aujourd’hui à la croisée des chemins et des réformes profondes, structurelles s’imposent à notre environnement. Les méthodes de collecte, d’analyse et de diffusion de l’information sont, même si facilitées, devenues très exigeantes. Elles requièrent des équipements particuliers, souvent de haut niveau, qui nécessitent un investissement non négligeable.

Le numérique a tout transformé. Il a tout bouleversé.

La viabilité des entreprises de presse est aujourd’hui durement éprouvée par ces mutations. Pour relever les nombreux défis, devenus peu à peu des exigences, des soutiens s’imposent désormais avec force.

La subvention allouée à la presse aurait pu contribuer à limiter la casse. Mais son amaigrissement, observé ces dernières années, constitue une réelle préoccupation.

Le marché publicitaire est quasi inexistant. Les entreprises ne passent des contrats qu’avec les médias d’État. À ce titre, je souhaite de façon solennelle louer les efforts de deux grandes entreprises qui font l’exception. Il s’agit du groupe Gabon Spécial economic zone (GSEZ), et de la Société d’exploitation du transgabonais (SETRAG), filiale de la Compagnie Minière de l’Ogooué (COMILOG), qui ont très tôt compris que la presse privée est une composante essentielle par laquelle la République se construit, et qu’il y a nécessité de la soutenir.

Aujourd’hui, il y a nécessité de restructurer la presse privée gabonaise à travers une sorte de plan Marshall, qui consisterait à accorder aux médias privés des lignes de crédit dans les institutions financières de référence.

Mesdames et messieurs,

Il y a aujourd’hui urgence de sauver la presse privée et ce discours, dont j’ai l’honneur de prononcer, est un plaidoyer formulé à l’égard des plus hautes autorités de la République.

La presse privée gabonaise est déficitaire. L’épanouissement du marché du numérique est tel que de nombreux tabloïds cumulent des invendus. Les dépôts de bilans foisonnent. Les plus tenaces, durement éprouvés du fait de la crise covidienne, ont atteint leurs limites.

Il est aujourd’hui impérieux de développer des projets incitatifs pour voir ce secteur s’améliorer, et continuer d’assurer ses missions régaliennes.

Si le président de la République Ali Bongo Ondimba a réussi le pari au plan judiciaire, ce en actant la dépénalisation des délits de presse dans la loi portant code de la Communication promulguée en 2016, ce qui est une grande avancée pour nous autres journalistes, nous pensons aussi qu’il peut en gagner un autre: celui de la viabilité des médias privés, désormais à bout de souffle.

Les technologies numériques ont drastiquement révolutionné notre secteur. C’est pourquoi nous pensons que de nouveaux modèles économiques, plus efficaces et adaptés, sont nécessaires. Leur effectivité n’incombe pas qu’à la presse privée seule, mais aussi et surtout à l’État, qui doit en créer le cadre et permettre des facilitations.

L’ère du numérique offre des potentialités immenses. Elle impose de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de travail. Elle exacerbe la compétitivité. Elle exige la qualité.
Pour relever ces défis, la presse privée a besoin aussi bien de moyens, que d’assurances.

C’est pourquoi, à l’occasion de cette énième édition, j’invite les principaux représentants des regroupements de presse, à une unité de réflexion et d’action. Les grandes banques à aider le secteur à conserver sa dignité.

Les entreprises, quelqu’elles soient, à suivre l’exemple de GSEZ et SETRAG.

Et les plus hautes autorités à accompagner la presse privée gabonaise dans son processus de développement.

Je vous remercie

Stive Roméo Makanga , président du Comité de pilotage