L’islam est une culture née hors du continent africain, mais peut-être une source d’inspiration, voir un modèle d’intégration dans l’espace CEEAC. Mais aujourd’hui, nul ne peut douter du caractère résilient des Etats afrocentraliens à s’adapter à la culture islamique. Il n’est pas question d’islamiser le peuple Afrocentralien, mais plutôt intégrer les éléments de la culture islamique dans le processus de construction de notre sous-région. En effet, nonobstant les similitudes des peuples afrocentraliens, l’intégration de l’islam reste problématique.

Cette difficile intégration de la culture islamique en zone CEEAC, contrairement à la CEDEAO, peut-être un obstacle à la construction de l’identité communautaire. On peut aujourd’hui de ce fait se demander si la religion islamique ne serait pas en phase avec l’intégration voulu par les pairs fondateurs dans la mesure ou la fusion de cette culture religieuse aux religions endogènes et même importées tant à être une source de problème.
Dans l’article 58 du traité révisé de la CEEAC, l’intégration se définie comme modèle de l’épanouissement des peuples afrocentraliens. Les conférences de Chefs d’Etat ainsi que plusieurs initiatives en la matière sont déjà très visibles dans la politique impulsée par la CEEAC. Il suffit de regarder l’économie sur les questions de paix et sécurité notamment avec le Mécanisme COPAX ; les questions environnementales ; les questions relatives au changement climatique et celles liées à l’économie verte pour comprendre que la CEEAC est opérationnelle.

Si nous prenons les propos de M.C Ngningone Ateme en parlant de la prévention, l’historienne dit ceci : « Nous ne pouvons pas parler des questions environnementales, de libre circulation sans mettre en avant la question relative à la paix et à la sécurité. Car sans ces deux notions, la communauté est déstructurée ». En effet, cet exemple vient montrer que la CEEAC doit fédérer mentalement les peuples de sa communauté. La peur de l’Afrocentralien qui s’y est installée demeure une préoccupation. Des expressions telles que « tout sauf un équato guinéen » ; « espèce de Camerounais » ; « le gabonais est faible », etc. sont des facteurs à l’origine des conflits. Le 31 octobre 2022, les autorités équato-guinéennes avaient fermé leurs frontières et lancé une vaste opération d’expulsion des étrangers en situation irrégulière. 52 camerounais en situation irrégulières sont rentrés au Cameroun de peur de subir des actes ignobles. Ces différentes attitudes qui sont des facteurs de peur et donc de résilience viennent remettre en cause l’identité Afrocentralien.

Au départ, nous avons relevé que certains éléments de l’islam peuvent fédérer avec la culture afrocentralienne et même celle importée. La capacité d’aller au-delà des frontières est intégrée dans la culture islamique. Les adeptes de cette religion appelés musulmans sont partout dans le monde. L’islam nous rappelle que nous sommes issus d’une même source, « Ô homme nous vous avons crée d’un mal et d’une femelle» ( 49 :13), poursuivant dans le même sens, il nous interdit de nous diviser tout en nous rappelant ceci : « Rappelez-vous la grâce de Dieu envers vous. Lorsque vous étiez ennemis, il a rallié vos cœurs. Puis, par son bienfait, vous êtes devenu frère » (3 :103). A travers ces deux versets nous comprenons que l’Afrocentraphobie n’a pas lieu d’être, mais par contre, il doit laisser la place à un sentiment d’appartenance au peuple de la région d’Afrique centrale. Par ce rappelle coranique, le message unificateur, intégrateur doit être indéniablement dans tous les domaines, que ce soit sur le plan politique, social et économique etc.

L’Afrocentralien doit se mettre dans son esprit que l’autre n’est pas l’ennemi ni l’adversaire, mais son frère Afrocentralien.
L’islam nous montre que ce n’est ni le lien de sang, de clan, d’ethnie ou de nationalité qui devrait nous caractériser, mais plutôt la fierté d’appartenir à cette région. La notion d’égalité, de solidarité et de fraternité entre Afrocentraliens doit être le leitmotiv afin d’avoir un sentiment qui doit nous conduire non pas au rejet de l’autre mais à l’instauration d’une véritable société centralienne, tout en lui donnant la plénitude de sa dignité.
L’islam nous montre que malgré les clivages qui puissent exister entre musulmans, ils se retrouvent tous pendant la période du Hadj , le mois béni de Ramadan. De fait, l’école islamique enseigne que l’Afrocentralien doit s’investir comme nous le dit la tradition prophétique qu’il faut travailler pour la région comme si demain nous appartenait.

BIGNOUMBA MBOUZEL AhmedDiplômé en Histoire des Relations internationales/Chercheur au Centre d’études en Relations internationales (CERI) et au Groupe d’Experts en Relations internationales de l’Afrique central (GERIAC). Expert de la question islamique en Afrique centrale et dans le Monde Arabe

BIGNOUMBA MBOUZEL Ahmed
Diplômé en Histoire des Relations internationales/Chercheur au Centre d’études en Relations internationales (CERI) et au Groupe d’Experts en Relations internationales de l’Afrique central (GERIAC). Expert de la question islamique en Afrique centrale et dans le Monde Arabe